"Mépris, cynisme et brutalité", coup de gueule d'un maire contre l'installation d'un centre d'accueil temporaire pour jeunes migrants sur sa commune

Le maire LR d'Écully ne décolère pas, il est vivement opposé à l'installation d'un centre d'accueil temporaire pour jeunes migrants sur sa commune. Sébastien Michel dénonce une décision non concertée et imposée par l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon.

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Il se sent mis devant le fait accompli. Sébastien Michel, maire LR d'Écully, a appris en juillet dernier l'implantation sur sa commune d'un centre d'accueil temporaire pour jeunes étrangers dont la minorité est en cours de vérification. Ce sont les locaux d'une ancienne école d'ingénieurs qui ont été choisis. Le site avait déjà accueilli des réfugiés ukrainiens pendant deux ans. Les locaux sont situés dans le secteur universitaire de la commune de l'ouest lyonnais, avenue Guy de Collongue, face à l'école Centrale.

"Mise à l'abri"

Soixante-dix jeunes "primo-arrivants" seront hébergés sur ce site présenté comme temporaire. "Ils se sont présentés comme mineurs et non accompagnés. La Métropole a la compétence de protection de l'enfance. Elle doit mettre à l'abri les jeunes qui se présentent, le temps d'évaluer la minorité et l'isolement de ces jeunes", explique l'écologiste Lucie Vacher, vice-présidente de la collectivité, en charge de l'action sociale et éducative. "Ça fait partie de nos obligations. Le Conseil d'État a rappelé que les départements devaient tenir et assurer cette mise à l'abri dès que les jeunes se présentent," ajoute Lucie Vacher. Une obligation, le temps de leur évaluation de leur minorité. Cette évaluation est réalisée par Forum Réfugiés sur la Métropole de Lyon. Les jeunes ne seront donc que de passage à Écully, quelques jours ou quelques semaines.

Ce site de la Métropole est vide, il a déjà accueilli des familles ukrainiennes. Il est adapté pour de l'hébergement d'urgence et on recourt par ailleurs à des places hôtelières. Il nous semble assez logique de pouvoir utiliser ce site pour pouvoir mettre des jeunes à l'abri et éviter des dépenses hôtelières.

Lucie Vacher

Vice-présidente écologiste de la Métropole de Lyon

Du côté de la Métropole de Lyon, on explique avoir dû faire face à une augmentation des arrivées de jeunes migrants en 2023 :  2800 sont arrivés sur le territoire métropolitain, contre 1200 l'année précédente. Et déjà plus de 2000 arrivées ont été enregistrées cette année. Conséquence : un dispositif d'hébergement sous tension et un recours à l'achat de nuitée d'hôtels. "On a fait le choix de maintenir ces mises à l'abri de tous les jeunes qui se présentent. On a eu recours à des places hôtelières. On aimerait stabiliser notre dispositif pas suffisamment calibré au regard des arrivées des jeunes", ajoute la vice-présidente. Les nuitées représentent près de 6 millions d'euros par an. Pesant dans un contexte budgétaire et économique compliqué.

Lucie Vacher l'assure, les jeunes seront accompagnés et encadrés par Forum Réfugiés. "Ça s'est bien passé pour les familles ukrainiennes. On ne comprend pas pourquoi, du jour au lendemain, ça ne se passerait pas bien pour les primo-arrivants que la Métropole - dans ses obligations légales - doit accueillir", s'interroge la vice-présidente. "Ces jeunes n'ont pas vocation à rester longtemps sur le site", a-t-elle rappelé. Ils resteront le temps de leur évaluation. Les mineurs non accompagnés reconnus pourront ensuite intégrer le dispositif prévu et les places de la protection de l'enfance de la Métropole de Lyon. "Les autres relèvent du droit commun pour les adultes migrants et ne dépendant plus alors de la collectivité."

Colère d'élu

"Aujourd'hui, la confiance avec la Métropole est rompue". Le maire LR d'Écully, Sébastien Michel, ne décolère pas. Il regrette d'avoir été mis devant le fait accompli. L'édile ne comprend pas pourquoi il n'a pas été informé du projet en février dernier. 

Pas de recours possible contre cette décision de la collectivité : le bâtiment appartient à la Métropole.  Sébastien Michel, qui s'oppose "sur le fond" et "sur la forme" à cette implantation, ne mâche pas ses mots. Dans un courrier adressé à ses administrés début octobre, il dénonce absence de concertation, "mépris, cynisme et brutalité" de l'exécutif métropolitain. 

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Le maire LR d'Écully ne décolère pas, il est vivement opposé à l'installation d'un centre d'accueil temporaire pour jeunes migrants sur sa commune. Sébastien Michel dénonce une décision non concertée et imposée par l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon. ©France tv

Sébastien Michel alerte notamment sur le fait que le site retenu par la collectivité pour accueillir ces jeunes migrants est "inadapté". "Excentré" et "mal desservi", il se trouve à grande distance de Villeurbanne et du centre-ville de Lyon où ces jeunes doivent effectuer leurs démarches. Pour le maire d'Écully, la Métropole veut faire des économies de nuitées d'hôtel.

Beaucoup de questions sont sans réponse et on a l'impression que tout est géré à la va-vite et que ce projet répond à une ambition : faire des économies pour la métropole de Lyon qui gère mal sa collectivité. On n'est pas là pour être des variables d'ajustement.

Sébastien Michel

Maire LR d'Ecully

Concernant l'ancienne école d'ingénieurs, le maire avait d'autres ambitions. "À l’origine, la Métropole a acheté ce site pour une destination précise : pour pouvoir développer le campus d'Écully et accueillir de nouvelles activités. On a un projet d'envergure : le campus de la sécurité", explique Sébastien Michel. L'installation de ce centre d'accueil temporaire fragiliserait ces projets ? Pas de réponses non plus de la Métropole concernant un projet "culturel" et d'accueil d'associations proposé par le maire. Ce dernier réclame aujourd'hui des "précisions" et de la "clarté" sur ce futur centre d'accueil pour jeunes migrants.

Pas de récupération

"Je refuse d'être instrumentalisé entre d'un côté une extrême gauche qui veut jouer avec ces sujets-là et un Rassemblement National qui essaie de récupérer le dossier pour faire du populisme et de la démagogie", lance Sébastien Michel. 

Sur ce sujet, Sébastien Michel a notamment été critiqué par le LFI Florestan Groult, vice-président chargé des Sports et à la Vie associative de la Métropole. L'édile a également reçu le soutien du député RN de la 8ᵉ circonscription du Rhône, Jonathan Gery. Un soutien repoussé par Sébastien Michel :  "Merci de ne pas récupérer cette affaire dont vous ne connaissez pas grand-chose", a-t-il écrit sur le réseau social X à l'adresse du parlementaire.  

"Ma première crainte est que l'on continue de monter les gens les uns contre les autres", a assuré le maire d'Écully.

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