"On n'avait pas prévu ça!", avoue-t-on dépité dans les rangs socialistes, après une claque électorale venue de la Gauche. Avec 1867 voix de plus que le PS, c'est la liste du candidat écologiste qui pointe en tête au soir du premier tour. La liste UMP et la liste FN se maintiennent également.
La surprise électorale "verte" est tombée tard, mais au fil du dépouillement, des visages s'ouvraient alors que d'autres se fermaient. 900 voix d'avance pour EELV sur le PS alors qu'un peu plus de 70% des bulletins étaient dépouillés, puis 1300, puis 1867. Un monde s'effondrait alors autour de Jérôme Safar, celui que Michel Destot a naturellement désigné comme dauphin. Une vague de joie réveillait au contraire le QG des Verts. Doubler un frère ennemi, -car l'ambiance est ainsi à Grenoble-, "c'est jubilatoire!", justifie une militante d'Eric Piolle, "d'autant que les sondages n'ont pas vu ça".
Avec 29,41% des suffrages exprimés, Piolle se la joue grand prince dans la foulée des résultats, ouvrant grand les bras pour "créer une nouvelle majorité de gauche à Grenoble et lutter contre les conservatismes". Le candidat explique aussi qu'il devra aller à la pêche aux abstentionnistes entre les deux tours, 52,4%, seulement, des Grenoblois étant passés dans l'isoloir au premier tour.
Face à lui, on ne comprend pas. "Nous allons analyser les résultats bureau par bureau", explique Jérôme Safar quand on lui arrache un commentaire, "je discuterai ensuite avec mes colistiers et les partenaires mais rien ne pourra se faire sans engagements autour des questions ferroviaires et routières cruciales à Grenoble." Sous-entendu, la fusion est possible mais elle demandera des efforts surhumains à EELV, ce que le PS n'est pas en mesure de demander avec 25,31% des voix!
Tout cela dans un contexte tendu entre les deux listes, cela s'est senti pendant la campagne. Lors des débats, les deux qui s'accrochaient étaient souvent les deux à la gauche de l'échiquier.
Reportage de Joëlle Cerroni et Franck Cerroni
A droite, le résultat de l'UMP est conforme aux sondages, à la virgule près. Après une campagne chaotique, où Matthieu Chamussy a dû lutter contre son propre camp, l'UMP empoche 20,86% des suffrages suivi du FN dirigée par Mireille d'Ornano qui décroche 12,56% des suffrages. Ce qui fait quatre listes qualifiées pour le second tour.
Réaction de Matthieu Chamussy, UMP
Réaction de Mireille d'Ornano, FN
Le MoDem Philippe de Longevialle est, lui, battu, avec seulement 4,51% des voix. En 2008, il s'était associé au PS. S'il appelle aujourd'hui ses troupes à voter Safar, sur le papier cela fera basculer le suffrage en faveur des socialistes, mais d'une très courte tête.
Reste le Divers Droite Denis Bonzy qui présentait une liste 100% société civile, il sort du scrutin loin de ses espoirs avec 3,53% des suffrages.
Lahcen Benmaza, officiellement sans étiquette mais qui penche sûrement à gauche, totalise, lui, 1,82 des voix. Dans les derniers jours de la campagne, on l'a vu pressant autour du camp socialiste, il tenait notamment à saluer Manuel Valls lors de sa visite. Appellera-t-il à voter Safar? En période de vache maigre, le candidat socialiste a tout intérêt à grappiller des voix de-ci, de-là.
Catherine Brun de Lutte Ouvrière a de son côté enregistré 1,19% des voix et le Parti Ouvrier Indépendant de Maurice Colliat 0,81%. Des "poussières" qui vaudront de l'or pour les candidats de la gauche si les deux se maintiennent, ce qui sera sûrement le cas tant leurs relations s'apparentent à "je t'aime moi non plus". À moins que Paris ne siffle la fin de la partie.
Les résultats de 2008
Michel DESTOT (PS) : 48,01% (élu au 2nd tour)Fabien DE SANS NICOLAS (UMP) : 29,5%
Maryvonne BOILEAU (VERTS) : 22,49%