Les étudiants en dernière année de formation font la grève des stages en officine tandis que les doyens soutiennent le mouvement en décalant les contrôles. Ce mardi 21 novembre était une journée de contestation avec une demi-douzaine de manifestations en France.
Rien ne va plus entre les étudiants en pharmacie et le gouvernement. En cause : la réforme en cours qui touche les étudiants en dernière année de formation des filières “officine” et “industrie”. Pour l'association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), l’État ne prend pas suffisamment en considération les demandes des étudiants en 6e et dernière année avant l’obtention de leur diplôme, tant sur le plan de la formation que sur la rémunération.
Il faut retourner en 2016 pour comprendre le malaise grandissant de ces étudiants peu habitués à déclencher un mouvement de grève pour se faire entendre. En octobre 2016, les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur et de la recherche de l’époque, prônent une évolution du troisième cycle des études de pharmacie. Il s’agit pour le gouvernement "d’uniformiser les cursus, adapter les programmes pédagogiques aux nouveaux besoins de la profession en approfondissant certaines compétences”. Enseignants et étudiants sont invités à plancher sur des “maquettes” combinant des propositions qui intègrent progressivement le gérant d’officine dans le cursus de soins médical. Mais rien n’avance vraiment.
Un décret dans la seringue
Et d’un coup, tout s’emballe au plein cœur de l’été dernier. Le décret du 8 août 2023 relatif aux compétences vaccinales des infirmiers et des pharmaciens d’officine paraît au journal officiel. Il stipule que ces derniers vont désormais prendre en charge les tests Trod (Tests rapides d’orientation et de diagnostic) et les prescriptions d’antibiotiques pour les angines blanches et les angines d’origine bactérienne, disposition inscrite dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Idem pour les cystites. “C’est très nouveau pour nous, confirme Nicolas Savic, étudiant lyonnais et porte-parole de l’ANEPF. Et ça nous demande une certaine expérience en officine, notamment le contact avec le patient. Or, dans notre cursus, ce n’est qu’en sixième et dernière année que nous avons des stages en pharmacie, trois mois en tout et pour tout. Ce n’est pas suffisant.”
Les étudiants réclament un doublement de ce temps de formation sur le terrain, auprès de leurs maîtres de stage, pour mieux cerner ce futur volet de leurs missions. En parallèle, ils appellent au doublement de leur prime de stage (qui passerait de 550 euros par mois à 1250 euros) pour faire face à l’inflation et à la précarité. Une demande assortie d’une meilleure indemnisation des frais de transport pour se rendre sur les lieux de stage lorsque ceux-ci sont distants de plus de 15 km de leur faculté de rattachement. Et des frais d’hébergement si le lieu du stage est situé en zone sous-dotée, généralement en zone rurale.
#R3CMobilisonsNous | Jour J 💥 ✊
— Marine Bichet (@Marine_ANEPF) November 21, 2023
En ce moment, les étudiants sont réunis, par un élan fédérateur et + motivés que jamais, pour la #R3C #pharmacie
Élus locaux, professionnels et corps enseignant sont à nos côtés pour défendre notre #formation 🇫🇷
🗣️ @aur_rousseau @sretailleau https://t.co/bpoHySsm86 pic.twitter.com/LuRZQi9Oza
Pharmacien avec des attributions de médecin
Mieux cerner les patients, mieux appréhender le travail au quotidien des titulaires d’officines avec leurs patients : avec cinq ans et demi de formation théorique sur les médicaments et tout ce qui les caractérise, les étudiants se sentent dépourvus d’expérience dans le rapport aux malades. “On ne demande pas à devenir médecin de ville, mais on veut être plus à même de remplir notre rôle clinique avec des patients qui se rendent en officine. Car cela fait maintenant partie de nos missions de premier recours”, explique Lysa Da Silva, la présidente du syndicat étudiant.
Dernier point au centre des attentes des étudiants pharmaciens, la création du statut de maître de stage universitaire (MSU) pour les maîtres de stage qui ne sont autres que les gérants d'officines, habitués à recevoir des étudiants en stage.