Émilie G., 33 ans, est accusée d'avoir provoqué la mort de son grand-père grabataire en août 2020. Elle aurait voulu mettre fin à sa souffrance. Elle est jugée pour assassinat sur ascendant. Sa famille et son ex-compagnon ont défilé à la barre ce mercredi 2 octobre. Tous ont décrit une jeune femme "très attachée" à son grand-père et tous disent comprendre son geste. La famille ne s'est pas portée partie civile.

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Un procès sur "une fin de vie" mais pas sur la question de l'euthanasie. "On n'est pas dans le militantisme", a expliqué Me Claus, l'avocat de la défense. 

Manuel A. avait 95 ans et vivait sur un lit médicalisé dans la maison de sa fille à Saint-Laurent-de-Mure, près de Lyon. Le 23 août 2020, il est retrouvé mort dans son lit, calciné par son gendre et sa fille. Sa chambre remplie de fumée. Si le nonagénaire est gravement brûlé, il a toutefois succombé à une asphyxie sévère.

Sa petite-fille, Émilie G. est jugée à Lyon mercredi 2 et jeudi 3 octobre. Poursuivie pour "assassinat par ascendant", elle est accusée d'avoir volontairement causé la mort du nonagénaire. La préméditation a été retenue. La mise en cause risque la réclusion criminelle à perpétuité. 

La plus grande partie de la première journée du procès a été consacrée au témoignage des proches de l'accusée mais aussi aux exposés du médecin légiste, du directeur de l'enquête et de l'expert incendie.

Après-midi chargée en émotions : la famille fait bloc

16 h Francky M, 35 ans, l'ex compagnon de l'accusée s'exprime à son tour. C'est le dernier proche de la jeune femme appelé à la barre. Le couple, qui s'est formé en 2011, a eu deux garçons, âgés aujourd'hui de 10 et 7 ans. "Émilie a vraiment aidé son grand-père à mourir. Il était vraiment dans une souffrance extrême", déclare d'emblée le témoin. Sur les relations que son ancienne compagne entretenait avec son aïeul, le jeune homme de 35 ans lâche : "Ils avaient une relation très forte. C'était un rayon de soleil pour lui". Il décrit d'ailleurs une femme "enjouée", très tournée vers la famille et entièrement vouée aux autres. Sur l'intention de mourir du nonagénaire, le jeune homme confirme à son tour : "je l'ai entendu dire ; donnez-moi la pilule pour dormir". Sur la souffrance du nonagénaire et son envie d'en finir avec la vie, les déclarations se suivent et se ressemblent.
Impossible également de ne pas évoquer les problèmes du jeune couple séparé depuis quatre ans. La séparation coïncide avec le geste fatal de l'accusée. Le jour du drame, Francky M. lui avait annoncé son intention de mettre fin à leur relation et lui avait également avoué avoir eu une relation extraconjugale quelques heures auparavant. "Elle m'a dit qu'elle m'avait pardonné", lâche-t-il à l'audience. 

15h30 L'un des fils de la victime Richard A. témoigne à son tour. Il décrit sa nièce comme "une personne serviable, attachante, proche de ses parents". "Vous en voulez à votre nièce ?" demande la présidente. "Pas du tout". Pour ce dernier aussi l'accompagnement vers la fin de vie, "depuis des années, cela aurait dû être mis en place". Et le témoin ajoute à l'adresse de l'avocat général qui lui demande pourquoi il ne s'est pas constitué partie civile : "Emilie ne mérite pas ce qui lui arrive. Le fautif, c'est mon père qui lui a demandé de faire ça!". Pour l'oncle de l'accusée, le vieil homme demandait à mourir et en aurait, selon lui, fait expressément la demande.

