Si un passager clandestin est retrouvé dans un camion, le transporteur s'expose à une amende par les services de l'immigration britannique. Face à l'augmentation drastique de cette dernière, les transporteurs du Pas-de-Calais menacent de bloquer les marchandises vers l'Angleterre.
"Propriétaires, conducteurs, loueurs et opérateurs doivent sécuriser leurs véhicules afin d'empêcher l'accès non autorisé de clandestins. Dans le cas contraire, vous risquez de recevoir une amende dans le cadre du programme britannique de sanctions civiles contre les entrées clandestines".
Sur son site internet, le gouvernement britannique ne peut pas être plus clair : si un migrant est retrouvé dans un véhicule vers l'Angleterre, alors le conducteur et/ou l'entreprise qui gère le véhicule s'exposent à une amende. Cette disposition n'est pas nouvelle. Elle remonte au Immigration and Asylum Act de 1999.
"Avant les conducteurs et l'entreprise devaient chacun payer 2000 livres par migrants", se rappelle David Sagnard, président de la fédération nationale du transport routier (FNTR) dans le Pas-de-Calais. Mais "depuis six mois, les pénalités ont été multipliées par 6 : soit 12000 livres pour l'entreprise et 12000 livres pour le conducteur", fustige-t-il.
Au total, les transporteurs s'exposent désormais à une amende de près de 29000 euros au cas où un passager clandestin est retrouvé lors d'une livraison vers la Grande-Bretagne. Un tarif qui ne passe pas pour les professionnels du transport routier qui menacent de suspendre le trafic vers l'Angleterre.
"C'est plus de quatre mois de salaire"
Si avant la hausse de cette amende, des négociations entre l'immigration britannique, les transporteurs et le gouvernement français avaient abouti à la mise en place de procédures pour alléger les pénalités, la facture est aujourd'hui difficile à honorer pour ces derniers. "C'est plus de quatre mois de salaire", pointe David Sagnard. "Nous sommes pris pour des passeurs alors que nous sommes des victimes."
On a la triple peine.
David SagnardPrésident FNTR 62 - PDG transports Carpentier
Si l'entreprise n'est pas en mesure de régler cette somme, le camion est alors immobilisé par les forces de l'ordre britanniques.
Aussi le PDG des transports Carpentier, David Sagnard a déjà trois amendes de ce type sur son bureau. À la quatrième, il n'hésitera pas à stopper tout trafic vers l'Angleterre, ce qui représente à peu près 4000 traversées pour son entreprise. "Je redirigerai mes camions vers l'Espagne ou l'Italie", décrit-il. "On mettra tout en œuvre pour fermer la frontière".
On mettra tout en oeuvre pour fermer la frontière.
David SagnardPrésident FNTR 62 - PDG transports Carpentier
Cette hausse de l'amende représente pour lui une "triple peine". "On a des temps d'immobilisation prolongés, car des enquêtes se lancent après la découverte de migrants. On a des sinistres sur les marchandises. Et finalement des amendes sont imposées par l'immigration britannique."