Un long fil de bave solidifiée qui devient le tissu le plus raffiné au monde... Sans la chenille d'un papillon assez moche, le Bombyx, la soie n'existerait pas. De la larve de papillon à l'incarnation du luxe, l'histoire d'une incroyable métamorphose.
Du 16 au 19 novembre 2023, Lyon accueille la cinquième édition de Silk in Lyon, le festival de la soie. L'occasion de revenir sur l'origine du textile le plus célèbre et le plus recherché de l'histoire humaine.
Douce, légère, chatoyante et infiniment précieuse : la soie est l'étoffe la plus raffinée qu'on ait jamais produite. Mais avant d'être ce tissu fascinant, la soie est en réalité... la bave d'une chenille ! Celle d'un papillon blanchâtre et assez laid, le Bombyx.
Comme toutes les chenilles, sa métamorphose se produit dans un cocon, fait d'une sorte de fil de bave solidifiée : le fil de soie. Le fil durci qui constitue chaque cocon mesure entre 800 m et 1.5 km ! Il suffit ensuite de le dévider puis de le filer et hop ! Le fil de soie est prêt.
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Curieusement, le Bombyx Mori qui produit la soie n'existe pas à l'état sauvage. C'est un papillon créé par l'homme, par sélection d'élevage, au fil (c'est le cas de le dire) des millénaires. L'élevage des chenilles du bombyx, les fameux vers à soie, s'appelle la sériciculture.
En réalité, cet élevage consiste d'abord à nourrir les chenilles voraces qui ne boulottent qu'une seule sorte de végétal : les feuilles de mûrier. Pendant quatre à cinq semaines, les chenilles ne font que ça : manger sans s'arrêter, jusqu'à multiplier leur poids par 10 000 !
Née en Chine il y a plus de 5000 ans, la soie a essaimé au Moyen Âge dans toute l'Europe, traçant d'un fil ténu, des routes terrestres et maritimes : les légendaires routes de la soie entre l'Asie et l'Europe.
Lyon, fief de la soie grâce à François 1er
Mais il faut attendre la Renaissance pour que Lyon s'impose comme l'une des capitales européennes de la fabrication de la soie. En 1536, François 1er autorise à la ville l’activité de tissage de la soie. Quatre ans plus tard, Lyon obtient le monopole d'importation de la soie brute (dite soie "grège").
L'activité ne cessera de croître jusqu'au 19ème siècle, l'apogée de la soierie lyonnaise. En 1868, la soie représente les trois quarts de l'industrie locale, 400 entreprises et 105.000 métiers à tisser.
L'Ardèche, le ver et les mûriers
Pour la fabrication du fil de soie, c'est au sud que tout se passe, en particulier en Ardèche. Dès le 14ème siècle, l'élevage du ver à soie s'y développe. Au 19ème siècle, l'activité est si lucrative que la plupart des foyers ardéchois s'y mettent. Le textile représente alors le premier secteur économique du département.
Le précieux fil obtenu, il faut le filer. Les moulinages poussent comme des champignons le long des rivières. Les fils torsadés sont ensuite acheminés à Lyon vers les ateliers de soierie.
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Des grands noms qui demeurent
Aujourd'hui, à Lyon, quelques grandes maisons de soierie existent encore, comme la manufacture Prelle ou la maison Brochier. La quasi-totalité de la soierie française est encore créée à Lyon, mais dans des quantités qui n'ont plus rien à voir avec celles du passé. Néanmoins, le savoir-faire lyonnais s'est élargi à d’autres tissus, essentiellement techniques, ce qui fait de la région Auvergne Rhône-Alpes la première région textile de France.