Rentrée 2024 : "Il manque au moins 1 professeur dans 56% des collèges et lycées", comment expliquer cette situation de pénurie

Alors que le gouvernement démissionnaire avait promis un enseignant devant chaque classe, il semblerait que le compte n'y serait pas pour cette rentrée 2024 dans le secondaire. C'est ce que révèle une enquête du syndicat SNES-FSU. L'académie du Rhône ferait figure de mauvais élèves.

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"On sait déjà qu'il n'y aura pas un professeur devant chaque classe à la rentrée. Il n'y aura pas non plus un professeur devant chaque classe tout au long de l'année", avait annoncé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat enseignant, le 29 août dernier.

Une annonce qui sonnait comme une prophétie. Quelques jours seulement après la rentrée, le premier syndicat enseignant du secondaire a enfoncé le clou. Enquête à l'appui. Elle a été menée auprès de 893 établissements à la fin de la première semaine de rentrée et elle pointe du doigt la pénurie d'enseignants dans le secondaire. Il manque "au moins un professeur dans 56% des collèges et lycées", affirme le syndicat enseignant.

La ministre démissionnaire de l'Éducation, Nicole Belloubet l'avait pourtant assuré fin août : "à la réouverture des académies, nous étions tout proches de l'atteinte de nos objectifs de 100% de couverture du besoin en enseignants". Elle avait ensuite assuré le jour de la rentrée qu'il y avait des professeurs devant les classes "dans l'immense majorité des situations". Loin des pourcentages annoncés par le SNES-FSU.

68% des établissements (académie de Lyon)

Et des académies semblent particulièrement souffrir de cette pénurie plus que d'autres. C'est notamment le cas de l'académie de Versailles et l'académie de Lyon. Cette dernière regroupe les départements du Rhône, de l'Ain et de la Loire. Selon le SNES-FSU, au moins un enseignant manque dans 68% des établissements de cette académie.

Et le syndicat fait le détail dans chacun des trois départements concernés. Il manque "au moins un professeur" dans 68,7% des établissements du département de l'Ain. Soit - 1,75 prof en moyenne par établissement.

Dans la Loire, ce sont 56% des collèges qui sont concernés avec un manque de 0,9 professeur en moyenne par établissement. De son côté, le 6 septembre dernier, le SNES-FSU 42 évoquait 74 postes à pourvoir dans le département.

Mais c'est le département du Rhône qui décroche la palme avec 71,4% des établissements qui connaissent un manque d'enseignants. Soir - 1,3 prof en moyenne par établissement.

Les matières en souffrance sont le français, les mathématiques, les langues vivantes, mais aussi la technologie ou l'économie-gestion.

"Bricolage institutionnalisé"

La crise de recrutement des enseignants perdure cette année, avec plus de 3 000 postes non pourvus aux concours enseignants du public et du privé au printemps. "3185 postes n’ont pas trouvé preneurs aux concours 2024 du 1ᵉʳ et du 2d degré, dont 1142 rien que sur les concours externes du 2d degré, soit 14% des postes", s'alarme le syndicat sur son site internet.

"Tout au long de l’été, les petites annonces se sont multipliées sur le site de France Travail, avec une nette accélération à la réouverture des rectorats mi-août. Le ministère de l’Éducation nationale a lancé son propre site de recrutement publiant lui-même des petites annonces. (...) La pénurie, s'aggraverait-elle, à mesure que les jours passent…." s'interroge le syndicat qui évoque 1301 petites annonces pour le 2d degré le 1er septembre et 1646 à la veille de la rentrée.

Des petites annonces qui sont également postées sur Facebook ou sur des listes de diffusion internes et institutionnelles, toujours selon la même source. "L’Éducation nationale est définitivement la plus grande enseigne de bricolage de ce pays !", dénonce le syndicat. Pour ce dernier, le recrutement de professeurs contractuels avancé par le ministère de l'Éducation n'est pas une solution : "Ces recrutements en catastrophe, avec une formation de parfois seulement quelques jours, ne sont pas acceptables (...) et surtout, ils ne permettent en rien de combler les postes vacants et d’assurer les remplacements".

Des recrutements de dernière minute, mais aussi des heures supplémentaires qui alourdissent le quotidien des équipes pédagogiques et détériorent les conditions de travail, comme le souligne, Thomas Gathier ; représentant du SNES-FSU 69.

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Les conséquences sur les équipes pédagogiques : Thomas Gathier; représentant du SNES-FSU 69. 9/9/24 ©France tv

Dans le Rhône, il manquait encore 40 postes en fin de la semaine dernière. Si certains sont comblés en dernière minute par des enseignants contractuels. Quant au rectorat, il conteste ces chiffres : les vacances correspondant à un temps plein ne représenteraient que 0,5% de l’effectif sur toute la France.

Recrutements à la peine

Comment expliquer cette situation de pénurie ? Le SNES-FSU avance un début d'explication. "Les concours n'ont pas fait le plein", déplorait le syndicat le 29 août dernier, par la voix de Sophie Vénétitay, à quatre jours de la rentrée scolaire. Pour le syndicat à l’origine de l’enquête, la situation "montre bien que la crise de recrutement est bien enracinée" et que des "mesures urgentes" s'imposent. "La crise de recrutement est telle que toutes les académies, d’une manière ou d’une autre, sont concernées", assène le syndicat.

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Les explications de Thomas Gathier, représentant SNES-FSU 69 - 9/9/24 ©France Télévisions

Aujourd'hui, les réclamations du syndicat de professeurs portent sur l'abrogation du dispositif "Choc des savoirs". "Le DNB (Diplôme national du Brevet) ne doit pas devenir un examen barrière", a déclaré Sophie Vénétitay. Mais elles portent aussi sur une diminution des effectifs dans les classes, des revalorisations salariales avec une augmentation de 15 % du point d’indice et l'abandon du Pacte enseignant. 

Pour le syndicat, le manque de personnel ne concerne pas uniquement les enseignants, "d'autres catégories de personnels sont concernées" et notamment les AESH et AED. "Notre enquête a ainsi recensé 17 % de collèges et lycées où il manque au moins une AESH. Pour les AED, c’est près de 15% des établissements concernés".

L’Éducation nationale assure être mobilisée pour combler tous les postes rapidement.

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