14h50 C'est au tour de Caroline G. d'être appelée à la barre. La jeune femme de 29  ans aussi peine à retenir ses sanglots en voyant sa sœur. Elle explique ne pas avoir compris le geste d'Emilie. Mais très vite le débat sur la fin de vie s'invite dans les débats. "Pourquoi elle n'en a pas parlé ? Qu'est ce qui lui est passé par la tête ? J'aurais aimé qu'elle en parle. On aurait pu trouver une solution. La fin de vie assistée existe en Suisse et en Belgique", avance la jeune femme lors de son témoignage. Sa sœur s'est "sacrifiée", selon elle. "C'est terrible d'en arriver là. Ma sœur a été la plus courageuse pour faire quelque chose d'impensable et d'irréparable". La jeune femme aurait aimé qu'une loi "existe" en France.

13h30 Lionel G, le père de l'accusée est appelé à la barre pour témoigner. L'homme imposant est très ému. Il peine à contenir ses émotions, parle d'une voix étranglée par moments. "Ma fille est une personne bien. Je l'aime, j'aime ma fille, mes enfants. On est une famille très soudée", déclare-t-il en préambule. L'homme est accablé. Le père va rester près d'une heure trente à la barre, expliquant par le menu, la proximité avec ses beaux-parents d'origine espagnole, les liens très forts entre sa fille Emilie et son grand-père maternel Manuel. Ce dernier l'appelait "ma fille", explique Lionel G. "Ils étaient très proches, ils avaient un amour fusionnel", ajoute-t-il. "Mes beaux-parents l'ont élevée, je peux le dire. On travaillait beaucoup, j'étais commercial et ma femme vendeuse à la Part-Dieu". À cette époque les deux familles habitaient Vénissieux. Les grands-parents se sont occupés de la fillette et de sa sœur cadette Caroline, jusqu'en 1997, date du décès de la grand-mère.

Le vieil homme est ensuite resté un temps chez sa fille et son gendre, avant de vouloir rentrer en Espagne où il a acheté une maison. Quelques années plus tard, des problèmes de santé le conduisent à se rapprocher de ses enfants restés en France. Retour en région lyonnaise où Elisabeth et son mari ont fait construire un pavillon, à Saint-Laurent-de-Mure, ils accueillent le retraité chez eux. Mais rapidement, il manifeste son envie d'indépendance. L'octogénaire s'installe dans un petit appartement du Point du Jour, aux confins du 5e arrondissement. "Ma fille Emilie passait le voir tout le temps, elle allait chez lui pour manger, elle s'occupait de lui entre midi et deux", raconte Lionel G.

Lionel G. évoque aussi les détails de la vie du retraité auprès de sa famille, ses problèmes de santé. La chute qui l'a conduit en hôpital. Lors de son passage en milieu hospitalier, le vieil homme était au plus mal. La question de la fin de vie s'est alors posée. Mais contre toute attente, Manuel A. s'est remis. A sa sortie, il passe une année en Ehpad où "il n'était pas bien". "Son état se dégradait", explique son gendre. La famille G. décide donc de prendre le vieil homme chez elle, d'aménager une pièce, avec lit médicalisé. Des infirmières et des auxiliaires de vie se succèdent dans le pavillon. Mais l'état du nonagénaire se dégrade inexorablement. "Il avait sa tête mais il ne parlait pas, il ne mangeait plus. Son état s'est dégradé", explique-t-il. Le vieil homme refusait toute médication. Les visites d'Emilie semblaient en revanche lui redonner vie. "Mais la nuit, il criait, Il appelait son épouse, il appelait : Antonia, viens me chercher !" raconte le témoin. "Il exprimait clairement son envie d'en finir ?" demande la présidente. "Il l'a fait comprendre. Il ne m'a jamais dit clairement de l'aider à mourir", répond Lionel G.

À la question de la présidente "Que pensez-vous du geste de votre fille ?", il répond sans hésitation : "Je ne peux pas aller contre ma fille, un père défend toujours son enfant". "Mourir calciné, est-ce partir dignement ?", demande l'avocat général à Lionel G. Le sexagénaire répond : "Ce qu'elle a fait, c'est un geste d'amour". 

