Les films de Luc Besson, Gaspar Noé et David Lynch sont en haut de l’affiche grâce à lui

Laurent Lufroy, aussi connu sous le nom de Lululolo, est l’un des concepteurs d’affiches de cinéma les plus prolifiques de notre époque. Avec passion et créativité, il s’impose comme une figure incontournable du 7e art. Il réalise des affiches pour des films français et étrangers, et son travail aux côtés de légendes du cinéma a véritablement marqué des générations.

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"Participer à cette cérémonie, c’était assez incroyable ! On se retrouvait avec les comédiens, les metteurs en scène…"

À seulement 20 ans, Laurent Lufroy se voit déjà nommé aux Césars pour la meilleure affiche avec Valmont de Milos Formant. L’année suivante, il se retrouve de nouveau en lice pour le César de l’affiche avec Nikita de Luc Besson, mais ce prix est finalement annulé pour raccourcir la cérémonie.

Un concours d'affiches au festival de Cannes

Né le 2 avril 1966 à Saint-Chamond, une ville de 35 000 habitants nichée dans la Loire, Laurent Lufroy développe très tôt sa passion pour l’art. Étudiant à l’École supérieure des Arts Appliqués de Paris (l’ENSAAMA), il participe à un concours d’affiches lors du Festival de Cannes en 1985 et décroche la seconde place. Son travail pour La Forêt d’émeraude attire l’attention de Laurent Pétin, un des jurés et dirigeant de l’ARP, la seule agence de communication de cinéma en France à l’époque.
Cette rencontre est décisive : à la fin de ses études, Laurent Pétin l’invite à rejoindre son équipe pour travailler sur deux films, Maladie d’amour de Jacques Deray et Jaune Revolver d'Olivier Langlois.

Une carrière prolifique

Laurent Lufroy a signé plus de 800 affiches pour le cinéma français et étranger.
En 1989, il fonde sa première société YETI, suivie en 1996 par Couramiaud, qui rend hommage aux habitants de Saint-Chamond, sa ville natale. Aujourd’hui, il est le seul salarié de son agence, dont les bureaux à Montmartre, se trouvent juste au-dessus d’un lieu emblématique du cinéma. « Le hasard a placé mon bureau au 15 de la rue Lepic, à l’étage, au-dessus du Café des Deux Moulins, décor starisé par le film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet », raconte-t-il en souriant.

Des collaborations légendaires

Très vite, le concepteur d’affiches est propulsé dans la sphère hollywoodienne, collaborant avec des légendes, comme Michael Cimino (Voyage au bout de l’enfer) et Alan Parker (Mississipi Burning). 

À la base, l’affiche de cinéma, c’est très français.

Laurent Lufroy

Ses partenariats avec des cinéastes renommés, tels que Luc Besson (Nikita, Léon, Le Cinquième Élément), David Lynch (Mulholland Drive), Leos Carax (Les Amants du Pont-Neuf) ou encore Jane Campion (La Leçon de piano) enrichissent son parcours. Sa relation avec Gaspar Noé est particulièrement marquante : « J’adore travailler avec Gaspar. Le courant est passé directement. Il a une vraie culture de l’affiche. Il passe des journées entières à chercher des affiches », explique-t-il. Cette connexion a donné naissance à des œuvres audacieuses comme Irréversible et Enter the Void.
En 1993, après sept années de travail acharné, il décide de faire une pause et part faire le tour du monde pendant deux ans. Durant ses huit mois en Nouvelle-Calédonie, il est rappelé en France pour un projet. Plutôt que de rentrer, il choisit de réaliser l’affiche du film Léon de Luc Besson depuis l’archipel.

Le métier de concepteur d’affiches

En France, ils ne sont qu'une petite quinzaine à pratiquer ce métier. Aujourd’hui, Laurent Lufroy travaille sur une vingtaine de films par an, bien loin des 80 affiches qu'il réalisait autrefois.
La création d'une affiche peut s'étendre d'une heure à une année, selon la complexité du projet.
Pour lui, la clé d'une affiche réussie réside dans la capacité à refléter l’œuvre. «Il faut toujours respecter le film, aller dans le sens du film. Ce qui m’ennuie, ce sont les affiches où l’on voit tous les comédiens».
Laurent cherche à concentrer son message sur une seule idée, car, comme il le dit, « quand il y a deux idées, il y en a une de trop». Par exemple, pour Au revoir Là-haut, il a utilisé l'idée du champagne, qui symbolise la folie du personnage portant un masque.

« Il est préférable de ne pas voir le film » 

Ses inspirations sont variées, de la peinture flamande à la photographie. Il estime que son style dépend de la perspective : « J’essaye de focaliser le regard. »
Une de ses particularités, c’est qu’il préfère travailler sans avoir vu les films. «J’ai appris avec Laurent Pétin qu’il était préférable de ne pas voir le film. Ça laisse plus de place à l’imaginaire».
En amont, il privilégie l'échange direct avec le metteur en scène pour s’imprégner de sa vision du film. « On peut intervenir sur un tournage. À la lecture du scénario, je peux me dire que je dois couvrir une scène particulière. »
Pour lui, la nuit est le moment idéal pour créer. Il précise aussi que 80 % du temps, c'est le distributeur qui a le dernier mot sur l’affiche. Une fois le travail accompli, il passe rapidement à autre chose : «Quand je vois mes affiches, c’est comme si ce n’était pas moi qui les avais faites».

Un héritage visuel

Laurent Lufroy a laissé une empreinte indélébile dans le paysage cinématographique grâce à ses affiches emblématiques, dont les visuels de The Artist, les 3 Frères ou Taxi, qui ont marqué la mémoire collective.
Dans son studio, plus de 20 000 planches dorment dans des placards, témoignant de projets écartés ou censurés. « J’ai ce projet de faire un livre et peut-être une exposition. J’aimerais bien les montrer. C’est intéressant pour le public », explique-t-il. Ce livre pourrait offrir un aperçu fascinant de son processus créatif et des choix artistiques qui l'ont guidé au fil des ans.
Parmi ses affiches préférées, il cite celle d’Enter the Void de Gaspar Noé, qui reflète parfaitement sa vision : « Pas de comédiens, ça joue sur l'ambiance, la perspective... » Il mentionne aussi Cobra Verde de Werner Herzog, une affiche minimaliste qui correspond avec son style de l'époque. Laurent avoue qu'il aurait aimé créer les affiches des films Brazil, son préféré, et Les Affranchis. Pour lui, l'affiche reste le point d’entrée essentiel de la communication autour d’un film.

Laurent Lufroy était l’invité de l'émission « Vous êtes formidables » sur France 3 Auvergne-Rhône Alpes, pour nous parler de son métier unique du 7e art.
À voir ou à revoir dès à présent sur France.tv ou à écouter en podcast ci-dessous

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