Lyon : une nouvelle ligne de métro automatisée et sans conducteur

Lyon a été la première ville au monde à se doter d'une ligne de métro entièrement automatique en 1991. On s'apprête à inaugurer la seconde ligne sur ce même modèle : des rames qui circulent sans conducteur embarqué. Tout est "piloté" dans les P.C. sécurité. Des fréquences plus soutenues, de nouvelles rames, plus de confort mais aussi des conséquences sociales qu'il a bien fallu anticiper.

C'est une nouvelle étape que s'apprêtent à franchir les transports en commun lyonnais. La ligne B du métro fonctionnera, dès ce samedi 25 juin en mode "full auto", comprendre : pilotage automatique intégrale !

Déjà pionniers en la matière, les transports en commun lyonnais ont très tôt imaginés leurs propres systèmes de navigation. Déjà, dans les années 80-90, les ingénieurs parisiens de la RATP considéraient les projets lyonnais comme "risqués".

Face à eux, un ingénieur lyonnais va tenir tête. Il va créer les réseaux métro de l'agglomération lyonnaise avec des rames nouvelle génération : plus larges et plus confortables.

Les rames seront montées sur pneus pour plus de confort et moins de nuisances sonores

René Waldmann, "père" du métro lyonnais

Les premières machines portent le doux nom de MPL75 (pour Métro Pneu Lyonnais, le chiffre renvoyant à l'année de fabrication !). Très vite, il imaginera une ligne capable d'assurer seule les trajets. Un système informatique embarqué, suivi de près dans les P.C. sécurité, permettra de s'assurer que la ligne fonctionne. EN 1991, la ligne D du métro lyonnais est en service. Une révolution ! Pas de cabine de pilotage à bord. Aujourd'hui, pendant les trajets, il n'est pas rare de croiser des enfants qui s'amusent à se positionner à l'extrémité de la rame "pour jouer au conducteur".

Ce samedi 25 juin, Lyon inaugurera donc une "ancienne-nouvelle" ligne de métro entièrement automatique : la ligne B. Mise en circulation en 1978, elle n'est longue "que" de 7 Km, elle relie Villeurbanne (à l'Est de la Métropole) à Oullins (à l'Ouest de la Métropole), en attendant sa prochaine extension en 2023 aux Hôpitaux Sud. Depuis plusieurs années les travaux se déroulaient de nuit, impactant le trafic nocturne, entre 21h et 5h du matin. Il aura fallu équiper les rames et les voies de ces systèmes "pieds-voies" qui évitent tout problème en cas de chute : des détecteurs de présence arrêtent tout courant électrique dès qu'un intrus passe les capteurs. Ce métro "nouvelle génération" a fait appel au même système que les fameuses MPL75, sauf que la technologie et les systèmes de sécurité ont évolué. Les nouvelles rames se nomment désormais : MPL16 !

Le syndicat en charge de l'organisation des transports en commun (le SYTRAL) a commandé 30 nouvelles rames qui répondent à ces nouveaux critères. Plus modernes, plus spacieuses (elles peuvent transporter jusqu'à 330 personnes), elles présentent un nouveau "look", leur design fait penser au métro londonien, mais ici, à Lyon, on parle de métro… à la lyonnaise !

L'arrivée de ces rames sans conducteurs amène à se poser la question sociale. Car 117 conducteurs en moins, c'est autant de personnes qui risquaient de se retrouver sur le marché de l'emploi. Curieusement : il n'en est rien ! Syndicats et direction reconnaissent avoir anticipé cette évolution. La plupart d'entre eux iront sur l'autre ligne de métro, la ligne A, d'autres se porteront sur le tramway.  "Il n'y a pas eu de licenciements ni de pertes d'emplois". C'est un syndicaliste qui parle. Coté direction, on explique cela par l'anticipation et un travail concertation entre les différents partenaires, et ce, dès 2017. "Des points carrière ont été effectués afin de répondre aux demandes et aux vœux des salariés" comme l'explique le service communication de Keolis-Lyon.

Je travaille au P.C. métro depuis 1992, je trouve que l'automatisation est une bonne chose dans l'absolu, mais on doit rester vigilants sur les effectifs, les formations et les qualifications

Christian Schwetzoff, délégué syndical UGIC-CGT au TCL

Très vite, les différents acteurs ont mesuré l'intérêt de ces nouveaux modes de transports. Plus intéressants à manœuvrer et à maîtriser pour les agents de ligne ou les régulateurs, plus rentables pour la direction, les rames passent à une fréquence très soutenue (toutes les 40 secondes) et le risque de paralysie liée à des mouvements sociaux est limité.

Mais les syndicats restent prudents car en 2018 un mouvement de grève avait perturbé le réseau métro, notamment concernant la question des effectifs, de la formation et de la qualification de ces agents désormais derrière les écrans plutôt que devant les voies. "Cela fait appel à de nouvelles compétences, de nouvelles responsabilités", ce syndicaliste espère ouvrir le dialogue sur un protocole de mise en œuvre de cette nouvelle ligne automatisée : "il est temps, car nous avons déjà pris du retard en matière de recrutement" ajoute-t-il. Une formation pour devenir agent de ligne ou régulateur peut prendre plusieurs mois : "on parle sécurité des voyageurs avant tout".

Les lyonnais découvriront leur nouveau métro ce samedi 25 juin à partir de 11h. Entièrement automatique, la ligne transportera en 2023 50% de voyageurs en plus par rapport à 2017.

https://www.sytral.fr/392-metrob.htm