C'est un nom étoilé qui fait rêver : Bocuse. L'héritier de Monsieur Paul, Jérôme Bocuse, entend bien le protéger. Il vient de saisir la justice et un procès devrait avoir lieu en 2023. Un séisme dans le petit monde de la gastronomie lyonnaise. On vous explique de quoi il s'agit.
C'est un bras de fer qui a commencé entre le groupe Bocuse dirigé par Jérôme Bocuse, héritier du chef triplement étoilé et l'actuelle direction de l’Institut Paul-Bocuse. L'école, installée à Ecully, porte son nom depuis 20 ans mais les choses pourraient bien changer.
Au nom du père...
Selon le fils de Monsieur Paul, l’Institut d’Ecully utiliserait depuis des années son patronyme de manière abusive. Pour l'avocate, Carine Piccio, seul un droit d’usage du nom Bocuse a été accordé à l’Institut à condition qu’il ne soit pas utilisé à des fins commerciales. Une utilisation gratuite, explique l'avocate.
Aujourd'hui une action juridique a été engagée. Son fondement juridique est simple : un contrat existe et on estime qu'il n'est pas respecté. Et donc on demande à un juge de le constater.
Carine PiccioAvocate de Jérôme Bocuse
Des débordements constatés par Monsieur Paul en personne, d'après l'avocate de Jérôme Bocuse. Et l'affaire aurait commencé vers 2010, bien avant la mort de Paul Bocuse en 2018. "Quand il a vu qu'il y avait en région lyonnaise une clinique qui présentait à ses patients des plateaux-repas à son nom et dont il n'avait jamais entendu parler; que la classe affaire d'une compagnie aérienne était rebaptisée pendant un temps sous le nom Bocuse, quand il a vu sa photo utilisée partout, on commençait à s'éloigner vraiment des activités d'enseignement de l'Institut", explique Carine Piccio.
D’après le clan Bocuse, il existerait plusieurs dizaines d’exemples d’utilisations jugées abusives, dont des recettes Bocuse proposées par une marque de produits surgelés. "Paul Bocuse, c'est une cuisine de tradition, il a toujours défendu les produits frais, les circuits courts et jamais il n'a souhaité cela", précise l'avocate.
L'Institut dément
Dominique Giraudier, l’actuel directeur général de l’Institut Paul Bocuse, dément catégoriquement toutes ces accusations, mais si ce conflit perdure, l’institut Paul Bocuse pourrait perdre son nom.
"Cette école est une association de Loi 1901. Nous n'avons pas vocation à faire des actions commerciales. Nous avons juste une chose à faire, c'est de la formation", assure Dominique Giraudier, directeur général de l'Institut. "Tout ce que nous consacrons est à l'école, rien qu'à l'école, tout à l'école. Les produits dérivés, les voilà, c'est ce que portent nos étudiants aujourd'hui autour du cou ou des pin's", explique le directeur tout en montrant un foulard.
Quelle issue ?
L’Institut Paul Bocuse va-t-il perdre son illustre patronyme ? "Si aucune solution n'est trouvée, cela pourrait être la seule option à la fin. Mais la porte reste toujours ouverte", déclare Carine Piccio, l'avocate de Jérôme Bocuse.
"On est l'Institut d'excellence de Lyon, c'est ce qu'on est aujourd'hui et c'est ce qu'on sera demain. Peu importe le nom", assure de son côté Dominique Giraudier.
L’affaire Bocuse contre Bocuse se règlera devant les tribunaux dans quelques mois, en 2023.