C'est un vaste réseau de blanchiment du trafic de drogue qui vient d'être démantelé en France. Les sections de recherches de Lyon, Chambéry notamment , appuyées par Europol, ont mis au jour un réseau qui blanchissait 90 millions d'euros par an. L'argent était récolté... par camion
La gendarmerie française a dévoilé ce vendredi 13 novembre le fruit de cette opération qui est le fruit de plusieurs mois d'enquête et d'une longue coopération, entre toutes toutes les sections spécialisées à travers tout l'hexagone.
Les poids lourds sillonnaient en effet toute la France pour collecter l'argent généré par des trafiquants de drogue avant de l'acheminer au Maroc via l'Espagne:" un vaste réseau, qui blanchissait environ 90 millions d'euros par an, a été démantelé début novembre", a annoncé la gendarmerie française.
Au total, les sections de recherches de Lyon, Chambéry, Nîmes et Montpellier, appuyées par une unité d'Europol spécialisée dans la traque du blanchiment, ont arrêté 18 personnes et saisi 4 millions d'avoirs criminels (espèces, appartements, camions, voitures, comptes bancaires), a détaillé la gendarmerie dans un communiqué.
Près de 90 millions d'euros blanchis chaque année
Quatorze des personnes interpellées ont été placées en détention provisoire et quatre sous contrôle judiciaire dans une instruction menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lyon, chargée des dossiers de grande criminalité organisée.
Les enquêteurs ont estimé que le réseau pouvait blanchir jusqu'à 90 millions d'euros chaque année, pour être notamment réinvesti dans l'immobilier au Maroc. Quelque 37 kilos de cannabis, 5 kilos de cocaïne, deux fusils de chasse et un pistolet automatique ont également été trouvés lors des perquisitions.
L'affaire "Cash Collect" a démarré par un tuyau de la section de recherches de Lyon.
L'affaire, baptisée "Cash Collect" par les enquêteurs, a en fait débuté en 2018 grâce à un tuyau de la section de recherches (SR) de Lyon. : après plusieurs surveillances, les gendarmes lyonnais ont découvert "qu'une flotte d'une quinzaine de poids lourds immatriculés au Maroc servait au transport de marchandises mais aussi de l'argent sale de trafiquants de drogue connus des services"."L'argent était dans des cabas de supermarchés, bien empaqueté en liasses avec un carnet de compte dans la cabine du conducteur, sans cache", explique le colonel Laurent Lesaffre, commandant de la SR de Lyon.
"Si la remise d'argent se déroulait en général en dix minutes, certains camions faisaient parfois des pauses de 24h sur les sites de collecte ce qui est étonnant pour quelqu'un qui transporte des marchandises", relève le colonel.
L'argent était aussi convoyé dans des voitures. C'est en interceptant l'une d'elles en septembre 2019 au péage du Boulou, avant de passer la frontière franco-espagnole, que les enquêteurs ont interpellé un conducteur avec "plus de deux millions d'euros en liquide dans des sacs posés dans son coffre", a ajouté M. Lesaffre.