DIRECT. Elle avait mis le feu à la chambre de son grand-père en fin de vie, une femme jugée pour assassinat

Emilie G., 33 ans, est accusée d'avoir provoqué la mort de son grand-père grabataire, elle aurait voulu mettre fin à sa souffrance. Les faits remontent à l'été 2020. Elle est jugée pour assassinat sur ascendant. La préméditation a été retenue.

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Un procès sur "une fin de vie" mais pas sur la question de l'euthanasie. "On n'est pas dans le militantisme", a expliqué Me Claus, l'avocat de la défense, quelques jours avant l'ouverture des débats. SUIVEZ LE PROCÈS, MINUTE PAR MINUTE.

12h10 "Comment est-il psychologiquement ? Il avait toute sa tête ? Il était conscient de sa situation ? Il en souffrait ?" demande la présidente à Elisabeth G. Réponses affirmatives. Le témoin décrit aussi un vieil homme avec un fort caractère.

12h00 Soins à domicile, infirmière, aménagements ... "Avec toute cette logistique vous arrivez à assurer avec beaucoup de dévouement. Comment ça se passait, expliquez-nous ?", demande la présidente. Elle cherche à comprendre le quotidien avec la victime, qui communiquait peu, qui mangeait peu et ne prenait pas de médicaments.

"La question de la fin de vie (...) est-ce que vous avez parlé des possibilités d'encadrement médical vers une mort plus douce ? Est-ce que vous vous êtes posé la question : comment accompagner papa vers une mort plus douce ? Est-ce que vous en avez parlé avec vos frères ? Avec vos filles ?". Réponse par la négative d'Elisabeth G. "Je ne pense pas qu'on en ait parlé", avance le témoin.

"Je me mets à votre place : c'est facile de se mettre à votre place. Dans cette affaire-là, on peut facilement se projeter", déclare la présidente au témoin.

11h45 "Émilie était la chouchoute de son grand-père ?" demande la présidente. "C'est vrai", répond la mère de l'accusée. Même proximité entre le grand-père et sa petite-fille lorsque ce dernier vivait seul chez lui dans son appartement du Point du Jour, à Lyon. Jusqu'à l'hospitalisation. L'état de santé du vieil homme se dégrade alors et le corps médical dit "il n'en a plus que pour 4 ou 5 jours de vie". "Quand on vous dit (le corps médical) : il faut le laisser partir, que comprenez-vous ?" demande la présidente à Elisabeth G. Le nonagénaire s'est finalement remis après cette hospitalisation. "Ça me faisait de la peine, je n'arrivais pas ... Je ne me rappelle plus", déclare la mère. "Quel a été le rôle de votre fille à ce moment-là ?". "Je ne me rappelle plus, elle a été désignée pour suivre son état..." déclare la mère. Sur la fin de vie du vieil homme, la demande de référent du corps médical : "Pourquoi c'est votre fille qui a été désignée comme référent ?" demande la présidente. "C'est ma fille qui était proche de mon père", lance la mère. "Je ne me sentais pas de le faire", déclare Elisabeth G. L'état du vieil homme s'est amélioré en maison de retraite, un établissement choisi par la petite-fille. Il n'y reste qu'un an. 
Elisabeth G. décide de le retirer de l'établissement et de l'installer chez elle. 

11h30 Début du témoignage d'Elisabeth G., mère de l'accusée et fille de la victime.
"C'est vrai que mon père était très proche de ma fille. Il avait plus de conversation avec elle qu'avec nous. Il allait mal, il ne demandait qu'à partir. La nuit, il appelait ma mère : "viens me chercher, viens me chercher". Il ne prenait pas de médicament. Il voulait partir, il ne mangeait plus, il avait maigri !" "C'est tout ce que vous pouvez dire spontanément ?", demande la présidente. "Il souffrait", résume la sexagénaire. "Il refusait tout, il ne voulait plus qu'on le sonde, il faisait dans le lit", explique-t-elle.

"Comment a grandi votre fille ?" demande la présidente. "Moi, je travaillais beaucoup, mes parents s'en occupaient beaucoup, avec mes parents, on vivait dans le même bâtiment à Vénissieux", raconte la mère. "Est-ce qu’elle avait le sentiment d'être abandonnée par vous ?" demande la présidente. "Pas du tout !".

"Comment votre fille a-t-elle vécu le départ de votre père pour l'Espagne ?" demande la présidente. "Elle l'appelait souvent", résume Elisabeth G.

