Alexandre Beretta aime les porter. Ca tombe bien, sa vie est justement en équilibre sur deux casquettes : les deux passions qui animent sa vie de "street-artist", et aussi de sportif international en descente extrême. Il cherche des sponsors. Portrait
Street-artist... Alexandre considère que c’est son métier : « Je peins des fresques dans le monde entier. Mon objectif serait même d’en signer une dans chaque pays du monde. » Il a trouvé son style progressivement, notamment durant trois années au sein de l’école lyonnaise Emile Cohl, qui a créé un projet de formation continue de plasticien muraliste "Ecohlcité". Cette école est à l’origine de plusieurs peintures murales connues à Lyon, comme la fameuse "fresque des lyonnais". Il a aussi participé à une partie de la création de l'immense mur dédié à Paul Bocuse, sur le cours Lafayette, en face des halles à Lyon. Alexandre y a trouvé son style et ses techniques favorites, mêlant le pinceau traditionnel et les bombes de spray.
En 2017, il s’est notamment fait connaître en créant une affiche pour soutenir le Musée des tissus de Lyon, alors menacé de disparaître. « Le sujet m’a inspiré. J’ai créé un guignol YES WE CANut, avec, en arrière-plan, une tapisserie du musée ». Il en colle alors une centaine dans les rues de la ville et lance un défi. Il propose à chacun de se prendre en photo devant l’une de ces affiches en « faisant le guignol » et de poster le résultat sur les réseaux sociaux. « Pas mal de medias ont relayé ce petit concours de photos à l’époque, ce qui a créé le buzz et soutenu la cause. »
Des oeuvres réalisées sur commande
Graffs, tags… Attention aux amalgames. Même s’il ne les dénigre pas, Alexandre ne revendique pas de faire des artistes qui créent « dans l’illégalité ». Il réalise majoritairement ses œuvres dans un cadre professionnel « Je suis rémunéré pour mes créations. Je passe un accord avec le propriétaire d’un lieu, qu’il soit privé ou public. » Et il élabore ses peintures sur des murs, en extérieur ou dans des bâtiments. Avec une exigence de respect de son environnement. « Je veille toujours à ce que l’espace sur lequel je m’exprime soit mis en avant par mon travail. Il m’est arrivé, je l’avoue, un jour, de repeindre un mur couvert de tags, en Normandie. C’était un promontoire qui donnait vue sur toute la côte. Je l’ai transformé en proue de navire... » raconte ce rêveur inspiré, qui publie la plupart de ses créations sur un site internet. On y découvre la palette de ses oeuvres, qui sont adaptées, souvent, aux désirs de décoration de ses clients.
Des records de descente à 82 km/h sur glace
Mais le mélange des couleurs et des formes n’est pas la seule source d’inspiration de ce franco-irlandais de 27 ans. Passionné de voyages, Alexandre mene également un parcours de sportif extrême et international. Il fait de la « descente à haute vitesse » en patins. « J’effectue deux « world tours » par année. L’un, durant l’été, se fait sur roller, et l’autre en hiver sur patins à glace. » décrit-il. Le principe, aussi simple qu’impressionnant, consiste à aligner quatre concurrents sur une ligne de départ. Ils doivent s’élancer à grande vitesse dans un parcours semé d’obstacles, et arriver le plus vite possible en bas. Chaque année, l’une de ces épreuves se déroule à Lyon, place Bellecour, lors du Lugdunum Roller contest. Une discipline qui n’est pas sans risque : « En patins à glace, le record est de 82 km/h en descente. Et un peu moins en roller, autour de 60 km/h. Ca peut vite être dangereux. » N’importe qui peut se lancer dans cette pratique, très télégénique mais pourtant trop peu médiatisée « Il suffit de s’inscrire par internet. Et ensuite c’est une question de technique et de courage » explique-t-il. Les épreuves débutent par deux runs de qualification en solo. Le meilleur temps effectué permet d’établir un classement, et de lancer des pools de quatre compétiteurs. Les deux meilleurs arrivés en bas accèdent au round suivant.
La Covid19 met un frein
Malheureusement, comme bon nombre d’activités, les passions d’Alexandre ont été stoppées subitement par la pandémie de coronavirus. Quasiment plus de voyages à l’international, plus de rassemblement. Alexandre est obligé de patienter. En attendant, il cherche activement des sponsors, ou des propriétaires pour réaliser ses créations murales. Il travaille aussi régulièrement pour des collectivités locales ou des associations. Les deux activités sont à la fois synonymes de liberté et de sensations. Mais, contexte oblige, il est devenu difficile d’en vivre. « Aujourd’hui, honnêtement, c’est devenu davantage de la survie » ironise Alexandre « C’est devenu un vrai problème de vouloir vivre de son art en France actuellement. ». Grâce à l’aide de potentiels soutiens financiers, il souhaiterait pouvoir continuer à rencontrer le public, et « apporter des couleurs et des frissons dans la vie des gens »