Depuis ce vendredi 10 décembre, les établissements de nuits ont l'interdiction d'ouvrir jusqu'au 9 janvier, pandémie oblige. Jeudi soir, les fêtards ont répondu présents pour enflammer le dancefloor une dernière fois en 2021. Les professionnels sont dépités par la décision.
23 heures devant les portes du Queen club dans le 1er arrondissement de Lyon, la file d'attente s'étend déjà sur plusieurs dizaines de mètres. "Si on ne vient pas tôt, on ne peut pas rentrer car beaucoup de gens veulent venir pour la der des ders", s'exclame une cliente.
"On travaille demain mais on vient quand même pour la dernière soirée, c’est important. Le lever ? Pas grave ! On assume ! On est des soldats !" nous confie un couple, quelques mètres plus loin.
Le gouvernement a annoncé en début de semaine l'obligation pour les boîtes de nuit de fermer à partir de vendredi matin 6 heures. "Je ne pouvais pas fermer et rester là les bras croisés sans rien faire. Ce soir on profite et demain ça va être les souvenirs. On va être en deuil", explique Adrien Scarbonchi le directeur artistique du Queen club.
Une mesure qui ne passe pas
Le professionnel de la nuit pense aux conséquences de cette décision. "On vit mal la fermeture. "On a des prestataires, des DJ, des gogo-danseurs… ça fait tout une chaîne. Il y les kebabs en face, les taxis, les Ubers. Un maillon casse, celui des boîtes, et il y a une vraie baisse d’activité pour tout le monde autour".
Dans les music-halls, l'interdiction de danser est également de mise. "Les gestes barrières on les applique. Les gens portent le masque. On a du gel, on vérifie les passe sanitaire donc automatiquement, les gens, on les surveille", s'étonne Jean-Paul Garcia, gérant du Club 48 (Lyon 8ème).
Dans son établissement, des mesures très strictes étaient déjà appliquées. Port du masque obligatoire, gel hydroalcoolique, interdiction d'échanger de partenaire de danse.
"Quand vous dansez vous ne pouvez pas être triste, là vous ne le voyez pas mais je suis heureuse", nous dit une cliente masquée, en train de danser une dernière fois. "C'est indispensable, on va tous pleurer."
"La seule profession où l'on contrôle l'identité des propriétaires de passe sanitaire"
Pour Thierry Fontaine, président de la branche nuit de l'Union des Métiers des Industrie de l'Hôtellerie (UMIH), la décision est incompréhensible. "Elle n’est pas très logique. On a été fermés 16 mois et cela n’a pas empêché les vagues successives", avance-t-il.
Il explique que la fermeture des établissements de nuit pousse les "jeunes" à s'amuser autrement, notamment en fêtes privées où il n'y a aucun contrôle sanitaire.
"[En boîte de nuit] Il y a eu 5 ou 6 clusters au tout début quand on a ouvert. On a travaillé avec les ARS, on a modifié un peu les protocoles. On a fait de la pédagogie avec nos professionnels depuis il n’y a plus de cluster. Depuis 5 mois plus aucun", argumente-il. "Je rappelle que nous sommes la seule profession où l'on contrôle l'identité des propriétaires de passe sanitaire."
Selon le syndicat national des discothèques et boîtes de nuit, 300 établissements n'ont pas rouvert leurs portes l'été dernier après 16 mois de fermeture. Cela représentait un quart des boîtes de nuit.