Une nouvelle couronne a été réalisée pour la statue de la Vierge de Fourvière. Elle est signée par un orfèvre de renom. Moins précieuse, cette nouvelle pièce est très différente de la précédente dérobée en mai 2017 lors d'un cambriolage du musée d'Art Religieux de Fourvière.
La nouvelle couronne de la Vierge de Fourvière est en argent. Elle a été martelée et non fondue. Massive et brillante, elle est sertie de plusieurs pierres de couleur. Du bleu pour représenter Marie, du rouge pour la royauté divine, du jaune symbole de divinité et du marron pour la couleur des Hommes. C'est l'orfèvre Goudji qui a été choisi pour réaliser cette pièce d'art sacré. L'œuvre a été financée par une dizaine de familles lyonnaises. Elle a été dévoilée cette semaine.
S'il n'y avait pas eu le vol, il n'y aurait pas eu de nouvelle commande de couronne. C'est rarissime, c'est historique
Manuelle-Anne Renault, assistante de conservation du musée d'Art Religieux de Fourvière
La Vierge de Fourvière, bientôt couronnée 2 fois
Grâce à cette commande, la statue de la Vierge située à l'intérieur de la Basilique de Fourvière va donc bientôt retrouver sa couronne. La tête de la sainte en était privée depuis un vol survenu en mai 2017. Ce nouveau couronnement est un événement exceptionnel.
"Une statue de vierge est couronnée une fois. Pouvoir revivre un re-couronnement, ça arrivera une fois dans la vie. S'il n'y avait pas eu le vol, il n'y aurait pas eu de nouvelle commande de couronne. C'est rarissime, c'est historique", explique Manuelle-Anne Renault, assistante de conservation du musée d'Art Religieux de Fourvière.
La nouvelle couronne prendra place à 8 mètres de haut et non dans le musée d'Art Religieux. C'est un représentant du Pape qui va venir à Fourvière et positionner cette couronne à l'emplacement de l'ancienne. La cérémonie de couronnement aura lieu le jeudi 1er décembre à partir de 18h30.
En attendant, les Lyonnais pourront découvrir la nouvelle pièce exposée jusqu'au 30 novembre.
Autrefois, une couronne en or
Moins riche, moins baroque, la nouvelle couronne, estimée à 25 000 euros, est bien différente de la précédente qui était en or massif. A l'exception d'une petite citrine qui appartenait à l'ancienne couronne et qui s'est dessertie au moment du cambriolage, elle n'est ornée d'aucune pierre de grande valeur. Une volonté assumée. "On a demandé à Goudji d'insérer cette petite pierre sur la nouvelle couronne pour qu'il y ait cette idée de continuité", explique Manuelle-Anne Renault.
La nouvelle couronne est ornée de jaspe, d'aventurine, de serpentine, de l'agate, du quartz ou encore du cristal de roche.
L'ancienne couronne pesait près de 4 kg d'or. Son estimation qui s'élevait à environ 1 million d'euros, a attiré les convoitises. Outre son poids en or, elle était sertie de près de 1800 gemmes, pierres précieuses et semi-précieuses. La couronne avait été réalisée en 1899 par l’orfèvre lyonnais Armand-Calliat grâce aux dons des fidèles. Des nombreuses Lyonnaises, bourgeoises ou simples ouvrières, avaient offert jusqu'à leurs bagues de fiançailles pour remercier Marie. Un témoignage de gratitude envers la Vierge pour avoir permis à leurs époux ou fiancé de rentrer vivant après la guerre de 1870. Le signe d'un fort attachement des Lyonnais à Notre-Dame de Fourvière.
Un vol en 2017, jamais élucidé
Ce précieux témoignage de ferveur s'est volatilisé une nuit de mai 2017. Plusieurs individus ont fait main basse sur la couronne de la Vierge, pièce majeure du trésor de Fourvière, pourtant protégée par un système sophistiqué. Ils ont aussi emporté un anneau et un calice. La précieuse couronne était entreposée dans le musée d'Art religieux.
Les malfaiteurs se sont introduits dans les lieux en pleine nuit. Déterminés, ils ont pénétré dans le musée en fracturant une porte. Les malfaiteurs ont été décrits alors par les enquêteurs comme des "individus équipés, déterminés et organisés". Ils sont restés moins de 5 minutes sur place, avait même précisé le procureur de l'époque.
Ce vol éclair reste, à ce jour, non élucidé. Depuis plus de 5 ans, aucune trace de cet objet précieux n'a été retrouvée. Chaque pierre avait pourtant été expertisée et répertoriée l'année précédente par une unité de recherche de l'université Lyon 1. Un gage de traçabilité de chaque pierre. Elles n'ont pas refait surface.
La couronne en or a-t-elle été fondue ? Les joyaux ont-ils été démontés pour être revendus à la pièce ? Tout reste à ce jour envisageable.