Le résistant Daniel Cordier est décédé ce vendredi 20 novembre à l'âge de 100 ans. Pendant la seconde guerre mondiale, il a notamment dirigé le secrétariat de Jean Moulin à Lyon.
L'avant dernier Compagnon de la Libération s'en est allé. Daniel Cordier, Résistant et ancien secrétaire de Jean Moulin, est décédé à l'âge de 100 ans, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Résistant de la première heure
Né le 10 août 1920 à Bordeaux, Daniel Cordier, il a 19 ans en 1940, et refuse l'armistice annoncée par Pétain le 17 juin. Le jour même, il imprime et diffuse un tract « contre Pétain ». Avec 16 autres volontaires, il embarque à Bayonne sur un navire pour participer à la poursuite de la guerre en Algérie, mais le bateau se détourne vers l'Angleterre. "Moi ce que je voulais, c'était tuer des boches !", confie-t-il. Il s'engage alors dans les premières Forces Françaises Libres de la "Légion de Gaulle" le 28 juin 1940. Il est l'un des tous premiers français à rejoindre Londres. Entré au Bureau central de renseignements et d'action, il est parachuté près de Montluçon le 26 juillet 1942. Il gagne ensuite Lyon et entre au service de Jean Moulin, auprès de qui il officiera comme secrétaire pendant près d'un an, entre 1942 et 1943. Il l'aide notamment à unifier la Résistance française.
Daniel Cordier vient de s'éteindre. Il avait été le secrétaire de Jean Moulin durant la guerre.
Cordier, alias Caracalla
Daniel Cordier racontera son engagement au service de la Résistance dans le livre Alias Caracalla, (son pseudonyme dans la Résistance) publié en 2009. 900 pages que Le Monde qualifie d' "éblouissantes", et considère comme "l'un des témoignages les plus précis, les plus honnêtes et les plus bouleversants qui aient jamais été publiés sur la Résistance."En 2012, il revient à Lyon, à l'occasion du tournage d'un téléfilm basé sur son livre. Il retrouve le restaurant dans lequel il a rencontré "Rex", le nom de code de Jean Moulin. Il s'agit du restaurant "le Garet", près de l'opéra de Lyon.
De la Résistance à l'art
Sa rencontre avec Jean Moulin bouleverse en fait toute sa vie. Rex entraîne Cordier au cœur de la Résistance, mais l'inspire aussi idéologiquement : de positions royalistes et nationalistes dans sa jeunesse issues de son milieu familial, Cordier change radicalement d'idées pour adhérer à un socialisme humaniste, influencé par Jean Moulin. Ce dernier va aussi lui transmettre sa passion de l'art. Après la libération, Daniel Cordier devient marchand, critique et collectionneur d'art. Il peint, acquiert, expose et vend, pendant 10 ans, des tableaux de maîtres, et accompagne de nombreux peintres contemporains.A l'orée des dernières années de sa vie, Cordier se retournera finalement enfin vers son passé, si grand, et dont il avait longtemps refusé de parler. Il témoigne, écrit sur son action et raconte celle des autres, qu'il a largement côtoyé. Il transmet enfin son histoire. Qui est aussi la nôtre.