L'entreprise RTE, en charge de la gestion de la distribution de l'électricité en France, prévoit une période tendue en début d'année prochaine. Si les températures descendent trop en dessous des normales de saison, elle envisage des baisses de tension, et même des coupures du réseau. Explications.
Grande nouveauté pour les citoyens résidant en Auvergne-Rhône-Alpes : le déploiement, depuis ce jeudi 19 novembre, d'un nouveau site de partage de l'information Ecowatt sur les capacités d'alimentation en électricité des foyers comme des entreprises. "Nous lançons ce dispositif Ecowatt qui permet en effet de donner aux français la météo du système électrique. Cela va inciter chacun à mieux consommer et au bon moment, dans la journée, pour assurer l'alimentation de tous" explique François Chaumont, délégué régional RTE en Auvergne-Rhône-Alpes.
Un système qui existait déjà en Bretagne, en région PACA, en Normandie et Ile de France. Le programme, auquel chaque usager peut s'inscrire gratuitement, permet d’envoyer des signaux de couleurs. Vert, orange ou rouge, pour "guider" les citoyens et les inciter à adopter les bons gestes à domicile ou au travail. "Ces gestes peuvent paraître anodins, mais ils peuvent vraiment changer la donne. Si aujourd’hui, chaque français éteint une ampoule dans sa maison, cela correspondra à une économie de consommation de l’électricité de 600 megawatts, soit la consommation de la ville de Lyon. Autre exemple : si les ménages éteignent 5 appareils en veille à leur domicile ou sur leur lieu de travail, c’est une économie de l’ordre de 150 megawatts, soit l’équivalent de la consommation de Clermont-Ferrand." détaille le Délégué régional.
A son tour, lorsque la consommation est trop élevée, le site peut aussi envoyer à chaque citoyen inscrit une alerte par sms pour l'inciter à modérer ses usages.
13 centrales nucléaires en lice
Pourquoi une telle démarche participative? RTE a évidemment l'habitude de surveiller, à chaque minute, l'évolution de la consommation d'électricité en France. Lorsque celle-ci change, comme lors du premier confinement, elle utilise différents leviers : elle peut, entre autres, faire des échanges avec les pays frontaliers.
C'est le système régulé normal... qui risque d'être un peu bousculé en début d'année prochaine. "La situation sera en effet plus tendue en février-mars 2021, le risque sera un peu plus important que les années précédentes. C’est lié à l’impact de la crise de la Covid19 sur le parc de production. Le problème vient du rechargement des réacteurs nuclaires, dont l’utilisation a été ré-arbitrée en 2020, afin de les rendre disponibles en période hivernale. Certains de ces réacteurs doivent se recharger à partir de cette période de février-mars." explique RTE.
La teneur du risque dépendra du niveau des températures. "Il faudrait un cumul de plusieurs effets : des températures comprises entre 2° et 7°C en-dessous des normales de saison sur plusieurs jours consécutifs…et un vent qui serait plus présent en l’absence éventuelle d’anticyclone." ajoute François Chaumont.
Des coupures de réseau électrique envisagées
Si ces mauvaises conditions se cumulent, la consommation augmentera de manière trop importante. RTE aura alors plusieurs leviers à sa disposition pour agir et gérer l’offre et la demande:
- Un appel aux "gestes citoyens" à travers le site Ecowatt.
- Des activations de contrats avec les gros clients industriels de RTE, qui permettent d’économiser jusqu’à 1400 megawatts de consommation, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire.
- Baisser la tension électrique de 5% sur le réseau. "Cela n’est quasiment pas perceptible par un consommateur. Cela va tout simplement diminuer légèrement le rendement de certains appareils électriques. L’eau ou les radiateurs mettront un peu plus de temps à chauffer…Cela permet de récupérer encore 4000 megawatts d’équivalent de consommation." prévient François Chaumont.
- Ultime recours : organiser des coupures temporaires, anticipées, localisées et tournantes. Elle ne devrait pas dépasser deux heures.
Si ces quatre leviers sont connus depuis plusieurs années, ce serait en revanche la première fois que des coupures temporaires seraient organisées en France.