Elle avait mis le feu à la chambre de son grand-père "pour soulager ses souffrances", une femme jugée à Lyon pour assassinat

Elle dit avoir voulu abréger ses souffrances de son grand-père. Une jeune femme va comparaître les 2 et 3 octobre devant les Assises du Rhône. Elle est accusée d'avoir causé la mort du nonagénaire, grabataire. Jugée pour "assassinat sur ascendant", elle risque la peine maximale de réclusion à perpétuité.

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Manuel A. avait 95 ans et vivait sur un lit médicalisé dans la maison de sa fille à Saint-Laurent-de-Mure. Le 23 août 2020, il est retrouvé mort dans son lit, calciné. Sa petite-fille, Émilie G. est jugée à Lyon mercredi 2 et jeudi 3 octobre. Poursuivie pour "assassinat par ascendant", elle est accusée d'avoir volontairement causé la mort du nonagénaire. La préméditation a été retenue. 

"Pour elle, ce procès, c'est d'abord le procès du décès de son grand-père pour lequel elle avait un attachement absolu. C'est aussi son procès, du fait qu'elle a aidé son grand-père à mourir. Elle est dans une détresse très profonde. Les enjeux judiciaires pour elle sont extrêmement importants. Elle encourt théoriquement la réclusion criminelle à perpétuité," explique Me Thibaud Claus au sujet de l'état d'esprit de sa cliente. La peine maximale sera-t-elle prononcée ? Le verdict est attendu jeudi soir. 

Incendie

Les faits se sont déroulés à l'été 2020, dans une commune de l'est lyonnais. Le 23 août 2020, dans la soirée, le corps sans vie de Manuel A., 95 ans, est découvert sur son lit médicalisé par sa fille et son mari. Sa chambre remplie de fumée. Si le nonagénaire est gravement brûlé, il a toutefois succombé à une asphyxie sévère. Le vieil homme est mort dans son lit calciné. 

Le vieil homme vivait au domicile de sa fille depuis quatre ans. Son état s'était dégradé en 2018. Grabataire, il était alité et entièrement dépendant. Particulièrement vulnérable, le nonagénaire était aidé par trois auxiliaires de vie au quotidien.  Rapidement, la fille du vieil homme est mise hors de cause. Mais la piste va s'orienter vers un acte criminel avec la découverte d'importantes traces de carburant. 

Quelques semaines seulement après le drame, en octobre, c'est la petite-fille de la victime, âgée de 32 ans, qui est mise en examen pour "assassinat sur ascendant". Elle est soupçonnée d’avoir tué son grand-père mourant en mettant le feu à son lit médicalisé. 

Accumulation de souffrances

Émilie G. aurait fini par craquer et par reconnaître les faits en garde à vue. La jeune femme affirme aux enquêteurs avoir voulu abréger les souffrances de son grand-père, après plusieurs demandes. Elle a avoué avoir voulu "l'aider à mourir". Elle aurait profité de l'absence de sa mère et son conjoint pour agir. Le moyen utilisé par la jeune femme : de l'essence aspergée sur le lit médicalisé du vieil homme. Preuve matérielle accablante : un bidon d'essence est justement retrouvé par les enquêteurs dans le garage de son domicile, situé à quelques kilomètres de celui de sa mère.

C'est le dossier de la fin de vie. C'est pour cela que ce dossier nous touche, mais on ne soutient rien, on ne soutient aucune cause. On n'est pas dans un militantisme de l'euthanasie.

Me Thibaud Claus

Avocat de la défense

Pour l'avocat, Émilie G. n'est pas une militante. Selon lui, cette affaire est avant tout l'histoire d'une "détresse absolue".  "Ce dossier, c'est une accumulation sur l'état de santé de ce grand-père. Il est alité depuis quatre ans, il a une sonde urinaire, il porte des protections pour les selles, il s'alimente très peu, il ne se lève plus, il ne se douche plus et il souffre. Il râle, il veut rejoindre sa compagne, demande à ses proches quand viendra la piqure… il en a marre de la vie", relate l'avocat de la défense. "Il demandait à mourir, il demandait à ce qu'on l'aide à mourir. Il le demandait à tous ses proches : sa fille, son beau-fils, son fils, sa belle-fille ", ajoute Me Claus. "Ce qui s'est passé ce jour-là, c'est un tout : accumulation, détresse, affection". Selon l'avocat, sa cliente était très attachée à son grand-père et "n'aurait plus eu la force de dire non", "la force de refuser l'acte qui lui est demandé".

Absence de parties civiles

Pourquoi avoir choisi ce moyen pour mettre fin à la vie du vieil homme ? L'avocat tient à souligner que le vieil homme n'est pas mort brûlé. La jeune femme aurait voulu "qu'il parte sans douleur. Elle espérait qu'il ne se réveille pas et qu'il parte pendant son sommeil". 

Qu'est-ce qui a déclenché son passage à l'acte ? L'analyse de la personnalité de l'accusée, ainsi que les expertises psychiatriques et psychologiques seront les temps forts de ce procès d'assises. 

Émilie G. est restée libre dans l'attente de son procès. En avril dernier, son contrôle judiciaire a même été allégé par la chambre d’instruction de la cour d’appel de Lyon. La jeune femme est professeur de langues et mère de deux enfants. La trentenaire, aujourd’hui vendeuse, a été suspendue de l’Éducation nationale. Quatre ans après les faits, elle va comparaître libre devant la cour d'Assises. Elle risque la réclusion criminelle à perpétuité. La peine maximale. Me Thibaud Claus, l'avocat de l'accusée, espère un verdict sans peine de prison ferme. La famille de la jeune femme ne s'est pas portée partie civile et la soutient. L'avocat l'explique : "Tout le monde sait que ce geste est un geste d'amour, un geste pour ce grand-père, ça ne veut pas dire que tout le monde cautionne."

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