Compte-rendu de la première matinée d'audience 

12h42 L'avocat de la défense n'a jamais rencontré Elisabeth G. "J'ai l'impression qu'il y a une volonté de préserver votre père." "Oui, il faut le laisser tranquille", répond le témoin. "Est-ce qu'aujourd'hui vous mentez pour préserver votre fille en disant, il voulait une piqûre pour mourir?", demande l'avocat de la défense évoquant "un conflit de loyauté". Réponse négative. "Il y a des choses que je n'avais pas dites mais je ne mens pas". Fin de l'audition d'Elisabeth G.

12H30 L'avocat général à Elisabeth G. "Pourquoi vous ne représentez pas votre père en tant que victime aujourd'hui ?". "Je ne comprends pas", Nouveau questionnement. "J'ai compris ; pourquoi je ne prends pas la défense de mon père". Le témoin ne répond pas, reste muet. Elisabeth G.est embarrassée, gênée. "Avez-vous pensé mettre fin aux jours de votre père ?" demande l'avocat général. Réponse négative.

L'avocat général dit avoir relevé des contradictions avec les auditions. "Pourquoi vous servez une autre version ? Est-ce que c'est parce que votre fille risque d'aller en prison ?"

12H25 "Vous avez été surprise de la thèse criminelle", avance la présidente. "Je n'aurais pas pensé", déclare Elisabeth G. "Elle a déclaré l'acte criminel, qu'avez-vous pensé de votre fille ?", "Je ne me rappelle pas". "Madame en voulez-vous à votre fille ?", demande la présidente. "Je ne sais pas". "Que pensez-vous de la façon dont est parti votre père ?"; Pas de réponse. Elisabeth G. ne voit pas de psychologue. "Ce n'est pas anodin comme événement?" , demande la présidente. "Qu'est-ce que vous attendez de ce procès ?"; "J'espère qu'elle va être libérée, mon père a vécu, il ne demandait qu'une chose", La mère ne veut pas charger sa fille.

12h20 "Il vous prenait votre vie ?" demande la présidente, "Non, c'est nous qui avions décidé de le prendre à la maison. Et il ne parlait pas, ne bougeait pas", réplique le témoin. "Vous ne partiez pas en vacances ?", "Non, c'était un choix". "Il souffrait énormément de son état, il souffrait, c'est pour celà qu'il refusait tout: il ne mangeait plus", assure le témoin.

12h10 "Comment est-il psychologiquement ? Il avait toute sa tête ? Il était conscient de sa situation ? Il en souffrait ?" demande la présidente à Elisabeth G. Réponses affirmatives. Le témoin décrit aussi un vieil homme avec un fort caractère. "On ne parlait pas, il ne parlait pas, il ne se confiait pas", explique le témoin. Il n'avait pas l'habitude de se confier, selon sa fille. La présidente cherche à savoir si le vieil homme a expressément demandé à mourir. Selon les déclarations de la mère aux demandes des enquêteurs, "A moi, mon père ne m'a jamais demandé cela. C'est vrai qu'il parlait plus à Emilie". 

"Qu'auriez-vous fait si votre père vous avait demandé clairement à partir ?" demande la présidente à Elisabeth G. Hésitation. "Je ne sais pas". Elle se serait peut-être tournée vers le médecin.

12h00 Soins à domicile, infirmière, aménagements ... "Avec toute cette logistique vous arrivez à assurer avec beaucoup de dévouement. Comment ça se passait, expliquez-nous ?", demande la présidente. Elle cherche à comprendre le quotidien avec la victime, qui communiquait peu, qui mangeait peu et ne prenait pas de médicaments.

