Fondé en 1780, il est le plus vieux magasin de Lyon. Mais après deux siècles de vie, la vannerie ferme boutique le 30 septembre.
L'artisanat lyonnais perd un de ses membres. L'Homme d'Osier, dernier vannier de Lyon ferme à la fin du mois. La fin d'une boutique emblématique et d'un savoir-faire local.
Jean-Pierre et Marie-Christine Cornu ont repris l'affaire familiale en 1981 après une formation de clerc d'huissier. L'époux Cornu s'adonne à la réparation des articles de vanneries. Son père, qui lui était vannier, possédait l'Homme d'Osier depuis les années 1960.
Aujourd'hui, le couple attend avec impatience sa retraite, "pour pêcher la dorade" admet Jean-Pierre et simplement, pour se reposer dans le sud de la France.
Malgré tout, c'est un crève-cœur de voir fermer un magasin si vieux : plus de 243 ans. C'est en 1780 que l'établissement est fondé et installé au 20 rue Paul Chenavard dans le 1er arrondissement avant de traverser la rue. L'atelier de réparation de Jean-Pierre se trouve toujours dans l'immeuble. Il lui reste quelques meubles à finir de consolider avant de mettre fin à sa carrière.
L'Homme d'Osier a trouvé sa place dans le paysage du quartier et dans les histoires familiales. "Les gens me disent qu'ils ont acheté leur berceau de leur fils ici, d'autres que leur grand-mère venait déjà il y a quarante ans", confie Marie-Christine Cornu.
Artisanat en péril
Quand le couple avait racheté le magasin, des dizaines de vanniers prospéraient dans la région. Peu à peu, ils ont disparu. La difficulté de survivre en étant artisans, le désamour pour les décorations en osier après les années 1980, tout comme l'importation de produits asiatiques bien moins chers, ont participé à la disparition de la profession. "Peu de gens connaissent le métier et peu de vanniers auraient les moyens de reprendre la boutique sur une rue principale comme ici avec des loyers aussi élevés", ajoute Marie-Christine.
Les clients s'attristent de voir le couple partir. Marie-Christine Cornu philosophe : "personne est irremplaçable, Lyon nous oubliera vite".
Depuis quelques années, les fibres végétales (osier et rotin) sont redevenues tendance autant en décoration qu'en accessoires de mode. Si l'osier survit, le métier de fabricant et de réparateur en France reste en danger.
"Il n'y a plus grand monde qui répare dans la région, donc je ne sais pas où les gens iront, mais je ne doute pas que des nouveaux s'installeront", espère Jean-Pierre. Une jeune vannière s'est d'ailleurs installée à Francheville (Rhône).
Le Syndicat national des vanniers recense environ 180 vanniers sur le territoire national dont une grande majorité en Indre-et-Loire. Des chiffres estimatifs puisqu’il est complexe de recenser les vanniers en raison de la diversité des statuts sous lesquels les professionnels exercent (artisan, exploitant agricole, artiste).
Bientôt, des brocanteurs viendront vider l’atelier du 1er arrondissement. La boutique liquide et brade son stock à 50%. Le couple Cornu a trouvé preneur, un artisan culinaire qui peut-être saura mettre en valeur le passé des lieux pour que personne n’oublie L’Homme d’Osier.