Un train usine entre Abbeville et Rang-du-Fliers permet de remplacer toutes les nuits jusqu'à un kilomètre de voie ferrée. Les nouveaux rails posés sont recyclés et donc plus respectueux de l'environnement. Ce genre de travaux est amené à s'étendre partout en France.
Depuis le 6 janvier, un train atypique circule sur la ligne Amiens-Boulogne-sur-mer entre Abbeville (Somme) et Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais). Il s'agit d'un "train usine" qui permet de changer jusqu'à un kilomètre de rail chaque nuit.
Les travaux, dont la fin est prévue le 1ᵉʳ mars, concernent 62 km de rails, traversent quatre gares et ont coûté plus de 15 millions d'euros. Ils sont nécessaires face à la forte fréquentation de la ligne, qui accueille plus de 3 000 passagers chaque jour.
L’autre sens de la ligne, entre Rang-du-Fliers et Abbeville, sera également remplacé l'année prochaine.
Un kilomètre de voie par nuit
C'est à l'heure où tout le monde s'endort que des centaines d'ouvriers soudent, coupent et déboulonnent pour remplacer les rails de cette voie ferrée. "L'objectif de ce train usine sur la ligne Amiens-Boulogne est le remplacement de rails de manière industrialisée sur des rendements d'à peu près 1 000 m de voie, donc deux kilomètres de rails par nuit, afin de maintenir un haut niveau de sécurité et de régularité sur les lignes SNCF", lance Bruno Dingeon, pilote d'opération chez SNCF Réseau.
Le train usine, d'une longueur de 650 m, décharge "le nouveau rail". Sous ce train, des opérateurs vont "détacher le rail" et son remplacement aura ensuite lieu. "En fin de train, les opérateurs de l'entreprise vont rattacher le rail pour permettre une circulation normale des trains en journée". Aucun voyageur ne saura donc que des travaux avaient lieu avant son arrivée.
Ce qui différencie le changement de rails avec ou sans un train usine, c'est le rendement. Celui-ci est trois à quatre fois supérieur à un remplacement de rail par un autre procédé. "Donc ça nous permet d'optimiser nos travaux sur des périodes plus courtes afin d'avoir une disponibilité du réseau plus importante", poursuit-il.
Si ce genre de chantier est exceptionnel, SNCF Réseau en déploie de plus en plus sur l'ensemble du réseau français.
Des rails recyclés
Chaque barre de 432 m de long provient des ateliers de Saulon (Côte-d'Or) qui les fabrique pour tout le réseau national. Philippe Gaillard, chargé de la maîtrise d'œuvre générale chez SNCF Réseau, explique : "les rails qui seront déposés sont ramassés, conditionnées en base logistique pour être évacuées dans une usine Saarstahl Ascoval, à Saint-Saulve, à proximité de Valenciennes, pour être refondues". Cela permettra de récupérer des barres d'aciers envoyées ensuite à l'usine d'Hayange (Moselle) pour refabriquer des rails décarbonés.
Philippe Gaillard note que ce type de rails est de la même qualité que les autres non recyclés. Ils sont "posés à la fois sur des réseaux classiques et également sur des réseaux de ligne à grande vitesse".
Derrière ces nouveaux rails, on retrouve un projet de développement d'une économie circulaire chez SNCF Réseau. "On veut protéger la planète par nos besoins en matière, on est quand même dans l'économie d'énergie en refabriquant un nouveau rail, et puis on économise la matière première qu'on garde pour la planète", détaille-t-il. En effet, les rails décarbonés permettent de diminuer la pollution de 220 000 tonnes équivalent CO2.
Jusqu'en "2030-2032", SNCF Réseau a des programmes de régénération de rails, "et je pense que ça va continuer dans le futur vu la modernisation et l'industrialisation des marchés de la régénération", conclut-il.
Avec Elsa Teiton / FTV