Les annulations se multiplient chez le géant de l'événementiel à Lyon GL Events. Les autres entreprises, plus petites, craignent de ne pas pouvoir passer l'hiver, face aux restrictions de plus en plus fortes pour lutter contre l'épidémie de coronavirus Covid-19.
Déjà très éprouvé par la crise sanitaire, l'évènementiel a reçu le coup de grâce avec l'interdiction des rassemblements de plus de 1.000 personnes dans les zones en alerte renforcée qui pourrait bien tuer dans l'oeuf la reprise automnale tant espérée.
"Les annulations se multiplient" chez GL Events
Depuis cette annonce, "les annulations se multiplient", confirme à l'AFP Christophe Cizeron, directeur général de GL Events, organisateur de salons et spécialiste de la logistique des grands événements basé à Lyon. "Nous sommes victimes d'amalgames : après les problèmes sanitaires liés à des débordements festifs cet été, on assimile cela aux rassemblements professionnels, commerciaux, scientifiques, que nous organisons avec un protocole sanitaire très exigeant", estime-t-il."Une personne pour 130 m2 !"
"Eurexpo, le parc des expositions de Lyon, c'est 150.000 m2. Avec une jauge de 5.000 personnes ça vous fait 1 personne pour 30 m2. Si on descend à 1.000, c'est une personne pour 130 m2 !", constate M. Cizeron, dénonçant une "différence de traitement avec les centres commerciaux, où la densité et les flux sont beaucoup plus importants".Toute une filière à genoux ?
De fait, l'interdiction des évènements pendant six mois, et ensuite la jauge maximum de 5.000 puis 1.000 personnes accueillies par événement dans certains territoires, ainsi que la faculté donnée aux préfets d'interdire des manifestations du jour au lendemain, ont mis la filière à genoux.Ainsi 220 exposants ont-ils dû se résoudre, jeudi dernier, à démonter en catastrophe leur stand, la veille de l'ouverture de la Foire de Saint-Etienne.
Après une abyssale perte de chiffre d'affaires jusqu'ici en 2020 (-80%), l'évènementiel anticipe une activité encore réduite de moitié en 2021, qui mettrait au chômage la moitié de ses 455.000 employés.
Sept organisations du secteur (Coesio, Crealians, France Congrès et Evénements, L'Evénement, Traiteurs de France) ont écrit au Premier ministre le 23 septembre pour lui demander un "plan de sauvegarde massif spécifique à l'évènementiel" sans lequel les entreprises ne "passeront pas l'hiver".
Le secteur sera reçu la semaine prochaine par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
"Le désarroi total"
"C'est le désarroi total", remarque Aziz Bentalab, gérant du traiteur Calixir: "J'ai perdu 800.000 euros de contrats en deux jours, tout est annulé jusqu'à fin décembre". Aussi président de la branche Traiteurs organisateurs de réceptions du syndicat GNI (indépendants) qui représente 280.000 salariés, il reçoit des "dizaines d'appels de traiteurs désespérés" à qui il ne sait "plus quoi dire".
"On avait modifié nos offres, fait des lunch boxes, pris des agents de sécurité pour faire respecter le port du masque, loué du mobilier pour que les gens soient assis... Tout cela nous a coûté de l'argent et ça n'a servi à rien", déplore M. Bentalab. "Nos entreprises ne valent plus rien, les banques ne vont plus nous soutenir, les fournisseurs ne nous font plus confiance", se désole-t-il.
Le secteur génère 34,5 milliards d'euros de retombées économiques directes et indirectes en France, en faisant travailler agences d'événementiel, d'hôtesses, de maîtres d'hôtel, de sécurité, d'audiovisuel, entreprises de nettoyage, traiteurs, décorateurs... Tout un modèle économique de PME qui ne survivront pas à des mois sans activité.
Le fonds de solidarité de l'Etat
Le 30 septembre, le gouvernement a précisé que les entreprises de l'évènementiel, guides conférenciers, hôtels etc, pourront bénéficier du prolongement de la prise en charge à 100% de l'activité partielle par l'Etat et l'Unédic jusqu'au 31 décembre 2020 (cela représente 100% du salaire net pour un salaire au Smic, 84% du salaire net dans la limite de 4,5 smic).
Pour le secteur, le fonds de solidarité prendra en charge la perte de chiffre d'affaires jusqu'à 10.000 euros par mois, dans la limite de 60% du chiffre d'affaires.
Les TPE et PME qui font l'objet de restrictions ou de fermetures administratives avec une perte de chiffre d'affaire supérieure de 50% peuvent bénéficier d'une exonération de cotisations sociales. Pour les autres entreprises qui ont perdu plus de 50% de chiffre d'affaires, une remise de cotisations peut être sollicitée.