Yaya, 20 ans, vit la vie dont il rêvait enfant mais le chemin a été long et parsemé d'épreuves très dures. Arrivé en France mineur, menacé d'expulsion une fois majeur, il a été sauvé par Patricia, son employeur, qui a cru en lui et s'est battu pour qu'il reste en France.
Il y a un an, Mamadou Yaya Bah obtenait enfin un titre de séjour temporaire. La fin d'un combat et la promesse d'une vie meilleure grâce à l'acharnement de Patricia Hyvernat, son employeur et amie.
Aujourd'hui, le jeune homme travaille et se prépare à passer son CAP boulanger. Assuré de rester en France, il entame sa vie d'adulte droit dans ses bottes et avec des projets plein la tête.
Avec mon mari, on est fiers de nous
Maltraité par sa famille en Guinée, Yaya est envoyé à l'âge de 14 ans en Lybie, 2 ans d'enfer... En 2017, il est mineur isolé à Bourg-en-Bresse. A sa majorité, il reçoit l'ordre de quitter le territoire français.
Patricia entame alors une grève de la faim pour lui obtenir le droit d'être apprenti dans sa boulangerie et de rester en France. "On ne peut que l'admirer. Il a vécu le pire. Il en a fait une force dit-elle pleine d'admiration. "On se dit avec mon mari qu'on a bien fait. On est fiers de nous" ajoute-elle.
Si tout se passe bien, Yaya reprendra la boulangerie dans 5 ans. Le couple est convaincu par ses capacités et envisage avec bonheur de lui transmettre le fruit d'une vie de travail.
Yaya bientôt diplômé
En mars 2021, le jeune homme a intégré en cours d'année le centre de formation des apprentis au CECOF d'Ambérieu.
Très motivé par la chance qu'on lui a donnée, il a appris à franchir les obstacles. Il y a 4 ans, il n'avait que quelques mots de français pour tout bagage. Aujourd'hui, Yaya est délégué de la classe. Le jeune homme est confiant tout comme ses professeurs. "Il travaille bien, il pose des questions, il participe. Il est souvent moteur dans la classe. C'est vraiment une crème d'apprenti" explique Céline Rostaing, son professeur Maths Physique Chimie.
En parallèle de son apprentissage en boulangerie, l'apprenti a adopté le rythme du travail à la ferme et pris les responsabilités d'un paysan. Il apprécie la compagnie des animaux qui lui rappellent son pays.
Il faut travailler dur mais le plus dur c'est de ne pas avoir de travail. Pour vivre, il faut travailler. Il ne faut pas attendre que l'on te donne. Il faut travailler pour avoir de quoi vivre
Yaya
Yaya, la force d'un engagement au quotidien devenu un combat pour l'avenir
"C'est à nous, les immigrés, de prouver à ceux qui croient que nous sommes des profiteurs, que nous sommes là parce que nous sommes menacés dans notre pays et que l'on cherche une vie meilleure" ajoute Yaya.
Aujourd'hui, Yaya est heureux mais il a encore du mal à se projeter dans l'avenir. "Je vis au jour le jour". Dans quelques jours, il aura son permis de conduire et gagnera encore en autonomie.
D'autres Yaya vont suivre
Le combat de Patricia ne s'arrête pas pour autant. "Il y en a plein d'autres comme Yaya, méritants, qui attendent et il y a plein de patrons en détresse qui sont dans l'incapacité de faire tous les papiers administratifs tellement c'est long". Le couple est déjà prêt à accueillir d'autres jeunes réfugiés et à les former.
Patricia attend de l'administration une simplification des démarches pour que les "petits patrons" à la recherche d'apprentis qu'ils ont du mal à trouver sur le territoire puissent embaucher de jeunes réfugiés en toute légalité. "On a besoin d'eux".
Elle déplore aussi que Yaya ait l'obligation de renouveler chaque année son titre de séjour car cette situation place le jeune homme dans une situation de stress qu'elle juge injuste vu ses efforts.
Pour elle, il a gagné sa place et mérite qu'on le laisse vivre sa vie sans avoir à regarder derrière son épaule.