"La question de la fin de vie (...) est-ce que vous avez parlé des possibilités d'encadrement médical vers une mort plus douce ? Est-ce que vous vous êtes posé la question : comment accompagner papa vers une mort plus douce ? Est-ce que vous en avez parlé avec vos frères ? Avec vos filles ?". Réponse par la négative d'Elisabeth G. "Je ne pense pas qu'on en ait parlé", avance le témoin.

"Je me mets à votre place : c'est facile de se mettre à votre place. Dans cette affaire-là, on peut facilement se projeter", déclare la présidente au témoin.

11h45 "Émilie était la chouchoute de son grand-père ?" demande la présidente. "C'est vrai", répond la mère de l'accusée. Même proximité entre le grand-père et sa petite-fille lorsque ce dernier vivait seul chez lui dans son appartement du Point du Jour, à Lyon. Jusqu'à l'hospitalisation. L'état de santé du vieil homme se dégrade alors et le corps médical dit "il n'en a plus que pour 4 ou 5 jours de vie". "Quand on vous dit (le corps médical) : il faut le laisser partir, que comprenez-vous ?" demande la présidente à Elisabeth G. Le nonagénaire s'est finalement remis après cette hospitalisation. "Ça me faisait de la peine, je n'arrivais pas ... Je ne me rappelle plus", déclare la mère. "Quel a été le rôle de votre fille à ce moment-là ?". "Je ne me rappelle plus, elle a été désignée pour suivre son état..." déclare la mère. Sur la fin de vie du vieil homme, la demande de référent du corps médical : "Pourquoi c'est votre fille qui a été désignée comme référent ?" demande la présidente. "C'est ma fille qui était proche de mon père", lance la mère. "Je ne me sentais pas de le faire", déclare Elisabeth G. L'état du vieil homme s'est amélioré en maison de retraite, un établissement choisi par la petite-fille. Il n'y reste qu'un an. 
Elisabeth G. décide de le retirer de l'établissement et de l'installer chez elle. 

11h30 Début du témoignage d'Elisabeth G., mère de l'accusée et fille de la victime.
"C'est vrai que mon père était très proche de ma fille. Il avait plus de conversation avec elle qu'avec nous. Il allait mal, il ne demandait qu'à partir. La nuit, il appelait ma mère : "viens me chercher, viens me chercher". Il ne prenait pas de médicament. Il voulait partir, il ne mangeait plus, il avait maigri !" "C'est tout ce que vous pouvez dire spontanément ?", demande la présidente. "Il souffrait", résume la sexagénaire. "Il refusait tout, il ne voulait plus qu'on le sonde, il faisait dans le lit", explique-t-elle.

"Comment a grandi votre fille ?" demande la présidente. "Moi, je travaillais beaucoup, mes parents s'en occupaient beaucoup, avec mes parents, on vivait dans le même bâtiment à Vénissieux", raconte la mère. "Est-ce qu’elle avait le sentiment d'être abandonnée par vous ?" demande la présidente. "Pas du tout !".

"Comment votre fille a-t-elle vécu le départ de votre père pour l'Espagne ?" demande la présidente. "Elle l'appelait souvent", résume Elisabeth G.

Sur la scolarité de la jeune femme : "ça allait, elle avait des bonnes notes", raconte la mère. "Et sur le plan personnel ? Un problème de surpoids qui la gênait avec les autres ? Elle aurait subi du harcèlement scolaire ?", interroge la présidente. La mère se souvient d'un seul incident. Vite classé.

11H20 Me Claus, avocat de l'accusée, demande à l'experte de revenir sur la relation de la jeune femme avec son grand-père. "À partir de 2007, elle m'explique vouloir prendre de la distance pour réussir son concours, sa vie personnelle. Mais la famille est soudée, quoi qu'il en soit", explique l'enquêtrice
"Au lycée, elle appelle son grand-père tous les jours et mange avec lui toutes les semaines", rappelle l'avocat de la défense. "Une proximité exceptionnelle ?" interroge l'avocat. "Les relations familiales sont proches", rappelle une nouvelle fois l'experte. Fin de l'audition de Marion Soulard, enquêtrice de personnalité.

