Découvrir les mille facettes du bijou, c'est ce que propose une exposition temporaire du musée de l'imprimerie et de la communication graphique de Lyon. Pas de véritables bijoux à admirer mais des ouvrages, des documents imprimés et autres gravures rares. A découvrir jusqu'au 19 février 2023.
Pas de parures ou de pierres précieuses à voir dans cette exposition lyonnaise et pourtant ... le bijou brille partout de mille feux. Au travers de quatre salles, le visiteur découvre une histoire autour des bijoux et de la joaillerie, souvent méconnue. Une exposition qui en met plein la vue avec des pièces rares et méconnues. Geoffray Riondet, gemmologue, spécialiste du bijou ancien et bibliophile a prêté une partie de sa riche collection. Il a accumulé une très vaste collection d’ouvrages, de documents ou encore de gravures. Le Lyonnais propose aujourd’hui, en collaboration avec le musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique, cette exposition intitulée Bijou Bijoux.
Lyon, place forte du bijou
Pourquoi avoir choisi ce lieu pour évoquer les bijoux ? "C'est un véritable écrin pour cette exposition, selon l'expert lyonnais. C'est un lieu approprié. C'est l'Hôtel de la Couronne. A la Renaissance, il y avait les services des douanes chargés de faire appliquer la réglementation sur le titrage de l'or."
Lyon, ville du livre, est aussi une ville particulièrement liée à l'orfèvrerie et à la joaillerie. La ville conserve aujourd'hui encore des ateliers en étage. De nombreux ouvrages concernant le bijou ont d'ailleurs été imprimés dans la capitale des Gaules.
"Lyon a un lien fort avec le bijou et depuis longtemps. A la Renaissance, Lyon concurrençait même la place parisienne. On ne parlait pas à l'époque de bijoutiers mais d'orfèvres. Et depuis, c'est encore une place vivante concernant le bijou qui compte beaucoup d'ateliers, de créateurs, de lapidaires", explique Geoffray Riondet.
Petites histoires inédites et autres pépites
Cette exposition c’est aussi l’occasion de faire des découvertes parfois insolites. On y apprend par exemple que le sous-sol de France recèle de l'argent, mais aussi des gemmes. C'est notamment le cas en Auvergne où le saphir et l'améthyste ont eu leur heure de gloire.
Parmi les autres surprises de l'exposition, on apprend que Lyon n'est pas sans rapport avec la grande histoire de la ruée vers l'or de la fin du 19e siècle. Il existait en effet un Syndicat Lyonnais du Klondike. C'était même l'unique société française à avoir eu une activité à l'époque de la fièvre de l'or dans le Grand Nord. "A l'époque, le Syndicat Lyonnais du Klondike était la plus importante société étrangère en activité".
Cette ruée vers l'or attira près de 100 000 prospecteurs sur le territoire canadien du Yukon. Des Lyonnais avaient édité un livre avec carte à l'adresse des chercheurs d'or. Ce trésor de bibliophile, Geoffray Riondet l'a déniché et acheté aux Etats-Unis. Des actions au porteur de cette société lyonnaise avaient également été émises.
Parmi les autres pépites et petites histoires, les amateurs de bijoux seront surpris d'apprendre qu'à la fin du 19e siècle, les cheveux étaient utilisés pour réaliser des bijoux, que l'essentiel des joyaux de la Couronne de France ont été vendus aux enchères en 1887 comme en attestent deux ouvrages rarissimes provenant d'une collection privée ou encore que la Bible parle de pierres précieuses et fines.
Belles Epoques
L'occasion aussi de découvrir comment styles des bijoux et parures ont évolué en quelques décennies, passant de complexes motifs végétaux et entrelacs, en vogue au tournant du 20e siècle, des formes mises à l'honneur sous l'expression "Art Nouveau" à l'émergence du style Art Déco avec ses formes géométriques. L'exposition fait notamment référence à René Lalique, Mucha ou encore Cloé de Mérode. A ce titre, de nombreuses planches de dessins sont présentées au public, foisonnants "cahiers de tendances" de l'époque destinés aux créateurs.
Autour de la sélection d'ouvrages anciens, une série d'images très contemporaines est également présentée. Force est de constater que le bijou est partout : littérature, cinéma, musique, BD, mode, art et street art ... etc. Mais, c'est aussi la manière de le porter qui a évolué. "Le bijoux parle de nous", résume l'expert et commissaire de l'exposition.
En résonance avec la Biennale d'art contemporain, l'exposition Bijou Bijoux présente aussi plusieurs oeuvres de l'artiste peintre Camille Boileau, en résidence au musée de l'imprimerie et de la communication graphiques en 2021.