Le réveil de la sonde Rosetta suivi par l'Institut de Planétologie et d'Astrophysique de Grenoble

Après 31 mois d'un profond sommeil, Rosetta se réveille, ce lundi 20 janvier, pour se préparer au rendez-vous de sa vie. Il ne s'agit pas d'une princesse de conte de fées mais d'une sonde spatiale lancée pour arracher ses secrets à une comète. A Grenoble, on attendait ce réveil avec impatience. 

Avec Rosetta, l'agence spatiale européenne (ESA) cherche à percer l'évolution du système solaire depuis sa naissance, grâce à l'analyse de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, qu'elle doit rencontrer cet été, avant de faire un bout de chemin dans l'espace avec elle, jusqu'à la fin de l'année 2015. Lancée en 2004, la sonde était éteinte depuis 2011. Aujourd'hui, elle reprend du service.

Cette mission d'"archéologie spatiale" doit son nom à la pierre de Rosette (le fragment de stèle portant un même texte en trois langues différentes) qui avait permis à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes égyptiens au début du XIXe siècle. Cet été, Rosetta ne sera plus qu'à une centaine de kilomètres de la comète et commencera à étudier, sous toutes les coutures, cette boule de glace de 4 km de diamètre, à la recherche notamment d'un lieu d'atterrissage propice pour son module Philae. 

Des scientifiques grenoblois impliqués


Les scientifiques de l'Institut de Planétologie et d'Astrophysique à l'observatoire de Grenoble (IPAG-OSUG : Université Joseph Fourier/CNRS) sont impliqués dans cette mission, à la fois à travers le développement d'instruments à son bord et dans l'exploitation scientifique des données collectées. Le sondeur radar CONSERT, composé d'un émetteur à bord de l'atterrisseur et d'un récepteur embarqué sur la sonde Rosetta a été construit par l'IPAG qui a également contribué au développement de l'instrument VIRTIS qui procédera à des observations de spectro-imagerie sur la comète.

Reportage Xavier Schmitt et Didier Albrand

Les comètes "témoins" du système solaire


"Les comètes sont des 'capsules témoins' de la naissance du système solaire", résume Mark McCaughrean, un des responsables de l'exploration spatiale à l'ESA. "Ouvrir ces capsules en regardant les gaz, la poussière et surtout la glace qui les composent, c'est obtenir des indices formidables sur l'origine de notre système solaire et peut-être même de la vie, puisque les comètes contiennent des molécules organiques".

Pourquoi 67P/TG et pas une des autres innombrables comètes proches de nous? Parce qu'elle a vécu des milliards d'années dans l'espace profond, jusqu'à ce qu'un passage près de Jupiter modifie radicalement son orbite en 1959. Autrement dit, la comète n'a quasiment pas été dégradée par les rayons du Soleil et son témoignage sur l'Univers promet d'être particulièrement lisible.

La sonde et son petit module Philae, qui doit se poser sur la comète en novembre 2014, sont dotés au total de 21 instruments: "On veut tout savoir sur la comète, son champ magnétique, sa composition, sa gravité, sa température, tout!", lance Amalia Ercoli-Finzi, responsable d'une des nombreuses expériences figurant au programme.

Un si long voyage...


Avant d'y parvenir, le chemin aura été long: quelque 7 milliards de kilomètres, depuis le lancement de la sonde en mars 2004! "On a dû faire cinq fois le tour du Soleil sur différentes orbites pour gagner de la vitesse" en profitant de la gravité de la Terre ou de Mars, explique le chef de la mission Rosetta, Paolo Ferri. "Notre boulot, c'est d'amener les scientifiques et leurs instruments jusqu'à la cible et ça n'a pas été facile". "La dernière orbite autour du Soleil a duré plusieurs années, mais tellement loin de lui que même nos grands panneaux solaires et notre technologie ne suffisaient pas à garder l'engin actif. Nous avons dû éteindre la plupart de ses systèmes en juin 2011 et le laisser dormir", sans aucun signal de sa part depuis lors.

Réveillée à 11 heures (10h00 GMT)


Pour être sûre de ne pas manquer le rendez-vous avec 67P/TG, Rosetta a réglé son réveil à 11 heures, heure française. Mais il faudra encore attendre un peu pour que ce programme automatique mette fin à ses deux ans et demi de silence absolu. La belle endormie commencera en effet par s'étirer durant six heures, pour déployer ses deux immenses panneaux solaires (14 mètres de long chacun) et rassembler suffisamment d'énergie. La sonde pourra alors activer progressivement ses instruments pour déterminer sa position exacte dans l'espace puis braquer sa grosse antenne vers la Terre. C'est alors seulement qu'elle enverra son premier signe de vie aux scientifiques, à quelque 800 millions de km de là. "Mais le signal, même en voyageant à la vitesse de la lumière, mettra 45 minutes à nous atteindre", explique les spécialistes.
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