Il y a 80 ans : le sabotage dans la Drôme, du pont de Livron, par des résistants

Dans la nuit du 16 au 17 août 1944, des résistants font sauter le pont de Livron dans la Drôme, pour ralentir la retraite des troupes allemandes.

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"Un éclair, suivi d'un fracas épouvantable" raconte Henri Faure dans ses mémoires. Le 17 août à 1h30 du matin, le chef de la section atterrissage et parachutage de la Drôme et de l'Ardèche vient de faire exploser l'arche sud du pont de Livron, avec un commando de 20 résistants. 

Une action décisive

Le pont de Livron enjambe la rivière Drôme et relie le village à Loriol, par la Nationale 7. C'est le dernier pont encore utilisable dans le département. Le 15 août, le débarquement en Provence a commencé, détruire les ponts est d'une importance vitale, pour ralentir la retraite de la 19ème armée allemande, vers le nord dans la vallée du Rhône. Le seul itinéraire possible est la Nationale 7, car les routes des Alpes et des Cévennes sont contrôlées par le maquis.

Un mois plus tôt le chef des FFI de la Drôme, Jean-Pierre de Lassus Saint-Geniès, alias, Legrand, avait demandé à Henri Faure, alias Albert de se préparer à faire sauter l'ouvrage. Pour éviter de nombreuses victimes civiles, un bombardement avait été exclu. Ordre est donné le jour du débarquement sur les plages du Var.

Le 16 août dans l'après-midi, Henri Faure, réunit un commando de 20 résistants. Ces hommes sont presque tous originaires d'Allex ou de Livron et connaissent très bien les lieux, en cas de repli. Aucun n'est muni de ses papiers d'identité, pour éviter d'éventuelles représailles sur les habitants, s'ils sont pris.

Une partie des armes, munitions et explosifs, récupérés au fil des parachutages, est cachée dans un hangar chez des fermiers du plateau de Soulier, les Chabanne. Du plastic, des balles et des mitraillettes. Le petit-fils, Claude Malleval, relate à nos confrères de France Bleu Drôme : "Des Allemands sont venus, ils cherchaient de la nourriture, ma grand-mère leur a donné des œufs, à un moment, un des soldats s'est assis sur une botte de paille que mon oncle, adolescent, avait placée là, pour cacher les munitions, un grand moment de frisson".

Une opération très risquée

Un repérage a fait apparaître que cet ouvrage d'art, construit en pierres de taille, est d'une solidité à toute épreuve. Il est matériellement impossible de le faire sauter par-dessous. De plus il est gardé en permanence par des soldats et des batteries de la Flak, la DCA allemande et les soldats du poste de garde se trouvent à moins de 100 mètres. L'attaquer par-dessus, est donc une opération très périlleuse.

À proximité du pont il y a des va-et-vient incessants de colonnes motorisées allemandes, mais l'opération est maintenue.

Vingt-deux heures, tout le monde est au rendez-vous, chaque homme a reçu une charge de plastic. Il faut faire le moins de bruit possible. Près du pont des Allemands chantent. Des groupes de protection se mettent en place face à l'ennemi, ils sont équipés de fusils-mitrailleurs, des mitraillettes et des grenades. Le reste du commando franchit le pont, protégé par le parapet de pierre. Les hommes doivent effectuer deux puits de mine, espacés de six mètres. Les trous sont creusés avec des barres à mine, entourés de chiffons.

"À chaque fois, on s'arrête, on regarde si rien ne bouge, les nerfs de chacun sont mis à rude épreuve". Raconte Henri Faure. À chaque fois que les résistants repèrent les feux d'une voiture, ils doivent se replier dans l'ombre. Des patrouilles allemandes passent et ne s'arrêtent pas.

Mission accomplie

Trois cellules de plastic sont insérées dans chaque trou avec des mèches lentes, reliées à des cordons détonants. Les hommes en protection se replient à distance avant la mise à feu. Une heure trente du matin, les mèches sont allumées.

"La terre tremble quelques secondes, un silence de mort, puis une pluie de pierres s'abat sur nous. Les gars, pas de blessés ?" demande Henri Faure, chef du commando, à ses hommes

Les résistants n'en prendront connaissance qu'au lever du jour : les 180 kilos d'explosif, ont détruit l'une des trois arches du pont de Livron. Un trou de 27 mètres de longueur. Les sapeurs du Génie Allemand ne peuvent pas réparer, leurs traverses mesurent deux mètres de moins.

Cette opération transforme la retraite de l'armée allemande en véritable déroute. Les véhicules tentent de traverser la rivière à gué, s'enlisent. Dans le lit de la rivière gisent des épaves. La Wehrmacht, coincée entre le Rhône, les Alpes et la Drôme va affronter 5000 hommes de la task force Butler et 2000 maquisards, appuyés par l'aviation. La bataille de Montélimar durera jusqu'au 28 août.

Lors des commémorations du 50ème anniversaire de la libération, le pont a été rebaptisé pont du commando Henri Faure. Sur le plateau de Soulier, une stèle en hommage aux résistants a été érigée avec les pierres de l'arche détruite et ces mots, gravés : "Discrets furent les habitants du lieu, témoins sont ces pierres du pont".

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