Virginie Varenne raconte l'histoire du tissage lyonnais comme personne. La cogérante de la Maison des Canuts a l'art de la formule et dépoussière avec délice cette épopée industrielle.
"Mesdames, Messieurs, il n'y a pas de mode à la française avant le règne de Louis XIV. Avant lui, toutes les cours européennes s'habillent à la mode espagnole. Le roi soleil crée un nouveau vêtement qui s'appelle le Justaucorps, une redingote cintrée" avertit Virginie Varenne, co-gérante de la Maison des Canuts en début de visite. Car vous allez vous en rendre compte, Virginie raconte la mode et le rôle de la soie lyonnaise comme personne. On continue donc. "Vu l'aura du personnage, toutes les cours européennes, tous les gens qui approchent Louis XIV se mettent à la mode française. Il est le plus grand influenceur de tous les temps" déclare-t-elle dans la foulée, avec un large sourire. Le public hoche de la tête. Il valide.
Merci Napoléon !
À la maison des Camus, le public est invité à plonger dans l'histoire passionnante du tissu à Lyon, cousu de fil d'or et d'argent. Et la capitale des Gaules en connaît tout un rayon. "Arrive la Révolution française. Ça se gâte. Vous imaginez bien que si je tisse des fils d'or, d'argent et de soie à cette époque, je n'ai plus beaucoup de clients qui ont la tête sur les épaules, si vous voyez ce que je veux dire". Là, on sourit. Bien vu !
Vous imaginez bien que si je tisse des fils d'or, d'argent et de soie à la Révolution, je n'ai plus beaucoup de clients qui ont la tête sur les épaules.
Virginie Varenne, co-gérante de la Maison des Canutsextrait de sa présentation
Virginie travaille savamment ses chutes, mais ne perd pas le fil… "Notre économie nationale perd 40 %, Lyon est une des villes les plus touchées et la crise économique chez nous se double d'une crise politique, puisqu'en 1793, les Parisiens décrètent que nous sommes une ville contre-révolutionnaire. Beaucoup de Lyonnais sont passés par les armes". Un peu de suspens, un peu de dramaturgie et elle reprend.
"Imaginez-vous vivre 10 ans, dans un environnement économique et politique de ce type-là. Vous comprenez aisément que les Lyonnais sont trop contents de voir arriver le nouveau Boss. Lyon aime Napoléon, Napoléon aime Lyon !" Nouveau rebondissement.
"Côté Fashion et people, bonne nouvelle, Joséphine adore la soierie lyonnaise. En porter redevient hyper branchouille à Paris. Nous, on est content, ça fait des commandes. Et puis il ne faut pas oublier les petites dérives dictatoriales du personnage. Il nous fait un joli décret qui dit que toute personne travaillant pour le gouvernement français est obligée de s'habiller en soirée lyonnaise et d'en changer souvent". C'est le Jackpot.
Pour connaitre la suite, comme l'arrivée des fibres artificielles, rendez-vous à la maison des canuts.
C'est l'époux de Virginie qui assure la visite de l'atelier de l'autre côté de la rue, avec, lui aussi, sa petite touche personnelle. Il explique le savoir-faire lyonnais, légué par Jacquard et son célèbre métier à tisser, qui fut une révolution à l'époque avec ses cartes perforées qui préfigurent la programmation informatique. Le système binaire existe encore.
La maison des canuts propose des visites tout l'été.