Lyon. Des progrès prometteurs sur les thérapies cellulaires pour les diabétiques de type 1

Bonne nouvelle pour les patients atteints de diabète de type 1 et qui doivent gérer leur taux de sucre dans le sang en s'injectant quotidiennement de l'insuline. Une société lyonnaise met au point une thérapie cellulaire très innovante et les premiers résultats en laboratoire sont très prometteurs.

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"Je vis bien avec ma maladie. J'ai adopté ma maladie... ça a été mon objectif tout au long de ma vie," explique  Jean-Jacques Brochier. Et ce patient Lyonnais n'en est pas peu fier. Diabétique de type 1 depuis 60 ans, il maîtrise aujourd'hui sa maladie et ses contraintes quotidiennes. 

"Il faut se contrôler régulièrement. Il y a des règles à respecter. Il faut surtout évaluer ce que l'on mange pour bien s'injecter l'insuline dont on a besoin..." explique ce patient expert. Passer au crible les aliments, les protéines, les matières grasses, adapter son alimentation ... la gestion d'un diabète est un travail à temps plein. Les patients doivent gérer leur taux de sucre dans le sang par l'administration quotidienne d'insuline. Fort de son expérience et d'une bonne dose d'optimisme, Jean-Jacques l'assure : "la Médecine fait des progrès mais je pense que demain on n'aura plus besoin de faire ça !". "Maintenant, vous avez des systèmes qui vous donne la glycémie instantanée. Ce n'était pas le cas, il y a quelques années... "

Aujourd'hui, Jean-Jacques avait un rendez-vous de routine au centre Diab-e-Care, qui le suit. Situé dans le 8e arrondissement, ce centre des Hospices Civils de Lyon est spécialement dédié au traitement contre le diabète et spécialisé dans le diabète de type1. Avec son médecin, il vérifie le bon fonctionnement de son pancréas artificiel portatif. Ce système électronique lui donne en temps réel sa glycémie et gère presque automatiquement l'administration d'insuline. Si ce dispositif représente un progrès technique indéniable, d'autres pistes, biologiques celles-ci, sont à l'étude...

La recherche tous azimuts...

En quelques décennies, la recherche médicale a fait progresser connaissances et traitements du diabète. Pour le Professeur Charles Thivolet, Diabétologue au centre Diab-e-Care, en matière de diabète "il faut insister sur la révolution technologique; une révolution à la fois sur l'administration d'insuline avec des multi-injections mais aussi l'infusion automatisée d'insuline, c'est à dire le pancréas artificiel..."

En matière de progrès, le Professeur Charles Thivolet insiste aussi sur "l'aspect cellulaire", avec les greffes d'ilots pancréatiques depuis une vingtaine d'années ou encore les greffes totales de pancréas, voire des doubles greffes de reins-pancréas. "On connaît les greffes de pancréas depuis longtemps à Lyon (...). Mais c'est une solution très lourde du point de vue chirurgical". D'autres innovations sont-elles à l'étude ? "On a un grand espoir, c'est d'avoir des cellules souches qui puissent remplacer de manière illimitée le nombre de cellules nécessaires pour faire profiter de cette thérapie cellulaire le plus grand nombre de patients," explique-t-il.

Ce qui est le Graal du traitement du diabète, c'est remplacer d'un point de vue plus physiologique les besoins en insuline. 

Prof. Charles Thivolet Diabétologue Centre Diab-e-Care - HCL

Aujourd'hui, la recherche progresse à grand pas en matière de traitement du diabète. Ainsi une société lyonnaise a mis au point une thérapie cellulaire très innovante.

Eviter le rejet par le système immunitaire...

La biotech Adocia travaille sur les cellules pancréatiques, celles-là même qui fabriquent naturellement l'insuline de notre corps et qui font défaut aux patients diabétiques. Aujourd'hui, si on est capable de greffer ces cellules pancréatiques, ce n'est pas sans inconvénients, comme l'explique Anne-Lise Gaffuri, cheffe du service de biologie chez Adocia : "Il faut partir de pancréas de plusieurs donneurs pour greffer une seule et même personne et les patients sont obligés de subir un traitement immuno-suppresseur à vie." En quoi consiste l'innovation développée chez Adocia ? "Ce qu'on propose, c'est de les encapsuler dans une matrice immuno-protectrice qui empêche toutes les composantes du système immunitaire de rentrer," résume Anne-Lise Gaffuri. 

De façon schématique, ces ilots pancréatiques sont enfermés dans un gel qui leur permet de fonctionner normalement, tout en étant protégés des effets de rejet du système immunitaire. Les premiers tests conduits avec cet hydrogel protecteur ont été effectués avec succès sur l'animal. Cette matrice hydrogel est donc capable de maintenir l'activité des cellules greffées tout en les protégeant d'un rejet par le système immunitaire. Les bénéfices pour le patient seraient loin d'être négligeables : cette "cage protectrice" permettrait de prolonger la durée de vie des cellules mais aussi de supprimer la prise de traitements immunodépresseurs.

"On a pu démontrer une très bonne survie de nos ilots, une très bonne protection vis à vis du système immunitaire," explique Olivier Soula, Directeur Général Délégué Recherche de la biotech Adocia,"il nous reste à démontrer une bonne implantation et une bonne survie sur le long terme chez l'animal, le gros animal. On a fait des expériences très prometteuses chez la souris et chez le rat. On est aujourd'hui chez le cochon, avant de passer chez l'Homme."

Les résultats précliniques sur l'efficacité de ce gel protecteur ne seront connus que dans un an. Viendront ensuite les différentes phases expérimentales sur l'Homme. Les diabétiques devront encore patienter quelques années.

Le 14 novembre est la journée mondiale du diabète. L'année 2021 marque le centenaire de la découverte de l'insuline. Cette maladie chronique touche tous les continents. 

Précisions...

En 2019, le diabète affectait plus de 463 millions de personnes dans le monde, dont 59 millions en Europe. Selon ces derniers chiffres, 1 personne sur 11 souffrait du diabète dans le monde. Un chiffre qui met en évidence l’ampleur du problème. 
Mais a
ttention à ne pas faut pas confondre "diabète de type 1" avec les autres types de diabètes ("diabète de type 2" ou encore "diabète gestationnel"). Le diabète de type 2 est le plus répandu : on estime qu’il touche environ 90 % de toutes les personnes diabétiquesLe diabète de type 2 est lié à l'interaction de plusieurs gènes de prédisposition et de facteurs environnementaux (alimentation, sédentarité, tabac…). Quant au diabète de type 1,c'est une maladie auto-immune. 

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