Le groupe scolaire a tenu une conférence de presse, ce vendredi 6 décembre, pour se défendre des "manquements graves" repérés lors de contrôles de l'inspection académique. Ses responsables parlent de simples erreurs et s'estiment victimes d'un climat de défiance des autorités vis-à-vis de la communauté musulmane de France.
Situé à Décines-Charpieu près de Lyon, c'est l'un des derniers établissements musulmans sous contrat en France. Ses responsables estiment que sa survie est en jeu : Aldelakim Chergui, avocat et co-fondateur d'Al Kindi, parle de "péril imminent".
En préambule, il tient à rappeler que le lycée, sous contrat depuis 17 ans, a été classé 3ᵉ meilleur de France par L'Étudiant, en 2022, et souligne qu'avec 53 % d'élèves boursiers, c'est un important levier d'ascension sociale. Concernant les reproches faits au groupe scolaire par les autorités, il parle de "peccadilles" et ou de "mensonges" visant à les accuser du pire : un radicalisme séparatiste, qu'il conteste absolument.
Des violations de la loi anti-séparatisme ?
Dans le détail, les inspections relèvent notamment la présence au centre de documentation et d’information (CDI) d'ouvrages qui feraient l'apologie du djihad, prôneraient des violences homophobes et une vision rétrograde des femmes. Sefen Ghez Ghez, avocat de l'établissement, objecte que ce même CDI a été contrôlé 11 fois, et parfois par les mêmes inspecteurs, sans qu'il y ait la moindre remarque.
Est également pointé du doigt le règlement intérieur de l'établissement qui interdit certaines tenues aux filles uniquement, instaurant ainsi des pratiques discriminatoires. Enfin, un professeur de "culture de l’islam" serait actif sur une chaîne YouTube où il prend la défense d'imams interdits en France. La direction du lycée annonce avoir procédé à sa mise à pied conservatoire.
Le rapport épingle par ailleurs une porosité dans l'utilisation des financements publics, entre les 80% d'activités éducatives qui sont placées sous convention avec l'État et les 20% qui n'en relèvent pas. Là encore, les responsables d'Al Kindi estiment faire l'objet d'une chasse aux sorcières.
Une manifestation de soutien
Les parents d'élèves de l'établissement sont à l'origine d'un mouvement de soutien relayé par d'anciens élèves : un rassemblement est prévu samedi 7 décembre pour demander le maintien du contrat.
Très important, le groupe scolaire Al kindi (dont j’ai été élève) risque de perdre son contrat avec l’état. Il est très important de soutenir l’établissement un maximum pic.twitter.com/Yi7wkM4Cut
— Rayan 🍀🍉 (@Syrianprince695) December 4, 2024
De leur côté, les députés LFI du Rhône Idir Boumerdit et Abdelkader Lahmar ont cosigné un communiqué dénonçant "le traitement infligé au groupe scolaire (...) dans un contexte de ciblage systématique des institutions musulmanes et dans une atmosphère médiatico-politique islamophobe".
L'engagement de deux députés LFI
Les parlementaires soulignent que l'établissement est "reconnu dans le Rhône pour son sérieux et ses résultats pédagogiques exemplaires" et estiment que "dans le même temps, d’autres établissements privés sous contrat d’autres confessions échappent à ces contrôles stricts et aux menaces de retrait de contrat d’association".
Nous réaffirmons notre soutien au Groupe Scolaire #AlKindi de #Décines dans le #Rhône, établissement musulman sous contrat, aujourd’hui menacé de perdre ce statut, alors que l'établissement se classe parmi les meilleurs du Rhône.
— Abdelkader Lahmar (@AK_Lahmar) December 6, 2024
Notre communiqué ⬇️ pic.twitter.com/Dnd3llyfHC
Nous réaffirmons notre soutien au Groupe Scolaire #AlKindi de #Décines dans le #Rhône, établissement musulman sous contrat, aujourd’hui menacé de perdre ce statut, alors que l'établissement se classe parmi les meilleurs du Rhône.
— Idir Boumertit (@boumertitidir) December 6, 2024
Dans un contexte marqué par un climat… pic.twitter.com/dEGR99Qw5t
Le 12 décembre prochain, une commission se réunira en Préfecture pour entendre les dirigeants d'Al Kindi.