Covid à l'école : parents et enseignants n'en peuvent plus de la multiplication des protocoles

Protocoles sanitaires à l'école : tout change et rien ne change. C'est le constat qui s'impose au lendemain des dernières annonces de Jean Castex concernant la crise sanitaire Covid. Les mesures s'allègent dans presque tous les domaines. Quid de l'école? Dans l'Education nationale, les protocoles se multiplient depuis la rentrée du 3 janvier. Enseignants et parents sont épuisés et exaspérés. Témoignages dans l'agglomération lyonnaise.

Selon les derniers chiffres du ministère de l'Education nationale, ce vendredi 201 janvier 2022, l'académie de Lyon compte 1467 classes fermées. En revanche, pas de fermeture d'établissements scolaires ou d'écoles dans l'académie. Ces fermetures de classes sont consécutives à l’apparition de cas confirmés de Covid parmi les élèves ainsi que celles dues à l’absence des enseignants et des personnels. Dans l'hexagone 3,56% des classes sont ainsi fermées pour ces raisons (18 736 sur 527 200). Enseignants et parents dénoncent une cacophonie... 

Tests, autotests et système D... 

Pour Aurore, maman de deux enfants de 9 et 7 ans scolarisés à l'école Descartes de Villeurbanne, c'est l'exaspération qui domine depuis cette rentrée du 3 janvier 2022 même si elle garde sa bonne humeur. "Je connais l'adresse du laboratoire par coeur" confie-t-elle avec une pointe d'humour dans la voix. Les tests se sont enchaînés depuis Noël : à tour de rôle, sa fille, puis son fils, ont été positifs ou cas contact ou privés de classe verte. Comment faire quand l'enfant ne peut aller à l'école pour cause d'application du protocole sanitaire?

Aurore ne s'en cache pas, elle est, par la force des choses, abonnée au télétravail. Et c'est souvent le conjoint qui a l'emploi le plus stable ou un emploi de bureau qui se retrouve "collé" la maison. "Quand il faut garder les enfants à la maison, on négocie du télétravail avec l'employeur mais tout le monde ne peut pas le faire," explique-t-elle. Et c'est la vie professionnelle qui pâtit de cette situation. 

Même constat pour Pierre dont les deux enfants de 4 et 7 ans sont scolarisés dans le 3e arrondissement de Lyon, à l'école Nové-Josserand : "ça reste du télétravail en mode dégradé, surtout avec des enfants de cet âge. On n'a pas envie de les laisser pendant 4 heures devant la télé ou devant Netflix !" Et lorsque les enfants ne sont pas cas contact, ce sont les grands-parents qui sont appelés à la rescousse.

Depuis la rentrée de janvier, on jongle entre tests antigéniques, autotests, classes ou cantines fermées et remplaçants dans le meilleur des cas !

Pierre, père de 2 enfants à Lyon

Depuis la reprise officielle des cours, la plupart des parents ont recours au bon vieux système D. Au jour le jour, les plus "disponibles" gardent les camarades de classe de leurs enfants. Des rotations par demi-journée seulement pour pouvoir assurer aussi côté boulot.

C'est le cas de Pierre, en télétravail ce vendredi matin. "Ma fille de 7 ans est avec une copine dans le salon. Elles ont fait leurs devoirs ce matin, maintenant elles regardent un peu la télé," explique-t-il. Difficile de conjuguer travail à la maison et gestion des enfants. Depuis le début de l'année 2022, la classe de sa fille a fermé à deux reprises. Celle de son fils de 5 ans, une seule fois. Deux jours de fermeture au maximum, tient-il à préciser.

Tout se décide à la dernière minute, en fonction des résultats des tests des uns, des absences des autres. En début de semaine, Julie, enseignante, n'a pas pu laisser son fils de 5 ans à l'école. Il est également scolarisé à l'école Descartes de Villeurbanne. Le verdict est tombé la veille à 21h40 : maîtresse positive au Covid ! Il a fallu improviser. "On n'est pas malade mais on doit garder les enfants à la maison, c'est un vrai casse-tête !" tempête Julie.

Les parents contactés sont unanimes : la gestion se fait au jour le jour. Impossible d'anticiper. "Cours ou pas cours, cantine fermée cantine ou pique-nique... On a souvent été prévenu la veille pour le lendemain. Mais il faut reconnaître que dans l'école de mes enfants, ils se sont démenés pour trouver rapidement des enseignants remplaçants," reconnaît le papa.