11h15 Lors des funérailles de son grand-père, la jeune femme avait lu un texte. La présidente lit ce texte. Émotion de l'accusée à l'écoute de ses mots d'amour pour le disparu. "De là-haut, ils t'ont libéré de ta dernière prison. J'espère que tu as rejoint mamie, mais j'espère que depuis les étoiles, tu seras fier de moi", a écrit Émilie G.

11h05 L'enquêtrice fait état d'une excellente relation entre l'accusée et la victime. Sur le plan professionnel, l'experte réaffirme que la jeune femme est investie et sérieuse.

10h45 Témoignage en visio de Marion Soulard, enquêtrice de personnalité (SCJE). Elle a rencontré l'accusée en 2021. "Jusqu'à l'âge de 3 ans, elle grandit avec ses grands-parents maternels. Ses parents travaillent beaucoup". Sa grand-mère maternelle décède en 1997. Elle a une "scolarité classique", elle rapporte des faits de harcèlement au collège, d'un "certain isolement", d'un état de surpoids. Son grand-père, qui vivait avec sa fille et son gendre, après le décès de sa femme, part en Espagne où il achète une maison en 2004.
En 2009, elle décroche un bac littéraire. Elle fait des études de langue pour être professeur d'espagnol. Elle échoue au concours de professeur en 2014. À partir de janvier 2015, elle exerce comme professeur contractuel dans différents établissements de Lyon et du Rhône. "C'est une professeure sérieuse, investie dans son travail, qui a envie d'enseigner", selon les autorités académiques. Un seul incident a été relevé. Nouvel échec au concours en 2015. Elle décide d'attendre : plusieurs autres échecs suivront. Elle rencontre son compagnon en 2011 via un site internet. Ils s'installent ensemble et ont 2 enfants, en 2014 et 2017. L'un d'eux porte d'ailleurs pour deuxième prénom celui du grand-père. 

Lorsque le grand-père revient en France, il s'installe d'abord seul avant d'être placé en EHPAD en 2015. Les liens entre Émilie G. et son grand-père sont très forts. Elle lui rend visite quasi quotidiennement, En 2017, les parents d'Émilie G. décident de reprendre le retraité à leur domicile de Saint-Laurent de Mûre. Mais l'état du vieil homme, qui avait été hospitalisé, se dégrade.

En 2020, l'accusée va mal : échec au concours, situation d'adultère avec son compagnon, difficulté d'autorité avec ses deux enfants et dégradation de la santé de son grand-père, égrène l'expert. Le 23 octobre 2020, elle est mise en examen et placé sous contrôle judiciaire, raconte l'expert. Elle respecte son contrôle. Elle bénéficie d'un suivi psychologique, la jeune femme s'investit dans sa thérapie. À la suite de sa mise en examen, elle est suspendue par l'Éducation nationale. Elle souhaite reprendre l'enseignement. Selon son compagnon, Émilie G."est totalement détruite par le décès de son grand-père, la personne qui comptait le plus pour elle". Ses proches dépeignent "une personne gentille", "qui pense aux autres avant elle".

Suspension d'audience

10h30 La présidente demande à l'accusée de se lever et si elle maintenait sa position de défense. "Je vais maintenir ma position de défense", a déclaré la jeune femme.

10h20 Selon le médecin légiste, l'agonie du vieil homme a été brève. Le nonagénaire a connu une mort violente. Il a été victime d'une intoxication par les fumées. "Une mort violente en rapport avec "une inhalation de fumées toxiques" et "une intoxication au monoxyde de carbone". Il présentait également des brûlures sur les membres inférieurs.

