Un ancien cadre de l'Épi du Rouergue (enseigne de boulangerie industrielle) a-t-il harcelé voire agressé des employées durant des années ? C'est la question à laquelle doit répondre le tribunal de Rodez (Aveyron). Huit femmes auraient été victimes de ses agissements supposés, Trois ont porté plainte.
"Je ne suis pas comme ça, ce n’est pas vrai". Cet ex-cadre de l’Épi du Rouergue nie toute accusation de harcèlement ou agression sexuelle supposés commis entre 2009 et 2021. Le prévenu de 66 ans était ce mercredi 29 janvier 2025 devant le tribunal de Rodez (Aveyron).
Des agressions commises entre 2009 et 2021
Face au tribunal, l’homme apparaît surpris sur le banc des prévenus. Les victimes semblent ulcérées, elles qui soutiennent avoir subi pendant des années des blagues salaces, des mains aux fesses ou sur les seins, ou encore des propositions indécentes. "José ne parlait que de sexe et avait le regard vicieux. C’est un pervers. Les propos sexistes et dégradants c’était tout le temps et même parfois devant les clients."
8 femmes auraient été victimes de cet ancien responsable des vendeurs aveyronnais mais seulement 3 ont décidé de porter plainte. José Pereira est parti à la retraite en 2022. Les faits qui lui sont reprochés auraient été commis entre 2009 et 2021.
La présidente du tribunal pousse le prévenu dans ses retranchements et le met face à ses contradictions. "C’était votre manière de fonctionner", assène-t-elle. Pour les avocats des parties civiles, la situation est inexcusable. "Ce n’était pas le coq dans son poulailler mais le renard", lance Me
Arnaud Cagnac. Il savait pertinemment le pouvoir qu’il avait sur les salariées, le pouvoir de les embaucher, de les déplacer d’une boutique à l’autre."
Selon les deux avocats, la direction de l’Epi du Rouergue n’a pas su protéger les victimes. Elle a maintenu le cadre pendant 40 ans dans la société sans être inquiété. Elle l'a juste poussé à la retraite en 2022, un an avant la date prévue.
Le procureur demande une peine de 5 ans de prison
Des signalements ont été faits à la direction. Hélène (son prénom a été changé), 36 ans, a été la première à révéler l'affaire. Elle a quitté l'entreprise après avoir subi ces agressions pendant 14 ans selon elle. "Il me touchait la poitrine, me touchait par devant. Il a voulu m'embrasser plusieurs fois et il l'a fait dans un bureau. Mais c'était plutôt des attouchements, mains aux fesses. Je disais non mais il y a des moments où on était seuls dans le magasin. J'avais peur."
Une autre salariée victime a prévenu la direction. Quelque temps plus tard, elle a été convoquée par son agresseur présumé et aucune mesure n’a été prise. Il l'aurait même menacée verbalement.
Le procureur demande la condamnation du prévenu âgé de 66 ans à 5 ans d’emprisonnement dont 3 avec sursis, assortie d'une obligation de soins et d’indemniser les victimes, de l'interdiction de paraître dans les enseignes "Epi du Rouergue" et de son inscription au fichier des délinquants sexuels.
Le jugement a été mis en délibéré au 5 mars à 14h. Date jusqu'à laquelle, le prévenu est présumé innocent.
Écrit avec l'équipe de France 3 Quercy-Rouergue : Nathalie Rougeaud et Luc Tazelmati.