200 personnalités, dont quatre anciens ministres de la Culture, estiment que "la région Auvergne-Rhône-Alpes se déshonore en supprimant la subvention allouée au Théâtre nouvelle génération de Lyon". Une décision prise suite à un coup de gueule de directeur du théâtre. Et qui pose question sur la liberté d'expression.
Elles sont 200 personnalités à trouver cette "mesure brutale et injustifiée". Parmi elles, quatre ex-ministres de la Culture et de grands noms du théâtre. Ils ont choisi de dénoncer, dans une tribune sur le site du journal Le Monde, la décision de la région Auvergne-Rhône-Alpes de retirer sa subvention au Théâtre Nouvelle Génération (TNG) de Lyon.
Coup de gueule et coup de semonce
En effet, le 18 avril dernier, Joris Mathieu critiquait vertement la politique culturelle de Laurent Wauquiez depuis 2022. Il évoque "les dérives autocrates" et prétend que Laurent Wauquiez se livre "à une entreprise délibérée de déstabilisation du fonctionnement d’institutions publiques culturelles". La réaction de la Région ne s'est pas faite attendre. Le 28 avril, Sophie Rotkopf, vice-présidente déléguée à la culture, annonce la suppression intégrale de la subvention de 149.000 euros à ce théâtre.
Accuser le coup
Publiée jeudi soir, cette tribune est signée entre autres par les anciens ministres de la Culture Roselyne Bachelot, Jean-Jacques Aillagon, Aurélie Filipetti et Philippe Douste-Blazy. Figurent aussi parmi les signataires Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil, Tiago Rodrigues, actuel directeur du Festival d'Avignon, ou encore Wajdi Mouawad, directeur du théâtre national La Colline à Paris.
Ils voient dans la décision de la Région "une mesure punitive qui attaque la liberté d'expression d'un représentant syndical" et "un dangereux précédent"."Nous refusons cette volonté d'intimidation, qui vise à affaiblir une maison de création et à faire taire un de nos représentants", poursuivent-ils, appelant à "la mobilisation des autres partenaires publics du TNG".
"Il ne faudrait pas que l'attaque contre le TNG soit l'arbre qui cache la forêt. De nombreux lieux de culture et d'art ont été victimes, en 2022, des mesures brutales de la Région, à travers des coupes budgétaires drastiques et arbitraires. D'autres seront frappés en 2023, ce qui viendra fragiliser encore davantage le milieu culturel et artistique d'Auvergne-Rhône-Alpes", écrivent-ils.
Le coût de la culture
La Région a défendu fin avril sa politique culturelle dite de "rééquilibrage" au profit des "territoires", en privilégiant les festivals, avec "plus de 120 hausses de subventions" en 2023 pour une enveloppe totale d'environ 3,3 millions.
À propos du TNG, le cabinet de Laurent Wauquiez regrette que "le directeur du TNG a souhaité de faire de son théâtre une tribune politique et militante. Nous avons en Auvergne-Rhône-Alpes un écosystème extraordinaire avec de grands théâtres, de grands opéras, également de grands festivals. [...] C'est plus d'une centaine de manifestations qui verront dès ce mois de mai leurs subventions augmenter, à l'instar de l'opéra de Lyon qui va proposer une programmation inédite dans les territoires régionaux."Sur nos questions d'"atteintes à la liberté d'expression" et de "volonté d'intimidation", le cabinet de Laurent Wauquiez n'a pas donné suite.
Les acteurs culturels régionaux sur le coup
Parmi les signataires de la tribune, des représentants de différentes structures culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ils sont issus par exemple du Théâtre des Célestins, du Théâtre National Populaire de Villeurbanne, du Dôme Théâtre d'Albertville, d'Arty Farty, du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape, du Centre Dramatique National de Montluçon et du Théâtre de Givors.