A Lyon, les étudiants en 4e année de médecine sont sollicités par le centre Covid de dépistage de Gerland pour participer aux tests PCR. Après la faculté de Lyon Est, place à celle de Lyon Sud. Une participation qui repose sur le volontariat. Ce qui n'empêche pas certains de s'inquiéter.
Après plusieurs mois d’aide apportée par les externes de la faculté de médecine de Lyon Est, le centre de dépistage de Gerland va faire à présent appel à présent aux étudiants de 4e année de Lyon Sud "pour prendre le relais de cette activité de prélèvements". Un appel aux étudiants en médecine sur la base du volontariat. Le centre de dépistage, installé dans le Palais des Sports de Gerland depuis le 26 septembre 2020, a déjà réalisé plus de 55.000 prélèvements naso-pharyngés sur la population de l'agglomération lyonnaise.
Etudiants pénalisés ?
Mais aujourd'hui quelques voix s'élèvent contre cette participation des étudiants en médecine. "On nous impose d'être présent en semaine mais je suis en stage et en garde de 24 heures pendant le week-end ...!" Pour Charlotte, étudiante à la faculté de médecine de Lyon Sud, en externat, la demande de participation du centre de dépistage Covid de Gerland est une très mauvaise nouvelle. "On ne nous laisse pas le choix", s'alarme la jeune femme. Les quelque 280 étudiants de sa promotion vont bénéficier d'une formation obligatoire, théorique puis pratique, à partir du mercredi 13 janvier.
Cette obligation, va selon ses dires, la pénaliser tant sur le plan de la formation que sur celui de la rémunération. En 4e année de médecine, elle enchaîne des missions pendant la semaine, notamment comme aide-soignante en Ehpad pour financer ses études. A Lyon, les externes de médecine sont rémunérés par les HCL à hauteur de 200 euros mensuels lors de leurs stages. Et 100 euros supplémentaires sont prévus pour les étudiants mobilisés le samedi dans le cadre du centre de dépistage Covid. Le centre installé à Gerland mise sur la mobilisation de 15 à 20 étudiants par semaine sur 8 à 12 semaines.
Pour Charlotte, ce stage obligatoire "n'est pas formateur". Même son de cloche du côté de la représentante des étudiants de Lyon Sud, qui souligne le "manque d'intérêt pédagogique" de cette participation pour des étudiants qui ont déjà été mobilisés depuis le début de la crise sanitaire. Dans un communiqué du 11 janvier, des élus UFR de Lyon Sud et autres représentants d'étudiants s'émeuvent : "la pratique à la chaîne durant une semaine complète de tests PCR ne fait pas partie des rôles du médecin".
"Cette pandémie est une situation exceptionnelle"
Mettre des coton-tiges dans le nez de patients pas assez valorisant selon certains ? Réponse du côté du centre de dépistage de Gerland. Pour le Professeur Laurent, responsable du site, la contribution des étudiants en médecine est essentielle à plusieurs titres. La semaine passée au centre de Gerland présente des intérêts tant sur le plan médical que sur le plan de l'interaction avec les patients. "Une très grande majorité d'étudiants se sentent plus aptes à faire des prélèvements à l'issue de cette semaine au centre de dépistage". En matière de tutorat et d'encadrement, outre la formation théorique et pratique que ces externes reçoivent, "ils sont pris en charge par un biologiste senior durant une matinée". Le professeur souligne enfin l'importance du "positionnement" de ces futurs praticiens par rapport aux différents types de patients, de tous âges et de toutes catégories socio-professionnelles, qu'ils peuvent rencontrer dans ce centre, "des personnes âgées, des adultes et aussi des enfants". Ces médecins de demain ont un rôle à jouer dans la lutte contre la pandémie car "c'est une situation exceptionnelle", ne manque-t-il pas de rappeler. Sans oublier que la contribution des étudiants porte sur cinq journées. Une participation qui compte pour un stage.
Pour Pierre Nanette, élu UFR à la faculté de médecine de Lyon Est, l'appel aux bénévoles s'est d'ailleurs révélé très positif : "on a tenu à faire un sondage auprès des étudiants, avant et après la semaine de dépistage." Résultat : 80% de retours positifs sur les quelque 230 étudiants de 4e année volontaires et impliqués dans cette démarche de dépistage destinée à "casser la chaîne de contamination". Une semaine de stage qui a également convaincu les sceptiques. Et si certains se montrent inquiets face à d'éventuelles sanctions, aucune inquiétude à avoir, rassure l'élu.