Certaines sont parties pour ne plus subir de violences physiques. D'autres ont été mises à la porte par un conjoint jaloux. A Rilleux-la-Pape, 26 mères isolées vont être hébergées par Habitat et Humanisme dans un lieu dédié. De quoi souffler un peu, et pouvoir, enfin, penser à l'avenir.
Derrière les portes des chambres individuelles de la grande bâtisse, on entend désormais babiller les enfants. Habitat et Humanisme a ouvert un centre d'hébergement d'urgence, le 9 janvier à Rilleux-la-Pape, dans la Métropole de Lyon. Un centre dédié, pour mères isolées.
Tu prends ta fille, tes vêtements, tu pars.
A. a été mise à la porte par un conjoint jaloux, quand elle lui a confié qu'elle n'en pouvait plus de ses insultes et commentaires indécents. A partir de là, c'est d'un hôtel à un autre. La journée dans les centres commerciaux ou dans les gares. "Et un jour, j’a appelé le 115 qui m’a orientée ici". Soulagement.
I. est arrivée dans ce nouveau foyer il y a une quinzaine de jours, après avoir quitté un conjoint violent. Elle est partie sans rien, sans même d'habits de rechange : "j'ai pris la poussette, un petit cabas, mes enfants et c'est tout". "Ici, "je me sens en sécurité" dit-elle. "Je préfère rester dans un foyer, plutôt que de vivre dans une maison avec un homme qui se montre violent sous les yeux de mes enfants. Je suis bien là, je vois d’autres mamans qui ont des problèmes, parfois plus que moi, et cela m’encourage pour offrir une vie meilleure à mes enfants".
Enfin, on respire.
Bien installée dans une chambre individuelle, avec douche et toilettes, A. est ravie d'avoir un peu d'intimité, tout en partageant avec d'autres femmes qui ont vécu les mêmes galères. "Parfois on se raconte un peu notre vie. On n'est plus seule, on n’est plus isolée. Et maintenant, on peut commencer à penser à l’avenir. A l’avenir de nos enfants. Se dire qu’il faut trouver un travail, puis un logement."
Accepter que des enfants puissent dormir dans la rue, il y a là quelque chose d'insupportable.
Ne plus supporter que des enfants dorment dans la rue, c'est dans cette perspective que s'inscrit l'ouverture de ce centre d'hébergement pour mères isolées, nous explique le fondateur d'Habitat et Humanisme. Parce que "derrière ce terme de mères isolées, il y a des souffrances cachées. La rue est une violence" affirme Bernard Devert. Avec l'hiver, il était urgent d'agir. Et de proposer une solution d'hébergement d'urgence. "Nous avons repoussé les travaux à l’automne prochain devant l’urgence des situations". "On ne va pas faire les malins, les situations sont tellement nombreuses. On va accueillir ici 26 mamans, soit 50 personnes, il y en a bien d’autres, malheureusement, qui resteront dans la rue".