Depuis plusieurs mois, des élèves du collège de Joyeuse (Ardèche) n'ont plus de cours de maths de façon régulière. La raison ? Un professeur dont les arrêts maladies s'enchaînent et un demi-poste non remplacé. Les parents s'inquiètent, surtout ceux dont les enfants en 3eme vont devoir passer le brevet. En effet, un succès à cette épreuve est désormais une condition impérative au passage en seconde.
Recherche prof de maths désespérément ... rien n'est moins vrai depuis plusieurs mois au collège Vallée de la Baume à Joyeuse, en Ardèche.
En cause : deux postes de mathématiques sur trois sont vacants : un depuis le 4 décembre, l'autre depuis le 4 mars avec des arrêts maladie qui s'enchaînent.
Le hic, c'est que depuis les parents inquiets ne voient rien venir. Il y a bien eu un contractuel qui a assuré quelques cours, mais rien de durable. Selon une parente d'élève jointe au téléphone, ce sont donc des centaines d'heures qui n'ont pas été assurées.
Une manifestation pour obtenir des profs de maths
En désespoir de cause, et après avoir rencontré à de multiples reprises le chef d'établissement, adressé des courriers au rectorat et au ministère, une quinzaine de parents a organisé le 15 mai une manifestation devant le collège avec force pancartes.
Parmi les slogans : "Nos enfants méritent mieux qu'une scolarité en pointillé" ou encore " un professeur devant chaque classe".
Une problématique "identifiée"
Du côté de l'inspection académique de l'Ardèche, on reconnaît avoir "bien identifié la problématique." Mais selon Thierry Aumage, le directeur académique du département, le souci vient d'abord du fait que les arrêts de l'enseignant pour maladie sont "perlés", ce qui ne permet "d'assurer ce remplacement que ponctuellement puisque c'est une absence qui se répète de semaine en semaine".
L'autre raison, c'est que trouver des remplaçants en mathématiques pour enseigner sur un demi-poste ou sur un temps complet mais renouvelé toutes les semaines est une équation à plusieurs inconnues.
Peu de candidats au concours de prof de maths
Selon les syndicats d'enseignants, les maths sont la matière la plus déficitaire en candidats au concours. Et certains d'ajouter qu'à compétence égale, en ce moment, le secteur privé attire bien plus que l'enseignement.
Une thèse confirmée à demi-mot par le directeur académique Thierry Aumage :
Les services du rectorat sont à la recherche d'une personne qui accepterait d'assurer ce remplacement. Donc ce n'est pas du tout un oubli, ce n'est pas non plus une absence de volonté, pas un manque de moyen. C'est vraiment un manque de ressource.
Thierry Aumage, directeur académique de l'Ardèche
Des explications que les parents entendent mais n'acceptent pas. D'autant que des élèves de 3eme sans professeur de mathématiques vont devoir se frotter au brevet en fin d'année. Or, depuis cette année; le succès au brevet est une condition indispensable au passage en seconde. Et avec les lacunes accumulées, certains parents ont dû faire le choix de payer des cours particuliers à leurs enfants.
Du souci en perspective pour les classes de niveau
De surcroît, du côté du syndicat CGT éducation, cette incapacité à trouver des professeurs remplaçants interroge quant à la réalité du fameux "choc des savoirs" voulu par le gouvernement pour la rentrée prochaine avec la constitution de groupes de niveau.
Pour Julie Rabin, secrétaire départementale, "on se demande comment on va pouvoir assurer ces groupes, alors qu'on n’a déjà pas assez de profs à l'heure actuelle".
Et d'ajouter que les pistes avancées par le gouvernement de possibles "ponts" entre les enseignants du 1er degré et du deuxième degré ne vont rien résoudre... puisque le 1er degré connaît les mêmes soucis de recrutement.
En tout cas, du côté de Joyeuse, les parents - qui auraient pu baisser les bras avec la fin d'année qui approche - ont au contraire décidé de mettre la pression. Ils ont d'ailleurs lancé une pétition en ligne à retrouver ici.