Sur la scolarité de la jeune femme : "ça allait, elle avait des bonnes notes", raconte la mère. "Et sur le plan personnel ? Un problème de surpoids qui la gênait avec les autres ? Elle aurait subi du harcèlement scolaire ?", interroge la présidente. La mère se souvient d'un seul incident. Vite classé.

11H20 Me Claus, avocat de l'accusée, demande à l'experte de revenir sur la relation de la jeune femme avec son grand-père. "À partir de 2007, elle m'explique vouloir prendre de la distance pour réussir son concours, sa vie personnelle. Mais la famille est soudée, quoi qu'il en soit", explique l'enquêtrice
"Au lycée, elle appelle son grand-père tous les jours et mange avec lui toutes les semaines", rappelle l'avocat de la défense. "Une proximité exceptionnelle ?" interroge l'avocat. "Les relations familiales sont proches", rappelle une nouvelle fois l'experte. Fin de l'audition de Marion Soulard, enquêtrice de personnalité.

11h15 Lors des funérailles de son grand-père, la jeune femme avait lu un texte. La présidente lit ce texte. Émotion de l'accusée à l'écoute de ses mots d'amour pour le disparu. "De là-haut, ils t'ont libéré de ta dernière prison. J'espère que tu as rejoint mamie, mais j'espère que depuis les étoiles, tu seras fier de moi", a écrit Émilie G.

11h05 L'enquêtrice fait état d'une excellente relation entre l'accusée et la victime. Sur le plan professionnel, l'experte réaffirme que la jeune femme est investie et sérieuse.

10h45 Témoignage en visio de Marion Soulard, enquêtrice de personnalité (SCJE). Elle a rencontré l'accusée en 2021. "Jusqu'à l'âge de 3 ans, elle grandit avec ses grands-parents maternels. Ses parents travaillent beaucoup". Sa grand-mère maternelle décède en 1997. Elle a une "scolarité classique", elle rapporte des faits de harcèlement au collège, d'un "certain isolement", d'un état de surpoids. Son grand-père, qui vivait avec sa fille et son gendre, après le décès de sa femme, part en Espagne où il achète une maison en 2004.
En 2009, elle décroche un bac littéraire. Elle fait des études de langue pour être professeur d'espagnol. Elle échoue au concours de professeur en 2014. À partir de janvier 2015, elle exerce comme professeur contractuel dans différents établissements de Lyon et du Rhône. "C'est une professeure sérieuse, investie dans son travail, qui a envie d'enseigner", selon les autorités académiques. Un seul incident a été relevé. Nouvel échec au concours en 2015. Elle décide d'attendre : plusieurs autres échecs suivront. Elle rencontre son compagnon en 2011 via un site internet. Ils s'installent ensemble et ont 2 enfants, en 2014 et 2017. L'un d'eux porte d'ailleurs pour deuxième prénom celui du grand-père. 

Lorsque le grand-père revient en France, il s'installe d'abord seul avant d'être placé en EHPAD en 2015. Les liens entre Émilie G. et son grand-père sont très forts. Elle lui rend visite quasi quotidiennement, En 2017, les parents d'Émilie G. décident de reprendre le retraité à leur domicile de Saint-Laurent de Mûre. Mais l'état du vieil homme, qui avait été hospitalisé, se dégrade.

En 2020, l'accusée va mal : échec au concours, situation d'adultère avec son compagnon, difficulté d'autorité avec ses deux enfants et dégradation de la santé de son grand-père, égrène l'expert. Le 23 octobre 2020, elle est mise en examen et placé sous contrôle judiciaire, raconte l'expert. Elle respecte son contrôle. Elle bénéficie d'un suivi psychologique, la jeune femme s'investit dans sa thérapie. À la suite de sa mise en examen, elle est suspendue par l'Éducation nationale. Elle souhaite reprendre l'enseignement. Selon son compagnon, Émilie G."est totalement détruite par le décès de son grand-père, la personne qui comptait le plus pour elle". Ses proches dépeignent "une personne gentille", "qui pense aux autres avant elle".

Suspension d'audience

10h30 La présidente demande à l'accusée de se lever et si elle maintenait sa position de défense. "Je vais maintenir ma position de défense", a déclaré la jeune femme.

