Français depuis l'âge de 11 ans, un jeune homme a dû rendre sa carte d'identité et son passeport en préfecture du Rhône. La raison: l'agent qui lui a remis sa carte d'identité en 2006 n'avait pas produit de certificat de nationalité française.
Le lyonnais Anis Bendjemil est effaré. "Je suis né en France, j'ai des certificats de scolarité et j'ai voté en France" s'explique-t-il alors qu'il a dû rendre sa carte d'identité et son passeport à la préfecture.
Citoyen français depuis 2006
Anis Bendjemil est né en France en 1995. Lorsqu'il a 11 ans, ses parents, étrangers, décident de le naturaliser. Il obtient alors sa première carte d'identité en mairie du 9e arrondissement de Lyon (Rhône). En 2016, il ne fait aucun doute pour le jeune homme qu'il est français, alors il demande à renouveler sa carte. Demande accordée. Mais c'est en 2018 qu'un oubli administratif va ressurgir.Il perd sa nationalité en demandant de l'accorder à sa sœur
En 2018, Imene, sœur d'Anis née à l'étranger, peut faire une demande de nationalité par fratrie. Anis Bendjemil doit donc fournir des documents au Tribunal d'instance de Lyon. Il lui est demandé, entre autres, sa carte d'identité, des certificats de scolarité et aussi un certificat de nationalité française. Selon l'avocate de M. Bendjemil, Me Anne-Julie Hmaida, ce certificat aurait dû être remis par la mairie du 9e en 2006, avec la première carte d'identité. Hors le tribunal n'en trouve aucune trace. Le tribunal refuse donc la naturalisation d'Imene, mais demande en plus à la préfecture de récupérer les papiers d'Anis.À ce jour, le jeune homme est anéanti et déplore cette situation.
Je me sens perdu et délaissé par l'Etat. La préfecture était elle-même étonnée de la situation. Comment voulez-vous que je me sente? J'essaie de garder la tête haute alors que, sans papiers d'identité, je ne peux pas trouver d'emploi.
Le ministère de la justice averti
Sans être certaine d'avoir choisi la bonne option, Me Anne-Julie Hmaida a envoyé un recours grâcieux en mars dernier au ministère de la justice. Si elle ne reçoit pas de réponse d'ici décembre, elle saisira alors le tribunal judiciaire.Le garde des sceaux Eric Dupont-Moretti a également été averti par le député du Rhône Hubert Julien-Laferrière. L'élu décrit la situation d'Anis Bendjemil d'"ahurissante". Il a reçu un accusé de réception du ministre et devrait à nouveau l'interpeller lors des prochaines questions au gouvernement.