Le personnel du collège Raoul Dufy dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon a entamé une grève ce mardi 10 septembre. L'établissement est resté fermé. Avec cette mobilisation, les personnels entendent dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, mais aussi l’absence de plusieurs membres de l’équipe éducative.
Actualisation jeudi 12 septembre : une principale adjointe a été nommée et prendra ses fonctions le 16 septembre, ont indiqué les enseignants. "L'inspection académique nous recevra en audience le 19 septembre à 18h00 concernant les groupes de niveaux. Ainsi, nous ajournons notre mouvement de grève jusqu'à l'audience," précisent-ils.
Les élèves du collège Raoul Dufy n'ont pas eu de cours ce mardi 10 septembre et leur établissement est fermé. Ce collège, situé près de la Bourse du travail dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon, accueille 435 élèves. Une semaine après la rentrée des classes, les enseignants et personnels de vie scolaire ont lancé un mouvement de grève reconductible. Manque de professeurs, réforme inapplicable, emploi du temps à trous… La mobilisation est forte. Entre 90 et 100% des enseignants sont grévistes, la cheffe d’établissement a donc décidé de fermer le collège aujourd’hui.
Manque de personnels
Caroline Garcia, professeur d'Histoire-Géographie, co-secrétaire de la CGT Éducation 69, explique ce mouvement de grève. "On est en grève dès cette rentrée scolaire parce qu'on vit une rentrée complètement chaotique et désorganisée dans le collège". Elle pointe "deux problèmes majeurs", à commencer par la pénurie de moyens humains. "Le premier problème, c'est un manque de personnel. Dès la rentrée, il nous manquait trois professeurs, conseillère d'orientation et psychologue. Il nous manquait surtout un principal adjoint. Notre cheffe d'établissement essaie de gérer toute seule tous les impératifs de la rentrée et c'est impossible".
L'élaboration des emplois du temps des collégiens relèverait aussi de l'exploit, comme l'explique l'enseignante. "Les emplois du temps sont refaits tous les deux jours en ce moment. Plus personne n'y comprend rien", déplore Caroline Garcia. À commencer par les collégiens. En cause, des ajustements permanents. "À chaque nouveau professeur nommé, on doit refaire tous les emplois du temps parce qu'il faut faire correspondre l'emploi du temps de l'enseignant nommé avec ses autres contraintes. En général, il partage son service dans d'autres établissements de la métropole", explique-t-elle.
La semaine dernière, le SNES-FSU, principal syndicat enseignant, a dénoncé le manque de professeurs dans le secondaire pour cette rentrée 2024 et pointé du doigt un "bricolage institutionnalisé".
Réforme "inapplicable"
L'autre problème pointé du doigt par l'enseignante et représentante syndicale : "La mise en place des groupes de niveau qu'on ne peut pas faire correctement dans le collège, du moins comme le veut la réforme". Pour les enseignants grévistes, l’organisation des enseignements avec les groupes des classes de 6ᵉ et 5ᵉ n’a aucun sens pédagogique.
On est dans un contexte de rentrée très stressante et anxiogène, à la fois pour les personnels et les élèves.
Caroline GarciaProfesseur d'Histoire-Géographie (collège Dufy - Lyon), co-secrétaire CGT Education 69
"Logistiquement, c'est impossible, ça désorganise tous les enseignements. On a des classes complètement déstructurées, des élèves avec de très grandes amplitudes horaires, entre sept heures et huit heures de cours," déplore Caroline Garcia.
Les enseignants grévistes ont décidé de rejoindre le mouvement national devant l’Inspection académique à la mi-journée. Une intersyndicale a été reçue sans satisfaction.
De son côté, l’inspection académique affirme avancer sur le sujet : "Tous les postes de professeurs manquants sont désormais pourvus ou en passe de l'être. Concernant le poste d'adjoint du collège, une solution est en cours d'identification et sera mise en œuvre dans les meilleurs délais".
Les enseignants du collège Raoul Dufy ont décidé de reconduire la grève ce jeudi afin, disent-ils, de souligner l’urgence de solutions pérennes.