"Normalement mes enfants reprendront l'école ce lundi. Mais que se passera-t-il si la maîtresse est malade ? Si un quart de la classe est déclaré Covid ?" s'interroge de son côté Aurore.
Retour à la case maison et autotests à répétition pour les enfants, selon le dernier protocole sanitaire en vigueur dans les écoles. "Avec le dernier protocole, trois autotests suffisent. Avant, il fallait faire un test antigénique ou PCR et ensuite deux autotests," résume Pierre, à la page. Un petit rappel pour les décrocheurs. Et les déclarations sur l'honneur ? "Il ne sera plus demandé aux parents de produire une attestation après chaque autotest : une unique attestation sera demandée" est-il précisé sur le site du gouvernement qui détaille les nouvelles mesures en vigueur. Certains parents ont carrément fait l'impasse. Par lassitude ou simple oubli. 

"Le protocole a changé" : le nouveau jeu à géométrie variable de la rentrée 2022 ! 

Pierre ne veut accabler ni l'école de ses enfants, ni les enseignants. "Je n'ai aucun reproche à faire à l'école, aux professeurs ou aux périscolaires, ils subissent les mêmes protocoles sanitaires que nous, doivent respecter les mêmes règles et ne peuvent pas anticiper," explique-t-il avec philosophie. "On est tous dans le même bateau. Alors on prend son mal en patience" conclut le papa, entre fatalisme et résignation.

Combien de protocoles sanitaires à l'école depuis la rentrée ? Trois, plutôt quatre. La plupart des parents ne tiennent plus la comptabilité précise des directives sanitaires qui émanent du Ministère. Ils s'y plient et s'adaptent depuis le 3 janvier.

Julie a la double casquette. Cette mère de famille est également professeure des écoles, en charge d'une classe de CM2. Elle ne cache pas son exaspération. "Avec cette situation d'écoles à mi-effectifs, on a le sentiment de basculer dans la garderie, de ne plus enseigner vraiment," déplore-t-elle. "Difficile aussi de faire cours, les enfants sont surexcités avec cette situation," ajoute la professeure des écoles. Jeudi 13 janvier, la jeune femme a fait grève.

Je n'ai pas fait une journée de classe normale depuis la rentrée de janvier. Le protocole change tout le temps, c'est du grand n'importe quoi !

Julie, professeure des écoles (Villeurbanne)

Même si l'effectif de sa classe n'est pas au complet depuis ces dernières semaines, Julie a malgré tout décidé de poursuivre le programme. Ses élèves entrent au collège en septembre, l'enjeu est trop important pour les enfants de cette école REP +. "Tous les jours, je demande aux parents des enfants absents de venir récupérer les fiches !" Conséquence pour l'enseignante : du travail supplémentaire. 

"Sur 2 ou 3 semaines, on arrive à faire cours à la maison. Mais les enfants tournent en rond, on les prive de tout ce qui fait le charme de l'école ou encore des classes vertes. Ils ont besoin de socialisation" déplore de son côté Aurore, inquiète pour l'équilibre psychologique de ses enfants. Sans compter la contrainte du port du masque à la récréation, pointée du doigt par les deux mamans villeurbannaises.

Mobilisation en dents de scie contre la gestion de la crise Covid à l'école

Pour les parents comme pour les enseignants, ces fermetures de classes et protocoles sanitaires sont de véritables casse-têtes. Entre système D, tentative d'interprétation des directives et circulaires, valse des protocoles dans les établissements scolaires, les adultes sont au bord de la crise de nerf. Pour faire part de cette exaspération, le personnel éducatif s'est mis massivement en grève jeudi dernier,13 janvier. Des manifestations ont eu lieu un peu partout en France, soutenus par de nombreux parents d'élèves. Ils étaient plus de 38% dans le premier degré et près de 24% dans le secondaire, toujours selon le ministère de l'Education. Près de 78.000 personnes ont défilé ce jour-là en France à l'appel de tous les syndicats, indiquait alors le ministère de l'Intérieur. A Lyon, la grève a été très suivie.

Une journée d'action renouvelée ce jeudi 20 janvier, avec, cette fois-ci, une faible mobilisation. Après un mouvement très suivi le 13 janvier, les personnels de l'Education nationale ont peu répondu à l'appel à la grève. Le ministère n'a comptabilisé que 1,15% des enseignants du premier degré (maternelle et élémentaire) et 2,18% dans le second degré (collège et lycée).

A l'école, rien de neuf pour l'instant sur le front du protocole Covid. Parents et enseignants espèrent un retour à la normale dans les meilleurs délais, sans trop y croire. Au mieux, ils attendent un peu plus de clarté pour pouvoir anticiper et organiser un peu mieux leur vie professionnelle et leur vie de famille.

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