Un centre d'accueil pour jeunes migrants, principalement de mineurs isolés, doit voir le jour à Décines-Charpieu, dans la métropole de Lyon. La maire (LR) a lancé une pétition contre le projet.
La pétition est en ligne depuis le 8 décembre, et elle a déjà recueilli plus de 3000 signatures. Le texte, dont Laurence Fautra, maire (LR) de Décines-Charpieu, est à l'initiative, est adressé à la Métropole de Lyon et demande "de retirer ce projet".
Son implantation "n'est pas possible au niveau de ma ville", se défend l'édile pour qui la commune est déjà "à saturation" avec les équipements déjà existants. "Rajouter un équipement relativement perturbateur dans l’espace commun n’est pas gérable pour nous", poursuit-elle.
"Perturber la tranquillité publique"
La structure en question est un centre d'accueil pour migrants isolés. Il doit permettre d'accueillir 70 jeunes pour une durée très courte, le temps pour l'administration de déterminer s'ils sont mineurs, auquel cas un processus d'accompagnement doit se mettre en place pour eux. Cela représente 3 000 jeunes par an, précise le président de la Métropole de Lyon.
Pour la maire de Décines, c'est là que le bât blesse : "Ces jeunes gens sont prêts à tout pour survivre et rester sur le territoire français", argumente-t-elle, affirmant que leur présence "peut perturber la tranquillité publique. [...] À part pour dormir où ils sont dans la structure fermée, ils peuvent se promener librement dans toute la ville, traverser l’esplanade pour peut-être fréquenter des gens moins fréquentables."
Le texte de la pétition mentionne en effet qu'"un rapport de la Mission nationale sur les mineurs non accompagnés met en évidence qu'une partie de ces mineurs, en raison de leurs parcours difficiles, peut être parfois confrontée à des problématiques de comportement ou d'intégration."
"La maire était au courant depuis trois ans"
Des propos qui ne sont pas du goût de certains élus : "On ne peut pas développer ce genre d’insinuations", fustige Matthieu Vieira. "Ces enfants seront accompagnés par des associations, avec des professionnels des services sociaux. Il n’y aura pas de difficulté particulière", assure-t-il.
"C’est un projet travaillé depuis trois ans entre la Métropole et la Mairie de Charpieu. La maire était au courant depuis trois ans, avait donné son accord", s'étonne l'élu qui ajoute que "le groupe LR, en juillet 2023, a voté à l’unanimité ce dossier." D'autant que jusque-là, ces mineurs étaient accueillis dans des hôtels, ce qui représentait "un coût de deux millions d'euros à la Métropole chaque année".
"Des leçons de bien-pensance"
"Je ne sais pas si ce sont les résultats des dernières élections, avec l’élection d’une députée RN sur sa circonscription, qui lui ont fait changer d’avis", s'interroge l'élu. Mais la maire de Décines se défend de ces accusations, portées également par d'autres voix au sein de la Métropole. "J’entends Monsieur le Président [de la Métropole] qui s’agace un peu en nous traitant de tous les noms d’oiseaux, qui affirme qu'on serait proches de certains mouvements d’extrême droite, mais ce monsieur est hors-sol en disant ça. Nous accueillons déjà des migrants à l’entrée de la ville, avec des mineurs isolés à l’intérieur de cette structure."
🙄❌ Énième mensonge.
— Bruno Bernard (@brunobernard_fr) December 9, 2024
Les accointances entre LR et RN ne s'arrêtent pas au national.
La droite de la métropole lyonnaise s'enfonce encore plus dans le mensonge et la stigmatisation des migrants sur notre territoire.
Tout en essayant de saboter la bonne gestion du service… pic.twitter.com/c3sXsGeW36
La Maire de Décines-Charpieu poursuit : "Quand Monsieur le Maire de Villeurbanne a fait évacuer un gymnase, début novembre, avec plein de mineurs, de familles qui venaient de nulle part et d’ailleurs, personne ne s’est ému dans cette Méteopole de Lyon pour dire 'il est RN , il est extrémiste, il est raciste, il est xénophibe' . Je n’ai entendu personne se soulever, donc les leçons de bien-pensance, de morale, Monsieur le président de la métropole se les garde."
Pour Laurence Fautra, le choix doit être laissé aux habitants. "J’ai renoncé à ma toute puissance. Ce n’est pas moi qui vais décider seule si c’est bon ou pas bon pour la ville. On leur a imposé beaucoup de structures, ils font quand même preuve de résilience."