Le projet de plan de sauvegarde accélérée proposé par le constructeur immobilier AST a été refusé par ses créanciers et ne pourra pas être examiné par le Tribunal de commerce de Lyon. L'avenir du groupe, basé à Décines et qui se présente comme le 2ème constructeur français de maisons individuelles, est plus que jamais compromis.
Créé en 1993 et basé à Décines-Charpieu, dans la métropole lyonnaise, AST avait annoncé en avril l'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée au tribunal de commerce de Lyon. La trésorerie du groupe s'élevait à 13 millions d'euros tandis que ses dettes culminaient à 25,3 millions.
La procédure de sauvegarde devait permettre la mise en place, à l'issue d'une procédure de conciliation avec ses créanciers financiers (garants, banques, institutions publiques), d'un plan pour éviter la cessation de paiement. Mais ce plan, pendant lequel AST a pu poursuivre son activité, devait être approuvé par une part suffisante de ces créanciers, ce qu'il n'a pas été.
Plus tôt dans l'année, AST avait déjà annoncé un important plan de restructuration prévoyant l'abandon progressif de son activité de promoteur et un recentrage sur le Sud-Est de son activité de constructeur de maisons. "En l'absence d'une issue favorable à ces discussions, la continuité d'exploitation du Groupe pourrait être remise en cause", prévenait alors AST.
Entre hausse des coûts de construction...
L'entreprise avait également annoncé une réduction importante des effectifs. Fin 2022, elle employait quelque 590 personnes, dernier chiffre public en date. AST, qui se présente comme le deuxième constructeur français de maisons individuelles, subit, comme les autres constructeurs et promoteurs, la violente crise de l'immobilier neuf.
Les permis de construire des maisons individuelles ont atteint leur niveau le plus bas en France depuis au moins 2000, selon les chiffres dévoilés fin juin par le ministère de la Transition écologique. En un an, 127.100 permis pour des logements individuels (maisons et lotissements) ont été délivrés en 12 mois, soit 18,4% de moins.
A la crise de l'immobilier neuf s'ajoute, pour les maisons individuelles, l'objectif inscrit dans la loi de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, qui décourage ce mode d'habitat très consommateur de terres.
... et baisse du pouvoir d'achat des acquéreurs
Les causes de la crise sont multiples. D'abord, des chocs extérieurs. Les prix des matériaux de construction ont flambé depuis la pandémie de Covid et cette situation s'est aggravée avec la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine déclenchée en 2022. La remontée des taux d'intérêt a également entamé la capacité des ménages à investir dans l'immobilier.
Quant à l'Etat, il est régulièrement accusé de faire des économies budgétaires sur le logement, en réduisant progressivement des dispositifs de soutien à la construction (prêt à taux zéro, niche fiscale Pinel, financement du logement social...). Les normes environnementales plus strictes, visant à construire des bâtiments moins énergivores et plus adaptés au réchauffement climatique, ont aussi rendu la construction plus coûteuse, pointent les organisations patronales.
La cotation boursière d'AST a été suspendue. Dans un communiqué publié ce lundi 22 juillet, le Groupe indique qu'il " tiendra informé ses collaborateurs, ses clients, ses partenaires et ses actionnaires des prochaines étapes".