De 1974 à 2001, Metaleurop a exploité une fonderie de plomb sur la zone industrielle d'Arnas, située au nord de Villefranche-sur-Saône. Une activité qui a généré une pollution des sols environnants. Une campagne de dépistage du saturnisme a été lancée fin janvier. Les premiers résultats ont été dévoilés par l'ARS.
A Arnas, dans le Rhône, l'usine Metaleurop a fermé ses portes en 2001. Aujourd'hui, le site industriel est toujours actif. Il accueille une activité de concassage de batteries, réalisée par la société Campine France. Dans le périmètre autour du site industriel, les sols ont été pollués par le plomb. Selon l'Agence régionale de santé d'Auvergne Rhône-Alpes, ces dix dernières années, aucun cas de saturnisme infantile n’a été signalé à l’ARS autour de l'ancien site de Metaleurop.
Nouvelle campagne de dépistage du saturnisme
Le saturnisme, la "maladie du plomb", affecte le système nerveux, la moelle osseuse et les reins. La maladie peut entrainer des conséquences irréversibles sur le développement cognitif et psychomoteur. Le saturnisme infantile fait partie des 36 maladies à déclaration obligatoire aux autorités sanitaires par les professionnels de santé.
Face aux inquiétudes concernant le site d'Arnas, la préfecture du Rhône et l'Agence régionale de santé d'Auvergne-Rhône-Alpes ont mis en place une nouvelle campagne de dépistage du saturnisme. Elle a été lancée en janvier 2023. Elle s'adresse aux personnes à risques - femmes enceintes et enfants de moins de 18 ans - vivant dans un large périmètre autour de l'ancienne fonderie de plomb. En quoi consiste ce test de dépistage ? Il s'agit de la réalisation d'une plombémie, une mesure de la concentration du plomb dans le sang. Ce dépistage est pris en charge à 100% par l'Assurance maladie et sera proposé jusqu'à cet été, au 31 juillet. C'est un dépistage qui n'est pas obligatoire.
Le périmètre de la campagne de dépistage du saturnisme autour de l'ancien site industriel Metaleurop, englobe aussi la commune de Gleizé et une partie de Villefranche-sur-Saône.
Ce sont environ 2000 enfants de moins de 18 ans et femmes enceintes, résidant dans la zone concernée, à qui il est aujourd’hui proposé de faire réaliser une plombémie.
Les premiers résultats
Une plombémie supérieure à 50 µg par litre de sang, c'est le seuil de définition du saturnisme chez l’enfant et la femme enceinte. L'examen se fait grâce à une prise de sang.
En janvier et février 2023, 216 enfants et 7 femmes enceintes ont réalisé une prise de sang pour effectuer ce dosage de la plombémie. Chez les plus jeunes, ces dépistages ont concerné 24 enfants de 0 à 2 ans, 59 enfants de 3 à 6 ans et 133 enfants de 7 à 17 ans.
Sur ces 223 plombémies réalisées, aucune n’est supérieure à 50 µg/L, selon l'ARS. Au final, 140 personnes présentaient un taux inférieur à 10 µg/L, 82 personnes une plombémie comprise entre 10 et 24 µg/L.
Sur les 133 enfants âgés de 7 à 17 ans, une majorité d'entre eux a présenté une plombémie inférieure à 10 µg/L (68,4%). 41 d'entre eux (30,8%) ont présenté une concentration de plomb dans le sang comprise entre 10 et 24 µg/L. Pour un seul enfant, la concentration était comprise entre 25 et 49 µg/L. Cette unique analyse dépassant 25 µg/L était égale à 26 µg/L.
Chez les femmes enceintes, une seule affichait une concentration de plomb dans le sang comprise entre 10 et 24 µg/L.
Plomb : les précédentes campagnes de dépistage
A Arnas, le risque de saturnisme pour les enfants et femmes enceintes résidant aux alentours avait été déclaré dès 1999. Plusieurs campagnes de dépistage avaient été lancées.
En 1999, l’ex-Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) du Rhône avait organisé une campagne de dépistage du saturnisme infantile autour du site. Sur les 699 enfants dépistés (âgés de 0 à 12 ans et résidant, gardés ou scolarisés dans un rayon de 1 kilomètre autour du site), 15 avaient une plombémie supérieure à 100 µg/L (seuil alors en vigueur, abaissé à 50 µg/L en juin 2015), a rappelé l'ARS.
En 2004, un nouveau dépistage est organisé auprès de 20 enfants et 1 femme enceinte résidant dans un rayon de 450 mètres autour du site. Les résultats ont montré que 2 dépassaient 100 µg/L.
Aujourd'hui, la nouvelle campagne couvre un territoire plus large que lors des précédentes campagnes de dépistage de 1999 et 2004, "de manière à ce que tous les habitants inquiets de la potentielle exposition au plomb de leurs enfants ou de celles des femmes enceintes puissent facilement avoir accès à un test de dépistage du saturnisme", a indiqué l'ARS.
Ce secteur du Beaujolais n'a pas été le seul touché. En juin 2022, une campagne de dépistage avait aussi été lancée autour de l'ancienne fonderie Metaleurop dans le Pas-de-Calais pour les moins de 18 ans habitant les communes concernées par une pollution des sols au plomb.