Covid-19 : pourquoi la vaccination des plus de 75 ans dans les quartiers populaires de Lyon est à la traîne

A l'échelle du département du Rhône, seules 21% des personnes âgées de plus de 75 ans ne sont toujours pas vaccinées. Mais le chiffre doit être multiplié par deux dans certaines communes populaires de la Métropole de Lyon. Comment l'expliquer ? Comment y remédier ? #OnvousRépond.

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Si vous posez la question à ceux que vous croisez dans les rues de Saint-Fons, beaucoup disent être aujourd'hui vaccinés mais ne pas avoir été pressés de le faire. Seulement voilà, les chiffres publiés par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie du Rhône montrent bel et bien une disparité entre communes de la Métropole de Lyon. À Saint-Fons, près de la moitié des personnes âgées de plus de 75 ans, hors Ehpad, ne sont pas vaccinés (45.9%). À Vaulx-en-Velin, ce chiffre est de 39.9%, et à Vénissieux de 36.9%. Le constat est là : dans les communes les plus défavorisées, le taux de vaccination est plus faible qu'ailleurs. Mais comment l'expliquer ?

Le frein AstraZeneca ?

D'abord, il y a  "des raisons sociologiques et peut-être culturelles" avancées par le directeur de la délégation départementale de l'Agence Régionale de Santé. Et puis, il y a le manque d'envie de se faire vacciner pour certains. Mais l'une des premières causes de cette disparité de vaccination est peut-être bien liée à un manque d'information sur les facilités d'accès aux soins. "Est-ce que les gens savent que les infirmiers libéraux peuvent vacciner à domicile ? Je ne suis pas certain", estime ainsi Alexandre Froissard. Le secrétaire général de l'Ordre des infirmiers du Rhône avoue n'avoir vacciné qu'une grosse dizaine de patients depuis le 26 mars. "Très peu de patients extérieurs et même de nos patients chroniques nous ont contactés pour être vaccinés."

Pourquoi si peu ? Parce que les infirmiers libéraux ne disposent quasiment que du vaccin AstraZeneca. Indéniablement, "c'est un frein" selon le responsable du CDOI 69. Alexandre Froissard en profite pour réclamer un accès à d'autres vaccins comme Janssen qui ne nécessite d'ailleurs qu'une seule dose. Faute de demandes de vaccination à domicile, l'infirmier libéral pointe le risque de gâchis. Une fois ouvert, il y a la nécessité "d'écouler un flacon dans un temps imparti sans gâcher de doses. C'est-à-dire qu'il faut trouver 11 personnes à vacciner ".

Actuellement, la  Métropole, l'ARS et la CPAM du Rhône en collaboration avec l'Ordre des Infirmiers, sont en train de monter des campagnes de vaccination à domicile, auprès de patients isolés. "Il va y avoir un appel d'offre pour trouver des infirmiers volontaires pour cette opération. Et la CPAM du Rhône a pour mission de rechercher des patients qui sont dans le besoin d'être vaccinés, et qui ne sont pas dans la capacité de se déplacer", nous informe le représentant de l'Ordre des infirmiers. 

Opération Coup de poing dans les quartiers

35 centres de vaccination pérennes, trois équipes mobiles qui sillonnent tout le département et la Métropole de Lyon... Des médecins généralistes, des infirmiers, des pharmaciens qui ont aujourd'hui la possibilité de vacciner très facilement, voire même à domicile. Et même, des bons de transports disponibles pour les personnes dépendantes isolées pour qu'elles puissent se rendre dans un centre de vaccination avec des créneaux qui leur sont réservés... Pour l'ARS, l'offre de soins est assurée. "Aujourd'hui, aucun citoyen du département du Rhône ne se situe à plus de vingt minutes d'un centre de vaccination", rappelle ainsi le directeur de la délégation départementale, Philippe Guetat.

C'est à nous de nous adapter. C'est la raison pour laquelle on va, à partir de la semaine prochaine, imaginer des dispositifs encore plus agiles et plus mobiles en direction des publics qui, malheureusement, sont un peu moins vaccinés qu'ailleurs.

Philippe Guetat, directeur de la délégation départementale Rhône au sein de l'ARS

Peu d'inquiétude du côté de l'Agence Régionale de Santé. "On continue de vacciner massivement la population. Cette semaine, on fera à peu près 100.000 injections." La dynamique de vaccination se poursuit, notamment avec les jeunes âgés de 12 à 17 ans. Pour les plus de 75 ans des quartiers dits populaires, c'est au dispositif d'aller vers eux. "D'aller à la rencontre des populations afin de leur proposer une offre adaptée à leurs besoins." La CPAM du Rhône est aujourd'hui chargée d'identifier ce public non-vacciné, notamment parmi les bénéficiaires de la Carte Santé Solidaire. Et va leur soumettre une offre de vaccination par SMS.

On va organiser des opérations, "coup de poing" dans les quartiers. On va démarrer le 6 juillet à Saint-Fons avec une opération sur le marché, et le 8 juillet dans le quartier des Clochettes.

Philippe Guetat, directeur de la délégation départementale Rhône au sein de l'ARS

L'opération de vaccination, "au plus près des habitants" et au coeur des quartiers défavorisés de la banlieue de Lyon sera doublée d'une action pédagogique, promet-on. "Parce qu'il faut aussi expliquer pourquoi on a besoin aujourd'hui de se faire vacciner pour atteindre l'immunité collective. Pour que demain on ne soit pas confronté à une 4ème vague de l'épidémie. Pour reprendre une vie normale." Le directeur de la délégation départementale du Rhône et de la Métropole de Lyon au sein de l'ARS se montre confiant : "Nous sommes vraiment armés pour dépasser les objectifs qui nous sont assignés."

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