L'association "Coordination contre le racisme et l'islamophobie", basée dans le Rhône, dissoute à la demande du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin

Une association lyonnaise a été dissoute ce mercredi 20 octobre en Conseil des ministres. "Coordination contre le racisme et l'islamophobie" appelait à la violence et la discrimination, selon Gérald Darmanin.

Le ministre de l'Intérieur l'annonce en personne sur les réseaux sociaux. "L’association « Coordination contre le racisme et l’islamophobie » a été dissoute en conseil des ministres, conformément aux instructions du Président de la République. Comme le détaille le décret que j’ai présenté, elle appelait à la haine, à la violence et à la discrimination" commente Gérald Darmanin.

Dans le décret publié ce jour, et qui illustre le tweet du ministre, on lit que cette association "œuvre activement, en particulier par l'intermédiaire des réseaux sociaux, à cultiver le soupçon d'islamophobie au sein de la société française; qu'à cette fin, elle instrumentalise des événements qu'elle présente comme islamophobes et utilise les réseaux sociaux comme vecteur de communication directe, ses publications visant à provoquer des réactions violentes et un sentiment de révolte auprès de son public; que la fréquence et la persistance de ces communications démontrent une véritable stratégie d'influence en ce sens; qu'il résulte de cette stratégie que ces publications suscitent des commentaires provoquant à des agissements violents ou à la discrimination, volontairement maintenus en ligne par les dirigeants de l'association; ces commentaires haineux doivent être considérés comme étant cautionnés par celle-ci."

Le décret explique également que le ministère de l'Intérieur estime que cette association "légitime (...) le recours à la violence contre les forces de l'ordre" et que ses actions "affectent, d'une manière ou d'une autre, l'image de l'islam".

Cette association, dont le siège est basé à Sainte-Foy-lès-Lyon, a été créée en 2008. Selon la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, les responsables de l'association ont été avertis de la mise en place de cette procédure une quinzaine de jours avant la décision.

L'association évoque un "abus de pouvoir" dans un contexte pré-électoral

Contacté par nos soins, le président de cette association Abdelaziz Chaambi n'est pas surpris par cette décision, qu'il estime "opportuniste en période pré-électorale." Selon lui, le ministre de l'Intérieur serait "dans une course à l'échalote. Le parti LREM est faible, et Darmanin cherche à racoler l'extrême-droite. On a bien compris à qui il s'adresse, il montre le vrai visage de ce gouvernement" explique-t-il.

En réponse aux accusations du gouvernement concernant les commentaires haineux sur internet, le président de la CRI souhaite rappeler que son association "n'a aucun salarié, ni de modérateur, et vit sans financement public". Il précise aussi que leur action a toujours eu pour but de "canaliser la colère des gens, notamment dans les manifestations".

Abdelaziz Chaambi estime que la décision de dissolution est "infondée" et révèle "un abus de pouvoir" qui annonce un danger pour la République. "M.Darmanin teste sa politique répressive sur les faibles, et, un jour, il l'appliquera sur des syndicats, ou des groupes politiques", explique notre interlocuteur. "Nous revendiquons notre droit à la liberté d'expression et de pensée. Nous sommes indépendants, et nous disons ce que nous avons à dire, même si cela n'est pas politiquement correct."

Concernant les activités de l'association, son président rappelle qu'elle "défend des centaines de victimes depuis des années. Si nous avions vraiment dérapé comme le prétend le ministre, pourquoi la justice ne nous a-t-elle jamais condamné depuis notre création en 2008?" demande-t-il.

En conclusion, le président annonce qu'il a l'intention de saisir le tribunal administratif, et "défendre ses droits jusqu'à la Cour européenne de justice, s'il le faut".

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