À Courzieu, dans le Rhône, 30 000 tonnes de granit sont extraites et concassées. Les granulats poursuivent ensuite leur chemin par péniche. Une quinzaine de bateaux naviguent sur le Rhône au lieu de transiter par 1 000 camions sur l'autoroute A6.
Depuis un mois, se déroule un ballet de machines dans la carrière de Courzieu. Quelque 30 000 tonnes de roche magmatique sont extraites et concassées pour la réfection d'un tronçon d'autoroute à 300 km de là. Du granit et de l'amphibole, deux minéraux réduits en granulat aux qualités exceptionnelles.
Francis Bahu, le directeur d'exploitation du Groupe Bonnefoy explique pourquoi c'est cette roche qui a été choisie. "Cette roche a des caractéristiques très intéressantes car elle permet d'appliquer via du bitume, de l'enrobé sur les couches de roulement autoroutières. Il y a l'usure, le frottement lié aux engins, gros camions et pneus, c'est donc un matériau fait exactement pour ce genre d'application."
Transport fluvial plutôt que routier
Pour acheminer ces 30 000 tonnes, il y a encore peu de temps, le "tout camion" se serait imposé naturellement mais l'époque a changé.
Franck Simondan est responsable du développement Travaux publics du Groupe SELI, il est à l'origine de cette alternative. "C'est une proposition que j'ai faite au client, en lui disant - on a une alternative bateau qui est plus intéressante en matière d'écologie et surtout en matière de rapidité de livraison. On a deux mois et demi, trois mois pour livrer 30 000 tonnes, par la route, pendant la période estivale, c'est compliqué de trouver les camions nécessaires."
Un meilleur bilan écologique et économique
L'option fluviale a été retenue, des camions sont bien sûr utilisés pour acheminer la matière jusqu'au port de Lyon, mais ensuite c'est par péniche de 2 200 tonnes que le transport se poursuit jusqu'à Arles. Un transport gagnant-gagnant comme le détaille Florent Dupré, le gérant de la Coopérative CNTSA : "Le bilan écologique en termes de CO2 est bien plus avantageux par le fluvial. Il y a un deuxième coût que l'on oublie, ce sont tous les coûts externes. Là, pour la période juillet août, c'est 1 000 camions de moins sur l'axe Lyon-Sud de la France, aller-retour, donc on peut même parler de 2 000 camions qui ne seront pas sur la route", sans compter les plus de 100 000 litres de gasoil économisés.
Le fleuve a du potentiel, il n'est pas utilisé à 100% de ses capacités. Séverine Michaud, présidente du Groupe Michaud le confirme, le Rhône peut bénéficier d'un report du routier sur le fluvial. "Il y a beaucoup de matériau que l'on pourrait transférer dans de la cale fluviale, des produits en vrac comme des produits en palettes."