Les proches de Christiane Commeau, assassinée en 2004, ont été reçus au pôle national des crimes sériels ou non élucidés du tribunal judiciaire de Nanterre. L'enquête, restée sans réponse depuis plus de 18 ans, est officiellement rouverte. "Joie immense" pour la famille à qui les enquêteurs ont aujourd'hui redonné du courage.
L'enquête avait été close à deux reprises, en 2009 puis en 2015, avant d'être transmise au tout nouveau pôle des "cold cases" en octobre 2022. Six mois plus tard, ce vendredi 21 avril, les proches de Christiane Commeau se sont rendus à Nanterre, invités par le parquet spécialisé dans les affaires non élucidées depuis des années. L'enquête sur ce meurtre commis entre le 22 octobre 2004 et février 2005 à Chassieu, près de Lyon, repart de zéro.
Crime d'une rare violence et délai de prescription
Selon Kathleen Letendre, la petite-fille de Christiane Commeau, ce premier rendez-vous a permis de savoir ce qui allait être fait et comment les enquêteurs allaient procéder. "Ça nous apporte une joie immense. On s'est quand même sentis abandonnés pendant toutes ces années. Et là, on nous donne une chance de trouver l'assassin et de ne plus nous battre tout seul."
Le 22 octobre 2004, Christiane Commeau disparait après être rentrée de courses. Elle dépose ses achats, sac à main et toutes ses affaires dans son appartement. Puis se volatilise alors qu'elle est attendue au club bouliste de Chassieu dont elle tenait la buvette. Quatre mois vont s'écouler avant que son corps ne soit retrouvé dans un bois, à Niévroz dans l'Ain, le 18 février 2005. Christiane Commeau a été victime d'un crime particulièrement violent : probablement torturée et violée avant d'être tuée de deux balles dans la tête.
Sur le pourquoi de la reprise de ce dossier par le pôle "cold cases", les proches de Christiane Commeau ont appris que le caractère extrêmement violent de ce meurtre en faisait un dossier prioritaire. Autre élément déterminant : le parquet de Nanterre veut tenter d'élucider l'affaire avant que les faits ne soient prescrits. "On arrivait assez vite sur un délai de prescription. Le non-lieu a été rendu en 2015. On avait donc jusqu'en 2025", précise la petite-fille de la victime.
Un nouveau regard sur l'enquête
"Ils vont d'abord relire et analyser tout le dossier. On sait que cela va leur demander beaucoup de temps", explique la jeune femme aujourd'hui âgée de 24 ans, ravie d'avoir pu rencontrer ceux qui vont se pencher sur l'affaire. "C'est une équipe bienveillante, qui nous a réconfortés, qui nous a mis très à l'aise et nous a redonné du courage."
Il y a eu beaucoup de pistes ouvertes, mais qui n'ont pas été refermées.
Kathleen Letendre,petite-fille de Christiane Commeau
Du dossier, les enquêteurs vont tout reprendre de A à Z. Ils ont expliqué vouloir traquer les éventuelles erreurs ou oublis, et pourquoi pas, trouver de nouvelles pistes. "Ils vont vraiment mettre un regard nouveau sur l'enquête qui a été faite à l'époque. Nous, on sait que la famille va être réinterrogée. On repart à zéro au niveau de l'enquête", nous dit Kathleen Letendre.
18 ans sans réponse
Repartir de zéro, sans savoir à quel moment il y aura une avancée. Soulagés par la reprise de l'enquête, les proches de Christiane Commeau savent qu'il va sûrement falloir se montrer patients. Après déjà 18 années restées sans réponse. "On a un semblant de vie. On essaye d'avoir une vie normale, mais on est toujours obnubilés par ça, reconnait Kathleen Letendre. On ne sait pas qui est l'assassin. On se bat tellement que l'on met notre vie de côté."
Kathleen avait 5 ans lorsque sa grand-mère a disparu. "J'ai fait un choc post-traumatique. Je ne pouvais plus quitter mes parents", confie-t-elle aujourd'hui. Elle n'est qu'une enfant, mais elle a vécu les rendez-vous que ses parents avaient avec les enquêteurs. "C'est de là que vient ma combativité, c'est de l'avoir vécu à un si jeune âge", raconte la jeune femme, vice-présidente de l'association "Justice pour Christiane".