Matthias Martin-Chave est développeur web indépendant à Lyon. A l'automne 2019, il a été tiré au sort pour faire partie de la Convention citoyenne pour le climat. Il porte aujourd'hui un regard sans concession sur le résultat de cette consultation citoyenne et le texte qui vient d'être adopté.
Le projet de loi Climat et Résilience a été adopté le 4 mai 2021 en première lecture à l'Assemblée nationale. Nombreux sont ceux qui jugent ses propositions insuffisantes. Le texte serait loin d'être à la hauteur de l'urgence climatique et manquerait cruellement d'ambition, selon ses détracteurs. Une nouvelle marche pour le climat a donc été organisée ce dimanche 9 mai au départ de la place Bellecour. Cet appel national est relayé à Lyon par les collectifs Lyon Climat et Plus jamais ça ! Rhône. Une vingtaine d’associations, emmenées par les deux collectifs, ont bien l’intention de se faire entendre. Pourtant le texte devait être élaboré sur la base des propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat, une initiative du chef de l'Etat.
A la veille de cette mobilisation, nous avons rencontré Matthias Martin-Chave. Le Lyonnais, développeur web indépendant de 32 ans, avait été tiré au sort à l'automne 2019 pour faire partie de cette Convention citoyenne pour le climat. Il n'a pas hésité à faire partie des 150 citoyens consultés. "C'était totalement inouï de faire partie de cette expérience," explique le trentenaire. Un an et demi plus tard, que reste-t-il de son enthousiasme? Quel bilan dresse-t-il de cette initiative? Quel regard porte-t-il sur le texte adopté par les parlementaires?
► Que reste-t-il des 8 mois de travail des citoyens ?
Pour Matthias Martin-Chave, c'est une grande déception qui s'exprime aujourd'hui, plusieurs mois après sa participation à cet exercice de citoyenneté. Il explique avec amertume :
"La phase de découverte galvanisante passée, il y a eu la phase de découverte de ce que faisait le gouvernement du projet de loi, de l'engagement du président de la République qui n'était finalement pas tenu, de transmettre (nos propositions) sans filtre au Parlement".
Le Lyonnais ne mâche pas ses mots : "toutes nos propositions (ont été) déconstruites les unes après les autres pour aboutir à ce projet de loi déposé à l'Assemblée nationale". Sur le texte voté par les parlementaires qui manque d'"ambition", le Lyonnais ne cache pas sa désillusion : "le texte a été voté avec quelques amendements mais qui n'ont pas vraiment su redonner au projet de loi l'ambition qu'on avait souhaité donner à la Convention Citoyenne pour le Climat".
On n'a pas été suffisamment entendus et surtout pas été respectés. On a travaillé selon un contrat de base : on devait faire des propositions avec un mandat donné par le gouvernement, cumulé à un engagement du Président de la République de transmettre nos propositions sans filtre au Parlement (...) Cet engagement n'a pas été tenu.
► Y a-t-il une mesure retenue de manière inespérée ?
"C'est horrible mais il n'y en a pas !" déplore Matthias Martin-Chave. "Il y avait des mesures très constructives sur l'aérien qui permettaient d'éviter une croissance du trafic. Elles ont toutes été complètement sapées". Même constat pour le secteur automobile. Exit "les leviers qu'on aurait pu activer pour permettre aux gens de se fournir en véhicules moins polluants"; ces mesures n'ont pas vraiment vu le jour. "Il y a des mesures qui sont dans le projet de loi mais ce sont finalement les moins impactantes et les moins constructives," constate avec déception le jeune Lyonnais qui a travaillé sur la thématique du déplacement, l'une des cinq thématiques abordées par les citoyens. "Il manque le plus gros".
►Et maintenant... comment se faire entendre ?
"Beaucoup de nos mesures ont une possibilité d'être déployées au niveau territorial et notamment au niveau régional", explique Matthias Martin-Chave. Aujourd'hui le citoyen a la volonté d'aller plus loin et a le souhait de s'engager concrètement en politique pour faire aboutir ses idées. Sa participation à la Convention citoyenne pour le climat a été un révélateur. "Quand j'ai vu après quelques mois comment fonctionnait la politique, je me sens plus à l'aise pour évoluer dans ces milieux," avance le jeune homme. Bien que "sensibilisé" aux enjeux écologiques, Matthias Martin-Chave ne cache pas qu'il n'était jusque-là "pas très porté sur le politique", voire "désabusé" et même un peu "décrocheur". Aujourd'hui, le Lyonnais dit avoir eu "l'audace de candidater". Il est engagé auprès de Fabienne Grébert, candidate écologiste pour la Région Auvergne Rhône-Alpes.
Le 28 mars dernier, une marche pour le climat avait rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les rues de Lyon.