Coronavirus et confinement : les risques de troubles durables chez les SDF sont terribles

"On va tous sortir bouleversés de ces semaines passées enfermés et les Sans Domicile Fixe le seront plus encore". C'est le cri du coeur de Jean-Christophe Vignoles, psychiatre à Lyon. Pour les SDF atteints de troubles psychiatriques, ce confinement est une épreuve qui les fragilise davantage.

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"On va tous ressortir bouleversés après des semaines passées à vivre enfermés. Les Sans Domicile Fixe le seront aussi et peut-être plus encore".  

Le psychiatre Jean-Christophe Vignoles est responsable d’Interface SDF à Lyon, une équipe mobile spécialisée dans la prise en charge psychiatrique des gens qui vivent à la rue. Basée au centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu à Lyon, cette unité, la seule de ce type dans le Grand Lyon, travaille étroitement avec le Samu Social pour repérer les troubles psychiques des SDF et les amener à être suivis. Interface SDF s’occupe de 300 à 400 personnes chaque année.


"Nous sommes dans une  situation potentiellement explosive"

Depuis le début du confinement, deux organismes sur Lyon accueillent les Sans Domicile Fixe, à savoir le Foyer Notre Dame des Sans-Abris dont la capacité d'accueil est de 200 places, et la Halte de Nuit avec 47 places. Les personnes sont hébergées et confinées à l’intérieur. Ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes pour Jean-Christophe Vignoles.

Malgré le travail remarquable qu’accomplissent les travailleurs sociaux, le SDF par essence est résistant à toute idée de confinement. Il ne veut être ni enfermé ni contraint. Dans ces centres, la situation est potentiellement explosive.


Pour le psychiatre lyonnais, "avec le confinement, nous allons à l’encontre de nos principes thérapeutiques."

Les cliniciens d’Interface SDF interviennent plusieurs fois par semaine dans ces lieux d’hébergement ou assurent une permanence téléphonique pour tenter d’atténuer les troubles psychiques de certains individus. Un tiers des SDF souffrirait de graves troubles.
Quant à ceux qui ne sont pas malades, ils ont développé après des années dans la rue des mécanismes de défense qui s’apparentent à de la psychose.  

"Notre travail toute l’année est d’autonomiser les personnes et d’essayer de calmer leurs symptômes. Là, le confinement nous oblige à aller à l’encontre de nos principes thérapeutiques" poursuit Jean-Christophe Vignoles .

Comme les SDF ne peuvent plus faire la manche, on leur donne des repas. Comme ils ne peuvent plus s’acheter d’alcool, on est obligé de leur en donner. On accentue des conduites addictives pour les contenir .


Jean-Christophe Vignoles s’interroge sérieusement sur les conséquences qu’aura à terme le confinement sur les SDF "Ça pose question de l’après. On développe des dispositifs qui vont à l’encontre de ce qu’on fait toute l’année. Certains y trouvent leur compte, car ils ont un toit et n’ont plus à appeler le 115 mais tout cela ne va pas durer. Idem pour l’approvisionnement en nourriture ou en alcool. Ils redeviennent dépendants des structures sociales. Le retour à la normale va être difficile."

Pour l’heure, aucun cas de Covid-19 n’a été recensé chez les SDF hébergés depuis le confinement. Si suspicion il y avait, les cas potentiels seraient envoyés dans les 2 centres prévus au cas ou à Belleville (44 places pour les personnes isolées) et à Saint-Genis-Laval (82 places pour les personnes personnes isolées ou les familles).
 
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