Le gouvernement s'est engagé à réserver 1% du plan de relance aux quartiers prioritaires de la politique de la ville. 1 milliard d'euros qu'une centaine d'élus locaux, dont Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, appelaient de leurs voeux dans un courrier adressé au président de la République.
Le gouvernement a assuré lundi que 1% des 100 milliards d'euros du plan de relance serait bien destiné aux quartiers défavorisés lors d'une visioconférence entre des élus et le Premier ministre Jean Castex.
"Nous avons d'ores et déjà pris cet engagement de flécher 1 milliard d'euros directement pour les quartiers politique de la ville à travers plusieurs chantiers: celui de l'insertion et de l'emploi, le secteur associatif, le secteur de l'éducation, tout ce qui est renouvellement urbain, donc la mobilité, les commerces de proximité, l'attractivité du territoire", a déclaré la ministre déléguée chargée de la Ville Nadia Hai. "L'enjeu qui va être le nôtre aujourd'hui", a-t-elle ajouté, est d'"accompagner les collectivités pour solliciter ce plan de relance et qu'il leur parviennent directement dans les territoires". Plusieurs élus présents ont diffusé des photos de cette réunion à distance sur les réseaux sociaux.
Ce matin le collectif des élus de #appel du 14novembre dont des maires de Ville & Banlieue échange avec Jean Castex @prio91350 @GillesLeproust @tfalconnet @HeleneGeoffroy @CatherineArenou pic.twitter.com/UydJzdJ7wG
— Ville & Banlieue (@villeetbanlieue) November 23, 2020
"Il faut renforcer ce qui existe déjà"
Pour Naim Naïli, co-fondateur du collectif Policité, qui promeut l'amélioration des rapports entre police et population, il faut remettre de l'argent dans les centres sociaux. Egalement créateur d'une association d’aide aux habitants, appelée Vaulx ambitions, ce militant de terrain regrette qu' "aujourd'hui on reste sur Vaulx avec les jeunes, on joue aux cartes... faute d'argent, alors qu'on est censés faire des choses différentes de ce qu'ils font chez eux." Il faut selon lui, mettre des moyens sur l'accompagnement à la scolarité et la culture. Après avoir énuméré la liste des priorités qui lui semblent urgentes, il résume ainsi : "en fait il faut mettre l'argent dans ce qui existe déjà!". Du bon sens, mais aussi un appel à ne pas toujours vouloir superposer les plans et les actions en direction des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Naïm Naïli plaide pour un renforcement des dispositifs d'accompagnement notamment des jeunes entreprises. "Il y a plein de bonnes idées ici, mais il redonner confiance" conclut-il. Un état d'urgence sociale
La réunion qui s'est tenue à distance avec le Premier ministre, a réuni une dizaine de maires de toutes étiquettes politiques et fait suite à l'"appel au secours" lancé par une centaine d'élus. Ces derniers dénonçaient "une non assistance à territoires en danger " et des risques de "décrochages républicains". Ils plaidaient donc pour qu'un milliard du plan de relance, appelé "1% solidarité", soit consacrés aux quartier prioritaires et avaient dénoncé un "Etat d’urgence sociale", à travers l'association des maires Ville & Banlieue.
#AppelDu14Novembre@EmmanuelMacron êtes-vous prêt à porter avec nous le 1% solidarité et le #ConseilNationalDesSolutions pour répondre à l’#UrgenceRepublicaine ?@GDelbar @CatherineArenou @prio91350 @FLeturque @GillesLeproust @HeleneGeoffroy @CaVautrin @NatachaBouchart @JarrotMc pic.twitter.com/1KC9TQab0I
— Gilles Leproust (@GillesLeproust) November 18, 2020
Faire arriver les moyens sur le terrain
"On peut être oublié dans de grandes politiques d'ensemble", a expliqué Hélène Geoffroy (PS), maire de Vaulx-en-Velin (Rhône) lors d'une conférence de presse des maires à l'issue de la réunion avec Jean Castex. "Le risque est d'annoncer des montants et finalement, de manière opératoire, qu'ils ne soient pas mis en oeuvre". L'enjeu pour les élus, ont-ils expliqué, est désormais d'"amener les moyens qu'on nous annonce sur le terrain". Une réserve que partage Zaïneb Fraj, habitante du quartier des Noirettes depuis onze ans: "il ne faut pas se contenter d'un effet d'annonce. Il y a des besoins concrets sur le terrain."
"On a mis de l'argent sur la forme mais pas sur le fond"
Infirmière de profession, Zaïneb Fraj pense à la santé, au diabète, à l'obésité des enfants, plus élevée dans les quartiers prioritaires que la moyenne nationale. Mais la première priorité selon elle, c'est d'en finir avec "les belles façades. On a refait de belles médiathèques, de beaux immeubles, mais que se passe-t-il à l'intérieur? On a mis de l'argent sur la forme mais pas sur le fond?" regrette-t-elle.
En écho à l'appel lancé par les élus, de nombreux habitants constatent un appauvrissement des familles vaudaises. A titre d'exemple, sur le marché, les clients sont de plus en plus nombreux à attendre la fin des ventes pour pouvoir faire leurs courses et bénéficier de rabais. A Vaulx-en-Velin, un habitant sur trois vit en dessous du seuil de pauvreté et de nombreux acteurs locaux alertent notamment sur la hausse des demandes d'aides alimentaires.
En Auvergne Rhône Alpes les maires de Roanne, Vénissieux et Vaulx-en-Velin ont signé l'appel du 14 novembre. Tous souhaitaient la mise en place d'un "Conseil national des solutions", doté de 75 millions d'euros. Aucune annonce n'a été faite dans ce sens mais les élus présents à la réunion ce lundi 23 novembre ont d'ores et déjà annoncé la première réunion de ce conseil pour le 14 décembre.