L'accusation a retenu la préméditation en raison notamment de la découverte d'un "accélérant" au domicile de la jeune femme. Le juge d'instruction a conclu au caractère "volontaire" de l'incendie. "Émilie G savait que le jour des faits, ses parents ne seraient pas au domicile et s'en est assurée en téléphonant à sa mère."La préméditation est caractérisée" selon l'instruction, La jeune femme a été renvoyée devant une cour d'assises, il lui est reproché d'avoir "volontairement" donné la mort à son ascendant. "Des faits commis avec préméditation". L'accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Si l'altération du discernement est reconnue, c'est une peine de 30 ans, précise la présidente. L'accusée pleure.

10h15 qui est l'accusée ? Émilie G., née en 1991, est mère de deux enfants, deux petits garçons qu'elle a eus avec son compagnon Francky M. Le couple vivait à quelques kilomètres des parents de la jeune femme. Enseignante d'espagnol, elle tentait depuis sept ans de décrocher son CAPES. L'expert psychiatre a évoqué des "symptômes dépressifs et anxieux", des symptômes qui ont pu conduire à une altération du discernement.

De son côté, l'expert psychologue a décrit la jeune femme comme "normalement intelligente", mais a noté des "failles narcissiques" et une peur de l'abandon. "Avoir appris le matin des faits que son mari l'avait trompé, avait pu être un élément déclencheur", selon l'expert psychologue.

10h10 la présidente évoque le placement en garde à vue de l'accusée en octobre 2020. De l'essence a été retrouvée à son domicile. Elle a affirmé aux enquêteurs qu'elle n'aurait jamais pu mettre fin aux jours de son grand-père. Finalement, à sa 3ᵉ audition, elle craque. Le vieil homme aurait souhaité en finir, selon la jeune femme. Au récit des faits évoqués lors de sa garde à vue, l'accusée est toujours très émue. Elle lâche un sanglot pendant la lecture. "Je pense que si c'était à refaire, je ne le referais pas", a-t-elle déclaré lors de son audition. Sa dernière phrase : "je pleure tous les jours la mort de mon grand-père et je regrette mon geste", a-t-elle déclaré au juge lors de sa mise en examen. Le juge des libertés et de la détention a décidé le maintien en liberté d'Émilie G, mais elle ne devait avoir de contact avec ses parents. En juin 2022, cette interdiction a été levée.

10h05 Qui était la victime ? Né en 1925, en Espagne, l'ancien maçon était âgé de 95 ans. Il vivait depuis quatre ans dans la villa de sa fille, à Saint-Laurent de Mure, près de Lyon. "Mais son état s'était dégradé", ajoute la présidente. "Il était totalement dépendant, cloué au fond de son lit". Selon les témoignages, sa fille et son gendre étaient "particulièrement dévoués à son égard". L'homme ne s'exprimait plus qu'en espagnol.

10h Présentation par la présidente des faits reprochés à l'accusée. "C'est l'exposé des éléments de l'affaire qui devront être débattus", explique la présidente. Le jour des faits, les époux G. laissaient Manuel G. seul à leur domicile. À leur retour, ils ont retrouvé "son corps fumant", allongé en position fœtale. "Le médecin légiste a conclu à une mort brutale". L'homme présentait des brûlures. Très vite, au récit des faits, l'accusée est émue. Elle essuie discrètement des larmes et garde la tête baissée.

9h54 Lecture de la liste des témoins cités par le ministère public.

9h50 La cour est composée de six jurés titulaires et deux jurés supplémentaires. Plusieurs ont été récusés d'entrée. Les jurés prêtent serment. À l'exception des 2 jurés supplémentaires, ce sont exclusivement des femmes qui devront rendre un verdict et décidé du sort d'Émilie G. La jeune femme écoute avec attention.

9h38 L'appel des jurés débute, il sera suivi par le tirage au sort. La présidente décide qu'il y aura deux jurés supplémentaires.

9h30 L'audience débute. Il n'y aura pas d'enregistrement des débats. L'accusée, âgée d'une petite trentaine d'années, comparait libre. Elle décline son identité. Le banc des parties civiles est vide. 

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