Le directeur du ballet de l'Opéra de Lyon a été licencié suite à sa condamnation pour discrimination en décembre dernier. Il avait écopé d'une amende de 1500€ et de 5000€ de dommages et intérêts pour le non-renouvellement du contrat d'une danseuse qui rentrait de congé maternité.

L'annonce en a été faite vendredi 7 février par le ministère de la Culture : le directeur du ballet de l'Opéra national de Lyon, Yorgos Loukos, a été licencié suite à un conseil d'administration extraordinaire. La cause : sa condamnation en appel, en décembre dernier, pour avoir demandé le non-renouvellement du contrat d'une danseuse à son retour de congé maternité.
 

Le directeur du ballet condamné pour discrimination

Le vote a été unanime en faveur du licenciement de Yorgos Loukos, lui qui avait été condamné à une amende de 1.500 euros avec sursis et à verser 5.000 euros de dommages et intérêts à l'ancienne danseuse. Le syndicat des artistes professionnels, le SNAM-CGT, avait alors appelé à son licenciement.

Contacté par la rédaction, Nicolas Cardoze, le secrétaire général du syndicat CGT SNAM des artistes musiciens professionnels et enseignants de la musique et de la danse de Lyon et de Rhône-Alpes, s'estime très satisfait "pas sur le plan humain, car on ne se satisfait jamais d'un licenciement, mais nous sommes heureux que l'Opéra ait pris ses responsabilités, et que l'intéressé ne fasse plus partie des effectifs".

Les faits remontent à 2014 : Karline Marion, 34 ans, est en CDD à l'Opéra de Lyon depuis cinq ans et se trouve à ce moment crucial où son contrat sera requalifié en CDI s'il est renouvelé une sixième fois.
 

"Faiblesse stylistique" chez cette ancienne du ballet Béjart

Mais, deux jours après son retour de congé maternité, une lettre lui signifie son non-renouvellement. Yorgos Loukos, directeur du ballet depuis 33 ans, motive sa décision auprès de la ville de Lyon qui embauche les danseurs du ballet : "Faiblesse physique et stylistique", "style trop classique" pour une danseuse qui a effectué une partie de sa carrière au ballet Béjart.

Or, lors d'un entretien quelques jours plus tard, enregistré par la danseuse, Yorgos Loukos explique: "si entre 29 et 34 ans, tu as fait pas mal, mais pas beaucoup, c'est pas entre 35 et 40 que tu vas faire plus, en plus avec un enfant".

Depuis, la danseuse a pris le chemin de la reconversion et est devenue professeur de danse au Conservatoire national supérieur de Lyon. De son côté, le syndicat CGT SNAM espère toujours obtenir de la ville ou de l'opéra une indemnisation pour l'artiste discriminée.
 

Un cas qui en rappelle d'autres

Cette affaire rappelle celle du Ballet Nice Méditerranée dont le directeur Eric Vu-An, ancien danseur de l'Opéra de Paris, avait été visé par une plainte pour harcèlement et discrimination par une soliste, Gaëla Pujol, congédiée en 2018 après une deuxième maternité.

Par la suite, la ville de Nice avait décidé d'améliorer l'accompagnement administratif et médico-professionnel des danseurs et établi un formulaire d'alerte pour signaler tout cas de harcèlement. 
 

Le vernis de l'indifférence finit par craquer

Dans le monde très réservé de la danse classique, les langues se délient de plus en plus et des cas de discrimination et de harcèlement sexuel et moral sont révélés au grand jour depuis le mouvement #MeToo et des compagnies prennent plus volontiers des sanctions.

Il y a une semaine, le Royal Ballet de Londres a annoncé avoir suspendu le chorégraphe Liam Scarlett, l'une des stars de la prestigieuse institution, visé selon le Times par une enquête pour harcèlement sexuel. 
 
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