Chaque année, au mois de mars, l’association Règne animal sauve des chevreaux de l'abattoir dans le Nord de la France. Ces animaux de quelques semaines sont ensuite proposés à l'adoption. Pour la première fois, des familles rhônalpines sont recherchées.
700.000. C'est le nombre de chevreaux qui partent à l'abattoir chaque année en France. "C'est horrible", raconte Carine Demaurey, qui a créé l'association Règne Animal. "Ces bébés sont abattus pour que l'on puisse consommer du lait", ajoute-t-elle.
Alors depuis 2019, Carine Demaurey sillonne la France pour sauver les animaux de l'abattoir et leur trouver une famille d'adoption. Elle vise d'habitude les régions où les gens possèdent un peu de terrain, comme la Normandie. Mais dans le Nord de la France, la militante constate qu'au fil des ans, il y a de moins en moins d'adoptants. Elle a donc décidé de taper à la porte des familles de la région Rhône-Alpes.
Avoir un bout de terrain
"Pour l'instant, nous n'avons trouvé que 15 foyers, mais on a encore au moins 250 petits sur le carreau", explique Carine Demaurey. Pour accueillir un petit chevreau chez soi, il faut avoir au moins 1700 m2 de terrain, une clôture de 1,5 m de hauteur. Et surtout, il faut pouvoir en adopter deux, car les chevreaux sont grégaires et s'ennuient vite.
"Il ne faut pas hésiter à leur mettre des petits jeux sur le terrain, elles adorent jouer, grimper, sauter, se rouler sur le dos", conseille-t-elle encore.
Des animaux très sociables
Pour convaincre les familles, Carine Demaurey ne manque pas d'arguments. "Les chèvres s'adaptent à leurs propriétaires, c'est comme avoir un petit chien".
Et elle tient aussi à rassurer : "Les gens pensent que les chèvres sont agitées et défoncent tout, mais pas du tout ! C'est intelligent, curieux, mignon, sensible, ce sont de vrais pots-de-colle. C'est très très sociable"
En revanche, la militante préfère mettre en garde : pas question de prendre un animal sur un coup de tête ou uniquement pour entretenir le terrain. "Les chèvres ont besoin qu'on passe les voir et qu'on s'en occupent, sinon elles sont malheureuses".
Et puis il avoir du temps disponible au début. Les chevreaux arrivent à deux ou trois semaines, il va donc falloir les garder au chaud et les nourrir au biberon trois à quatre fois par jour pendant trois mois. "Une fois adulte, les bêtes deviennent très autonomes », précise Carine.
"Cela a changé ma vie"
Pour accompagner les familles adoptantes, Carine Demaurey a créé un groupe facebook privé et un groupe whatsapp. On y lit de nombreux témoignages émouvants.
"Ce sont des animaux très agréables et très sociables avec les autres animaux et les êtres humains. Ils adorent être câlinés", témoigne Maria qui a adopté deux chevreaux. "Cela a changé ma vie, sachant que j'ai un cancer, cela m'a donné l'envie de vivre ma vie à fond avec eux. S'il c'était à refaire, je le referai, ce n'est que du bonheur".
Même enthousiasme de la part d'Amandine, qui a adopté ses animaux il y a un an. "Entre deux bibis, ils s'endorment la tête sur nos genoux. Ils jouent en faisant de petits bonds. De vrais amours ! Je ne regrette pas du tout !"
Une prise de conscience
Mais la démarche de Carine a forcément ses limites. "On pourra pas faire ça éternellement, j'aimerais que les gens prennent conscience qu'on tue des bébés pour un verre de lait ou du fromage. On n'a pas besoin de produits laitiers à l'âge adulte, nous sommes les seuls mammifères à continuer d'en prendre toute la vie".
Une réalité bien souvent ignorée des consommateurs. Pour les éleveurs, seuls les femelles sont rentables. Les bébés mâles, en revanche, connaissent un sort différent. Rares sont ceux gardés pour la reproduction, certains peuvent être vendus pour l'engraissement. Mais la grande majorité sont conduits à l'abattoir à deux ou trois jours seulement, après la période de reproduction au mois de mars.
"C'est beaucoup de temps et beaucoup d'énergie. Je fais le maximum, mais c'est compliqué toute seule. Au final on en sauve peu, mais une vie de sauvée, c'est déjà ça"
Le premier convoi pour la région Rhône-Alpes est prévu ce dimanche 18 mars. Pour adopter un animal, il suffit de contacter Carine au 06.17.56.79.65 (privilégier les SMS).