REPLAY. "Exils adolescents", paroles de mineurs isolés qui en France veulent avoir leur place parmi les autres

Ils étaient mineurs lorsqu'ils sont arrivés en France, à Lyon. Fanny, Yakuba, Benthiéni racontent comment ils ont décidé de prendre leurs vies en mains. Ni martyrs, ni héros ils veulent juste avoir une place parmi les autres et ils s'en donnent les moyens. Des parcours de vies racontés dans "Exils adolescents" d'Antoine Dubos. A découvrir dans La France en vrai sur france 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

Il n'y a pas de pathos dans le film d'Antoine Dubos. Juste de l'humanité, parfois entachée d'inhumanité institutionnelle.

L'humanité c'est celle du réalisateur. Il a, pendant plus de deux ans, suivi ces jeunes migrants : Fanny la togolaise, Benthiéni le malien et Yakubé le guinéen.

Tous étaient mineurs lors de leur arrivée à Lyon et c'est Yakubé, qui  raconte à la première personne. Un choix du réalisateur, devenu au fil du tournage une évidence :

" J'avais fait beaucoup d'entretiens enregistrés puis écris un commentaire à partir des mots recueillis. J'ai proposé un texte, Yakuba l'a retravaillé. Ces jeunes sont les acteurs de leurs vies. C'est ce qui est montré dans le film. Un nouvel espace de parole s'ouvre. Celui d'une parole libre et libérée. C'était normal que ce soit l'un d'eux qui raconte" .

"A l'arrivée en France c'est là, comme on dit en Afrique, que le film commence" Yakuba

Et Yakuba de raconter, comment il a quitté la Guinée avec trois amis, comment deux d'entre eux sont morts au Maroc, la dangerosité de la traversée, l'arrivée à Lyon Perrache, la prise en charge par l'ASE ( l'aide sociale à l'enfance a obligation de mettre à l'abri et d'accompagner socialement et scolairement les mineurs isolés) et la rencontre avec le RESF (réseau éducation sans frontières). 

Comment ici, il rencontre Fanny, 16 ans, partie du Togo pour  fuir un mariage forcé. Fanny, enceinte qui dans un rire, présente sa petite Bénita née en France : " Elle au moins n'est pas mineure isolée ! Sa mère est ici !"

"On a ça aussi en nous : la foi, l'espérance et l'envie de tout donner pour réussir" Fanny

Alors ils donnent aux administrations d'abord, car, souvent, les mineurs isolés sont soupçonnés de ne pas être mineurs. S'en suivent des batteries de tests à l'hôpital, des convocations devant les tribunaux, des formalités qui n'en finissent pas et qui peuvent retarder une embauche par exemple. Ainsi, il aura fallu plus de deux pour  que le tribunal admette que Benthiéni était bien mineur à son arrivée en France. Deux ans qui ont empêché au jeune malien, tout accès à des formations...

Mais il en faudra plus pour venir à bout de la volonté de chacun d'écrire sa vie  parce que, dit Fanny " On a ça aussi en nous, la foi, l'espérance et l'envie de tout donner pour réussir".

Quelques années après le tournage, Antoine Dubos, le réalisateur du film " Exils adolescents" est toujours en contact avec les jeunes " Ils ont aujourd'hui entre 20 et 25 ans. Fanny et Yakuba ont obtenu leurs cartes de séjour. Yakuba est diplômé en menuiserie et a un CDI. Fanny a suivi une formation d'aide à la personne et a eu un second enfant ".

S'ils sont moins présents dans le collectif RESF, ils viennent encore de temps en temps dans les locaux de l'association pour témoigner et pour passer le flambeau.

"Exils adolescents" , un film d'Antoine Dubos, (coproduction les films du balibari et llyon capitaleTV) jeudi 5 mai 2022 à 22h30 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes dans la case documentaire La France en vrai.

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