Bruno Bonnell, porté par la vague de la "République en marche", remporte l'élection législative dans la 6e circonscription du Rhône. Ce chef d'entreprise conquérant s'est construit une réputation avec les jeux video puis avec la robotique. Portrait d'un visionnaire qui porte la "robolution" à Lyon.
Mais qui est donc celui qui fait mordre la poussière à l'ex-ministre de l'éducation, Najat Vallaud-Belkacem ? Contrairement à beaucoup de ces nouveaux députés de la République en marche élus ce soir, Bruno Bonnell n'est pas vraiment un inconnu.
L'homme, au physique de rugbyman, est un aventurier. Il se fait d'abord un nom dans l'industrie numérique, gràce à internet et aux jeux video, puis dans la robotique. Avant de connaître une notoriété publique en 2015 en participant à une émission de téléréalité diffusée sur M6. On l' y verra endosser le rôle d'un manager qui met à l'épreuve ses futurs collaborateurs en quête d' un job. Mais l'émission sera vite déprogrammée, faute d'audience ...
Bruno Bonnell naît à Alger en 1958. Il y vit jusqu'à l'âge de huit ans avant que sa famille ne s'installe à Villeurbanne. Bac à 16 ans, études d'ingénieur à Lyon , puis maîtrise d'économie appliquée à Paris-Dauphine en 1982. Il fait ses débuts dans une entreprise grenobloise, puis approche l'informatique chez Thomson. Avec son complice, Christophe Sapet, il fonde en 1983 "Infogrames", une petite société d'édition de logiciels récréatifs qui va devenir, à force de rachats d'entreprises, un leader mondial du jeu video.
Le succès est tel qu' Infogrames va rmême reprendre "Hasbro" et la grande marque de jeux "Atari" en 2000. Mais cette politique expansionniste a un coût. Le groupe s'endette fortement (650 millions) et l'explosion de la bulle spéculative contribue à sa perte. Mis en minorité, Bruno Bonnell est forcé de quitter la direction de sa propre entreprise en avril 2007. Le cours de l'action a dévisé de facon vertigineuse fin 2006...
La robotique ,un nouveau défi industriel
L'homme aime innover et se lancer de nouveaux défis. Il discerne dans la robotique un secteur d'avenir où rebondir. En 2006, il fonde "Robopolis". La start-up, implantée à Villeurbanne, est spécialisée dans la distribution de jouets électroniques et de robots domestiques, des aspirateurs autonomes notamment. En 2011, il crée une nouvelle société "Awabot", spécialisée dans "les robots de téléprésence". Des écrans sur roues que l'on peut piloter à distance pour tenir des visioconférences.
Bruno Bonnell crée à Lyon "Innorobo", le premier salon international dédié à la robotique. Il lance un peu plus tard (2013) un fonds d'investissement spécialisé. Aujourd'hui "Robolution capital" est impliqué financièrement dans le projet très avancé de navette autonome lyonnaise "Navya", testée en avant-première à Confluence. Là encore, c'est Bruno Bonnell qui préside le conseil de surveillance.
Personnage influent, Bruno Bonnell joue de son réseau pour obtenir le soutien officiel de l'Etat. Il est nommé chef de projet robotique auprès du ministère de l'économie. Il est aussi président de Syrobo, le syndicat professionnel de la robotique de service. La "robolution" est en marche.
Sur son blog, Bruno Bonnell se qualifie volontiers de "multi-entrepreneur robolutionnaire". Proche du maire de Lyon, actionnaire de l'Olympique Lyonnais, l'homme d'affaires incarne le visionnaire, porteur d'ambitions nouvelles pour Villeurbanne et la métropole de Lyon. Non sans irriter ses détracteurs qui dans cette ville de gauche, voient d'abord en lui l'image d'un industriel au libéralisme conquérant et à l'affairisme décomplexé.