A Limonest (Rhône) une jeune start-up est en train de révolutionner notre façon de télétravailler. Private Discuss est un nouveau logiciel de visioconférence français, entièrement sécurisé, écoresponsable et qui prend en compte le lien social et le bien-être des utilisateurs. Découverte.
Connaissez-vous les spin off ? Cette expression est utilisée dans le domaine de la fiction, pour qualifier, par exemple, une série télé dont l'histoire naît en partant de personnages issus d'une série déjà existante. Dans le monde de l'économie numérique, Private Discuss est un spin off. Une idée qui devient une start-up, née dans le cadre de la société Piman group, et qui est le fruit des réflexions de ses salariés, dont les besoins en communication numérique ont fortement évolué, avec le temps. Piman group, basé à Limonest, et fondé en 2009, est spécialisé dans les conseils et solutions industrielles. Ses clients sont principalement de grands groupes industriels, en quête de process simplifiés. Pour y répondre, Piman group a développé depuis 2017 un "innovativlab" : une équipe de développeurs dédiée au digital pour penser de telles solutions.
Echapper au "zoombombing"
Private Discuss est, au départ, une solution en visio-conférence et télétravail. On en connaît déjà beaucoup, surtout depuis le début de la crise sanitaire. On peut évoquer des logiciels comme Zoom, par exemple, qui sont basés à l'étranger. "On s'est aperçus, en interne, que nous avions un fort besoin de communiquer et de s'échanger des documents de manière confidentielle. Nos développeurs, notamment, devaient s'envoyer des codes et des algorithmes en toute sécurité. Nos équipes dédiées à la cybersécurité nous ont rapidement alertés sur la non-fiabilité de certains de ces logiciels, puisque toutes les données sont stockées notamment aux Etats-Unis." raconte Izabela Ausztol, responsable du marketing et de la communication. Très récemment, en effet, de nombreux événements qualifiés de "zoombombing" ont démontré combien l'utilisation de ces logiciels pouvait être risquée.
Un logiciel à "impacts positifs"
Private Discuss est donc né dans ce but : sécuriser les visioconférences, notamment en utilisant des serveurs basés en France. Le logiciel-maison est commercialisé dès 2018, et le déploiement s'est accéléré en 2020, en pleine crise de coronavirus. Au premier chef, c'est la vie quotidienne de l'entreprise Piman group qui a été impactée par cette crise : habitués à échanger en permanence, les salariés ont très vite dû s'adapter au télétravail. "Au niveau social, le choc a été important pour nos équipes, de devoir garder les distances entre collègues. En réponse, au-delà de la cybersécurité, nos développeurs ont voulu trouver le moyen de maintenir le lien social". Des options "à impact positifs" sont donc ajoutées : "Par exemple, la possibilité d'envoyer des notifications pour rappeler à chacun de faire attention à sa posture devant l'écran durant la journée." explique Izabela "Quand on fait des longues journées de visioconférence, on oublie parfois que notre posture est aussi importante pour notre bien-être... que pour l'entreprise au final". Progressivement, Private Discuss va ainsi intégrer de plus en plus de fonctionnalités liées... au bien-être au travail.
Une salle de café virtuelle
D'autres options sont en cours de développement. "On pense à des espaces de détente pour permettre aux utilisateurs de se relaxer. On est déjà en train de tester des salles de jeux et de méditation." Private Discuss pourra même proposer des services sportifs, à l'image de ceux que l'on trouve sur les réseaux sociaux. Une salle de café virtuelle va également y trouver sa place. "On pourra, à distance, créer une sorte de coffee-shop dans lequel on peut choisir les personnes avec lesquelles on se retrouve à la pause-café et échanger sur tous les sujets, même perso. Comme avant, en présentiel..." détaille Izabela.
Une démarche éco-responsable
La start-up n'oublie pas la dimension éco-responsable. Elle est consciente de la nécessité de développer des logiciels optimisés par rapport à la consommation énergétique. " Dire que l'on dématérialise tout est une bonne chose, mais il ne faut pas oublier que le digital a également un impact sur l'environnement. " L'entreprise a donc fait appel à des serveurs "green" chez OVH, une société qui met à disposition des serveurs en France, et qui veille à limiter les impacts sur la planète. La direction de Private Discuss veut symboliquement aller plus loin : "On souhaite, à terme, que, pour chaque utilisateur, un arbre soit planté. On cherche donc un partenaire avec lequel nous pourrons mener à bien cette action responsable".
Chez Private Discuss, chacun semble convaincu du succès de cet outil, dont les 20 salariés se sont largement emparés. "On parle en ce moment d'un nouveau reconfinement. On est une entreprise très jeune, dynamique, qui organise beaucoup d'événements en interne et on craint, à nouveau, de voir ce lien social supprimé. Donc à chaque fois que nos développeurs nous annoncent une nouvelle fonctionnalité un peu amusante, on se jette dessus", sourit la jeune responsable du marketing. Pour se développer, Private Discuss lance dorénavant une levée de fonds et propose à des entrepreneurs d’entrer au capital de l’entreprise (Private Discuss qui n’était qu’une marque devient une entité juridique), de déployer la solution chez eux et de profiter de leur carnet d’adresses, avec un premier ticket d’entrée à 50.000 euros et le déploiement pour 100 utilisateurs.
Une innovation saluée par les experts mondiaux
Avec déjà 100 000 utilisateurs, la commercialisation de ce nouvel outil créé à Limonest est un succès. L'objectif visé est de l'ordre d'un million d'usagers fin 2021. Le CNRS, par exemple, fait partie de ses clients. Depuis deux ans, la start-up fait également partie des entreprises innovantes sélectionnées par la région Auvergne-Rhône-Alpes pour participer au CES de Las Vegas. Mieux encore, Private Discuss a été sélectionné par la Direction interministérielle du numérique qui a recensé les outils de visioconférence recommandés pour les agents de l’État. Mais elle a encore du chemin à parcourir : malgré les recommandations gouvernementales, les entreprises françaises sont encore très nombreuses à avoir recours à des logiciels étrangers et non-sécurisés.