10h20 Selon le médecin légiste, l'agonie du vieil homme a été brève. Le nonagénaire a connu une mort violente. Il a été victime d'une intoxication par les fumées. "Une mort violente en rapport avec "une inhalation de fumées toxiques" et "une intoxication au monoxyde de carbone". Il présentait également des brûlures sur les membres inférieurs.

L'accusation a retenu la préméditation en raison notamment de la découverte d'un "accélérant" au domicile de la jeune femme. Le juge d'instruction a conclu au caractère "volontaire" de l'incendie. "Émilie G savait que le jour des faits, ses parents ne seraient pas au domicile et s'en est assurée en téléphonant à sa mère."La préméditation est caractérisée" selon l'instruction, La jeune femme a été renvoyée devant une cour d'assises, il lui est reproché d'avoir "volontairement" donné la mort à son ascendant. "Des faits commis avec préméditation". L'accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Si l'altération du discernement est reconnue, c'est une peine de 30 ans, précise la présidente. L'accusée pleure.

10h15 qui est l'accusée ? Émilie G., née en 1991, est mère de deux enfants, deux petits garçons qu'elle a eus avec son compagnon Francky M. Le couple vivait à quelques kilomètres des parents de la jeune femme. Enseignante d'espagnol, elle tentait depuis sept ans de décrocher son CAPES. L'expert psychiatre a évoqué des "symptômes dépressifs et anxieux", des symptômes qui ont pu conduire à une altération du discernement.

De son côté, l'expert psychologue a décrit la jeune femme comme "normalement intelligente", mais a noté des "failles narcissiques" et une peur de l'abandon. "Avoir appris le matin des faits que son mari l'avait trompé, avait pu être un élément déclencheur", selon l'expert psychologue.

10h10 la présidente évoque le placement en garde à vue de l'accusée en octobre 2020. De l'essence a été retrouvée à son domicile. Elle a affirmé aux enquêteurs qu'elle n'aurait jamais pu mettre fin aux jours de son grand-père. Finalement, à sa 3ᵉ audition, elle craque. Le vieil homme aurait souhaité en finir, selon la jeune femme. Au récit des faits évoqués lors de sa garde à vue, l'accusée est toujours très émue. Elle lâche un sanglot pendant la lecture. "Je pense que si c'était à refaire, je ne le referais pas", a-t-elle déclaré lors de son audition. Sa dernière phrase : "je pleure tous les jours la mort de mon grand-père et je regrette mon geste", a-t-elle déclaré au juge lors de sa mise en examen. Le juge des libertés et de la détention a décidé le maintien en liberté d'Émilie G, mais elle ne devait avoir de contact avec ses parents. En juin 2022, cette interdiction a été levée.

10h05 Qui était la victime ? Né en 1925, en Espagne, l'ancien maçon était âgé de 95 ans. Il vivait depuis quatre ans dans la villa de sa fille, à Saint-Laurent de Mure, près de Lyon. "Mais son état s'était dégradé", ajoute la présidente. "Il était totalement dépendant, cloué au fond de son lit". Selon les témoignages, sa fille et son gendre étaient "particulièrement dévoués à son égard". L'homme ne s'exprimait plus qu'en espagnol.

10h Présentation par la présidente des faits reprochés à l'accusée. "C'est l'exposé des éléments de l'affaire qui devront être débattus", explique la présidente. Le jour des faits, les époux G. laissaient Manuel G. seul à leur domicile. À leur retour, ils ont retrouvé "son corps fumant", allongé en position fœtale. "Le médecin légiste a conclu à une mort brutale". L'homme présentait des brûlures. Très vite, au récit des faits, l'accusée est émue. Elle essuie discrètement des larmes et garde la tête baissée.

9h54 Lecture de la liste des témoins cités par le ministère public.

9h50 La cour est composée de six jurés titulaires et deux jurés supplémentaires. Plusieurs ont été récusés d'entrée. Les jurés prêtent serment. À l'exception des 2 jurés supplémentaires, ce sont exclusivement des femmes qui devront rendre un verdict et décidé du sort d'Émilie G. La jeune femme écoute avec attention.

9h38 L'appel des jurés débute, il sera suivi par le tirage au sort. La présidente décide qu'il y aura deux jurés supplémentaires.

9h30 L'audience débute. Il n'y aura pas d'enregistrement des débats. L'accusée, âgée d'une petite trentaine d'années, comparait libre. Elle décline son identité. Le banc des parties civiles est vide. 

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